Et si les économies d’énergie devenaient répréhensibles?
Depuis le Grenelle, la sobriété énergétique est inscrite dans la loi. Mais inciter à économiser peut devenir un acte condamnable. Donc taxable. C’est l’avis de la Commission de régulation de l’énergie (CRE). «Les effaceurs», qui comme Voltalis, fondée en 2007, proposent des boîtiers «intelligents», vont devoir /-«dédommager» les fournisseurs «pour l’énergie injectée mais non consommée par leurs clients». «Consternant», dit le patron de Voltalis, Pierre Bivas.
Êtes-vous prêts à compenser le manque à gagner d’EDF?
Cela nous paraît absurde. La France entière, ménages et entreprises, fait des économies dans tous les domaines, énergie comprise. Pour une fois qu’un système sert l’intérêt général et permet de faire faire des économies d’énergie, sans que cela ne coûte un centime, nous ne comprenons pas pourquoi il faudrait dédommager EDF.
Taxer les économies d’énergie, c’est anti Grenelle de l’environnement?
Bien sûr! Cette histoire est consternante et va totalement à l’encontre des nouvelles orientations. Dans sa délibération, la CRE prévoit que la loi de 2010 impose le principe d’une compensation versée aux fournisseurs. Elle se donne quelques mois supplémentaires pour en définir le montant, mais dans le principe, cela témoigne du fait que la CRE, autorité en principe indépendante, a adopté le point de vue des fournisseurs et non celui des consommateurs. C’est pourquoi nous avons alerté le président de la République ainsi que les ministres Jean-Louis Borloo et Christine Lagarde.
Que vous ont-ils répondu?
Rien, pour l’instant.
Mais quel est le but de votre société?
Dégager de la puissance sur le réseau électrique en réalisant des économies d’énergie. Vous savez qu’en France, il existe de fortes pointes de consommation électrique en hiver, à cause du chauffage, et en été, à cause de la climatisation qui s’est largement répandue. Notre objectif est d’éviter ces pics de consommation, parce que pour y pallier, EDF investit dans des centrales aux énergies fossiles, chères et polluantes. Finalement, nous souhaiterions éviter des investissements inutiles à EDF! Cela permettrait d’éviter la hausse des tarifs de 20% que réclame Pierre Gadonneix, le patron d’EDF. Les Français comprennent que les économies d’énergie sont plus simples et moins chères que l’augmentation des capacités de production. Mais ce n’est visiblement pas le point de vue d’EDF…
Comment fonctionne votre boîtier?
Nous le plaçons en aval du compteur d’EDF, à domicile. Nous installons un module sur le tableau électrique et un autre ailleurs dans le logement. Au moment des pics de consommation, le module commande à différents appareils électriques –radiateurs, ballons d’eau chaude ou climatiseurs– de « s’effacer» du réseau. Lorsqu’un des radiateurs cesse de fonctionner durant quinze minutes, cela ne change rien au confort. Si un radiateur cesse de fonctionner dans 10000 foyers, l’un quinze minutes, l’autre une demi-heure, etc., cela allège les consommations électriques de 10 mégawatts en une heure. Et si les millions de foyers français étaient équipés, nous pourrions économiser des milliers de mégawatts. Soit jusqu’à 5 à 10% pour chaque adhérent, qui voit ainsi sa facture baisser.
Où peut-on se procurer votre boîtier?
Il suffit d’adhérer sur notre site internet. Nous nous déplaçons pour installer gracieusement le boîtier. Bien sûr, pour que cela soit plus efficace, nous cherchons des partenaires du type offices HLM, collectivités ou entreprises, pour en installer le plus grand nombre au même endroit.
Si vous installez gracieusement le boîtier, comment vous payez-vous?
Nous sommes rémunérés par le gestionnaire du Réseau de transport d’électricité (RTE), qui s’assure du bon équilibre entre l’offre et la demande. Face à une demande supplémentaire, RTE a deux possibilités. Soit elle recourt aux producteurs d’énergie qui vont fournir le surplus demandé. Soit elle recourt aux acteurs «d’effacement diffus» qui vont jouer sur la demande pour la faire diminuer. Pour RTE, moins de consommation électrique, c’est aussi bien qu’un surplus de production. Mais EDF considère que ce n’est pas la même chose pour elle. Et que cet effacement constitue un manque à gagner
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