« Mégabassines » : autopsie d’une « mégadésinformation »
Alors que 7 000 à 10 000 militants « anti-bassines » s’apprêtent à manifester une nouvelle fois, à partir de ce vendredi et jusqu’à dimanche, dans les Deux-Sèvres, sur deux sites – Sainte-Soline et Mauzé-sur-le-Mignon – devenus emblématiques de la lutte contre ces vastes réservoirs destinés à stocker, pendant l’hiver, de l’eau à usage agricole, leurs voisins du sud de la Vendée rasent les murs. Dans leur département, assis sur le même Marais poitevin et limitrophe des Deux-Sèvres, vingt-cinq « mégabassines » ont été construites entre 2007 et 2019… sans que cela soulève de protestations, et avec des résultats unanimement salués : « L’effet positif sur les nappes phréatiques est indéniable », confie au Point Yves Le Quellec, président du bureau local de France nature environnement (FNE), qui a suivi les ouvrages depuis le premier jour. « J’étais moi-même réticent, au début… Avec le recul, je dois reconnaître que je me suis trompé », dit-il.
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Les « mégabassines » feraient donc planer la mort ? « Ce qui est sidérant, c’est la rapidité avec laquelle tout débat rationnel sur les retenues d’eau est devenu impossible », hallucine un hydrologue ayant travaillé sur plusieurs projets locaux, insistant pour que son anonymat soit préservé. « Je ne suis qu’un simple hydrogéologue de terrain… je ne veux pas de problèmes. » Comme lui, les agriculteurs – dont certains ont porté plainte, mi-mars, pour « harcèlement moral » – racontent des mois d’insultes, d’intimidations, de pression médiatique les désignant aux yeux du grand public comme des quasi-criminels. « Aucun de nous n’a le profil de l’agrobusiness », racontent à La Nouvelle République Ludovic Vassaux et Guillaume Raynaud, qui élèvent des vaches maraîchines en agriculture bio. Et pourtant saccagés, comme les autres. Les hydrologues spécialistes de la région, redoutant les attaques, se murent dans le silence – laissant le champ libre à une poignée de militants, qui squattent les plateaux de télévision. « Le discours des radicaux est devenu dominant, car il a un point commun avec les mouvements écolonaturalistes et anticapitalistes modérés : la décroissance », décrypte Olivier Vial. « Ce mouvement est aussi porté par une galaxie d’universitaires engagés depuis longtemps dans un courant de déconstruction et de remise en cause des valeurs occidentales », qui le portent depuis des années.
« Beaucoup d’hydrologues interrogés dans les médias reconnaissent, dans leurs écrits, l’intérêt des retenues de substitution, mais redoutent, en public, que leur construction retarde la réflexion vers la transition et la sobriété. Ils rencontrent un mouvement antiprogrès technologique et anti-innovation très présent dans l’opinion », résume-t-il.
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Que dit la science ?
Sur le plan technique, pourtant, les arguments avancés manquent de précision. Les bassines artificialiseraient les sols ? Dans les Deux-Sèvres, elles ne représenteront que 0,74 % de la superficie des terres concernées par l’irrigation, a calculé Stéphane V., enseignant agrégé en sciences de la vie et de la terre, et auteur du blog Terre à Terre. Jusqu’à « 30 % de l’eau » des bassines pourraient être évaporée ? « C’est largement surévalué », estime un hydrologue au Bureau de recherche géologique et minières (BRGM), qui évalue plutôt l’évaporation « entre 3 % et 6 % », se basant sur des réservoirs en exploitation à l’étranger. (…) Ce débat tourne à la farce, on malmène et on instrumentalise la science », s’étrangle un hydrologue local, redoutant – lui aussi ! -, s’il s’exprime publiquement, les représailles professionnelles.
On peut en débattre, ça sera toujours mieux que les émeutiers anargauchistes contre les bleus décérébrés par Macron.
Je vois que des mecs de FNE commencent à trouver ça bien... FNE habituellement n'est pas des plus ouvert à ça.
Quant au BRGM, il donne un avis sur l'évaporation qui paraît contenue.