Un groupe de hackers a piraté les serveurs d'un prestigieux laboratoire de recherche sur le climat. De nombreuses données ont été volées, dont des milliers d'emails échangés entre des spécialistes du monde entier entre 1996 et novembre 2009. Le tout a été mis en ligne sur un serveur russe. Le but est, semble-t-il, de discréditer le rapport du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) et de réclamer plus de transparence.
Les pirates ont bien préparé leur coup. Ni la date ni la cible n'ont été choisies au hasard. Le vol est intervenu à quelques jours de l'ouverture du sommet de Copenhague sur le changement climatique, alors que le laboratoire visé, l' unité de recherche sur le climat (CRU) de l'université britannique d'East Anglia , est l'un des principaux acteurs du rapport du GIEC. Les chercheurs dont les correspondances ont été dévoilées ont participé à la rédaction du rapport. L'université a confirmé que des informations avaient été dérobées, mais précise qu'elle ne sait pas si tout ce qui a été publié est authentique.
Au centre de la polémique, des échanges sortis de leur contexte alimentent les débats avec plus ou moins de mauvaise foi. Par exemple, une phrase écrite par un chercheur laisse supposer que des résultats ont été trafiqués à l'aide d'une "astuce" pour cacher une divergence de résultats sur un diagramme. La lecture de la conversation complète montre qu'il s'agissait simplement de décider d'une façon de présenter les travaux pour tenir compte d'un problème connu, lié à l'étude de la croissance de certains arbres. Les résultats utilisés par le GIEC dans son rapport sont ceux de la CRU de l'université d'East Anglia. Dans une interview accordée au point.fr , Valérie Masson-Delmotte, directrice de recherche au CEA (auquel le Laboratoire des sciences du climat et l'environnement est affilié) et coauteur du rapport du GIEC, explique que le laboratoire britannique "est un des deux grands connus pour leur expertise, avec celui de la Nasa". Les chercheurs américains sont, selon elle, arrivés à des résultats "extrêmement voisins", "à cinq centièmes de degrés près", les données météorologiques exploitées étant les mêmes.
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