par Ahmed » 20/10/17, 22:23
Je relis les posts précédents et notamment ceux de Did. Ceci m'inspire les réflexions suivantes...
Notre société est complexe et son analyse assez déroutante puisque des aspects apparemment contradictoires peuvent coexister...
Deux de ces tendances opposées s'observent et pourtant sont cohérentes d'un point de vue systémique (désolé si c'est trop conceptuel, mais comment se passer des concepts?).
D'un côté, la réparation par les usagers eux-mêmes (au travers, parfois, d'ateliers collaboratifs) et l'auto production alimentaire ou d'outils adaptés à une auto utilisation, de l'autre, des efforts colossaux pour introduire et même imposer (via l'aide de l'état => subventions et réglementations) de nouveaux produits destinés à rendre caduque des pans entiers des équipements existants. Ce dernier aspect fait partie de ce qui est vendu sous l'appellation "transition énergétique".
Cela traduit deux conséquences du même phénomène: la saturation du marché ne permet plus l'élargissement de la base de l'accumulation de valeur, l'obsolescence décidée des vieux équipements (mais souvent plutôt, l'addition de nouveaux équipements aux anciens) dans les centres historiques du capitalisme constitue une ultime tentative d'élargir le marché, seule possibilité de recouvrer durablement des possibilités de profits (du moins, c'est ce que beaucoup croient, notamment les keynésiens). La démarche vers une plus grande autonomie individuelle (même lorsqu'elle se pratique collectivement) résulte, en partie, de la conscience d'une rupture progressive d'avec la réciprocité mécanique liant emploi et moyens de subsistance, non seulement parce qu'elle est devenu plus aléatoire, mais également parce qu'il ne remplit pas les attentes qu'il avait suscitées.
Le dénominateur commun de ces deux phénomènes est l'éviction progressive du travail humain: les astuces des grands industriels ne sont plus suffisants pour séduire les acheteurs au niveau de ce qu'il serait nécessaire, de nouveaux biais passant par les pouvoirs publics sont réquisitionnés. Le pouvoir d'achat déclinant d'une classe moyenne menacée dans son existence même en est la cause, de même que ce constat éveille l'intérêt pour un investissement personnel dans la satisfaction directe de ses besoins.
Cette contradiction sera bien plus difficile et probablement impossible à surmonter, à l'inverse de ce qui a pu se passer antérieurement (où l'on a vu chaque crise être dépassée par une nouvelle phase d'expansion), car nous nous trouvons dans une configuration historiquement inédite. En effet, jadis, à chaque contraction de l'économie, une expansion concomitante du marché et de la quantité de travail humain mise en œuvre s'observait. Actuellement et du fait de la troisième révolution industrielle (celle de la micro informatique), la base fonctionnelle du capitalisme disparaît dans l'ignorance des analystes, trop occupés à se gargariser de "la crise", tandis que le simple fonctionnement "au jour le jour" ne peut plus se faire que par des artifices financiers toujours plus improbables.
Dans des posts très anciens, j'avais esquissé le canevas de l'évolution actuelle, notamment son tropisme vers l'autoritarisme, ce que nous constatons hélas aujourd'hui et qui n'est que la conséquence de l'austérité. Le consensus "démocratique" n'est possible que lorsque la fausse abondance est crédible pour tous (et cette période ne peut qu'être qu'une simple phase ne correspondant à rien de ce que traduit l'invention du concept du "progrès").
Attention! Ce que j'écris est une analyse, non un jugement de valeur; je me borne à constater et je ne cautionne évidemment en rien cette évolution...
PS: je vous renvoie à Roddier pour la grille de lecture thermodynamique, du moins pour ce qui est de l'aspect principiel, puisque je suis plus que dubitatif sur beaucoup de points de son interprétation précise de la période actuelle.
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