Ahmed a écrit :Si on n'achète rien de neuf, que voyez-vous comme activité de remplacement pour les millions d'acteurs du secteur de la production ?
Cette question, d'apparence banale*, est assez extraordinaire si on l'examine dans le temps long: en effet, sauf sous le capitalisme (qu'il soit privé ou d'état) elle aurait suscité l'étonnement du fait du peu de considération pour le travail et de l'évidence qu'il était opportun et facile de vivre sans ou avec le moins possible... Ce qui serait apparu comme une excellente nouvelle est perçu comme une catastrophe sous le capitalisme.
L'esclavage, qui fut une solution antique, n'est pas la cause de ce dédain, mais sa conséquence. La première révolution industrielle anglaise consista à transformer le travail du tissage hivernal et complémentaire des paysans en travail intensif et contrôlé (passage du domestic system au factory system, donc à éviter l'autolimitation habituel du travail au strict nécessaire...
Les machines ne se sont pas avérées être des esclaves substitutifs du fait du renversement des rôles...Ne risque-t-on pas également une stagnation des sociétés...
C'est une vision très IXX siècle, qui attribue une échelle de valeur entre les différentes cultures avec celle de l’anthropologue comme étalon!
* En plus, le mouvement même de l'innovation technique détruit inexorablement le travail, ce qui est une contradiction interne...
Amusant comment des questions pourtant très pratiques, en gros "qu'est-ce que les gens vont faire, comment vont-ils vivre, quelles seront leurs sollicitations intellectuelles", ont leurs réponses complètement noyées dans un discours scolaire historico-nébulo-économique. Il n'était pas question de catastrophe, "activité" n'avait pas spécialement un sens de "travail", mais tout cela est détourné et manié pour permettre à ce discours de plaquer des jugements moraux, sans apporter bien sûr la moindre réponse opérationnelle.
Si l'on peut penser que c'est bien le nihilisme qui est actuellement à l'oeuvre contre nos sociétés industrieuses, ce discours en est une belle illustration. On y apprend que s'il faudrait "ne rien acheter de neuf", en revanche on n'a aucune idée de société palliative. Il n'y a pas d'idée. On arrête pour certaines raisons sans en imaginer les conséquences, et "après moi le déluge".