GENEVE (Reuters) - Aux yeux des investisseurs, la raréfaction annoncée des ressources en eau devrait se traduire par une hausse vertigineuse de la valeur de ce bien stratégique qu'est "l'or bleu" et ainsi offrir des perspectives mirobolantes aux entreprises du secteur, à l'image de ce qui s'est passé dans le secteur de l'énergie.
A la différence des ressources comme le pétrole, l'or et le blé dont le prix est fixé sur le marché mondial, le tarif de l'eau est en général établi localement par la collectivité ou l'entreprise privée qui en assure la distribution.
"L'eau est différente du pétrole car elle n'est généralement pas transportée sur de longues distances", explique Wolfgang Grabs, directeur du département des ressources en eau à l'Organisation météorologique mondiale (OMM).
En l'absence d'un marché mondial de l'eau, des investisseurs ont déjà acheté des parts dans des entreprises spécialisées dans ce secteur, comme les américaines Waste Management, ITT et American States Water ou la française Suez.
Les investisseurs peuvent se baser sur différents indices de l'eau qui suivent les résultats des compagnies impliquées dans le secteur comme le Dow Jones US Water Index, l'International Securities Exchange ISE-B&S Water Index et le Palisades Water Index.
Selon Philippe Rohner, qui dirige un fonds d'investissement dédié au secteur de l'eau pour la banque suisse Pictet, l'eau a été dans une large mesure "ignorée" lors des dernières hausses vertigineuses du prix des matières premières, en dépit des prévisions alarmantes sur la raréfaction des ressources en eau.
INVESTISSEMENTS LOURDS
Selon Grabs, des investissements importants sont nécessaires pour améliorer la distribution de l'eau et son assainissement ainsi que pour promouvoir une meilleure rentabilité de l'eau dans son usage par les particuliers, dans l'industrie ou l'agriculture.
Sans des changements conséquents, les régions menacées par des pénuries - notamment certaines parties des Etats-Unis, l'Espagne, la Chine, l'Inde, le Pakistan, la Somalie, la Namibie - vont épuiser leurs réserves.
D'un point de vue financier, cela pourrait se traduire par un accroissement d'activité pour les entreprises qui assurent le transport, la distribution ou le stockage de l'eau de même que les compagnies spécialisées dans la construction de barrage, l'irrigation ou le dessalement.
Le prix de l'eau douce, qui est évalué par la banque Pictet à 0,2% de son volume équivalent en pétrole, pourrait être augmenté dans le but de réduire les gaspillages.
"Nous pourrions mettre sur pied un meilleur système de fixation des prix pour que les gens soient davantage conscients de la valeur de l'eau", explique Grabs.
"L'une des conséquences inéluctables de la rareté de l'eau c'est que sa valeur, en termes monétaires, va augmenter", a déclaré Achim Steiner, directeur général du Programme pour l'environnement des Nations unies.
Le système de tarification sud-africain pourrait servir de modèle: tout en garantissant un approvisionnement minimal pour les plus pauvres, il décourage une consommation intensive de l'eau.
D'autres transformations économiques pourraient découler de la raréfaction des ressources en eau.
Des pays pourraient arrêter certaines productions très gourmandes en eau, comme le coton, l'acier et le papier et faire le choix de les importer.
D'autres pays pourraient réduire voire arrêter des activités qui consomment une grande quantité d'eau comme l'agriculture ou les centrales nucléaires qui ont besoin d'eau pour refroidir les réacteurs.
Cette dernière phrase me ravit : d'un coté, on nous dit que plusieurs grands gloutons énergétiques comme les E.U. vont relancer leur programme nucléaire pour atténuer la hausse du pétrole, de l'autre, on nous dit que faute d'eau, on ne pourra pas refroidir ces centrales.
La seule voie possible : arrêter de tout gaspiller. Quand on arrêtera de laver nos HUMMER tous les jours, la planète ira mieux !!!