Janic, il y a bien René Girard dont le commentaire des évangiles éclaire une possible signification profonde dans son rapport à la violence...
La crucifixion comme ultime sacrifice dévié de son sens habituel (la communauté qui expulse la violence de son sein en la catalysant sur un bouc émissaire "responsable") pour se révéler ce qu'il est et à toujours été, une injustice falsificatrice qui doit inciter chacun à reconnaître enfin la violence qui l'habite et à s'en rendre maître.
Qu'en penses-tu?
Difficile de répondre en quelques mots sur un sujet aussi complexe que ce sens du sacrifice rituel.[*] A la lecture de l’ensemble de la bible, je n’ai pas perçu ce point comme fondamental (pour éviter les influences externes, j’évite les commentaires qui servent plus de justification à ses propres problèmes comme ceux de la société en général.)
Le judaïsme, par exemple (et je n’en suis ni le représentant, ni le défenseur) a du mal à avaler cette pilule du sacrifice comme présenté par le « christianisme » dans son ensemble, alors qu’il ne s’agit, en réalité, que d’un positionnement d’opposition au judaïsme de l’époque du début de ce qui sera appelé, à tort, le christianisme(et que l'on retrouve dans la littérature des pères de l'église).
Pour la violence, elle est inhérente au « cœur » humain en général et les « religions » ont pour vocation (théorique) de tempérer celle-ci par l’enseignement sur le sens, le rôle de la non violence et surtout de ses effets bénéfiques pour celui qui met en pratique ces enseignements et c’est ensuite, seulement, que l’on reconnait un arbre à ses fruits.
Ce qui revient effectivement à ce que tu dis plus haut.
Mais on voit des différences de forme comme de fond entre la philosophie bouddhiste, par exemple, qui prêche que l’individu possède en lui la faculté de maitriser cette pulsion de violence et le monothéisme judéo-islamo-chrétien qui voit ce changement comme résultat d’une intervention extérieure à l’individu (la grâce !) même si cette notion a subit bien des déformations, de déviations culturo-religieuses.
[*] ainsi le sacrifice abrahamique n'a quasiment pas d'écho dans l'AT,(même les sacrifices du temple qui n'est qu'une reprise adaptée à la circonstance des mœurs sanguinolents de l'époque) mais apparait comme important, fondamental dans le NT