C. Eisenstein: “Nous entrons dans l’ère où tout devient possible”
La crise financière est en train de dévoiler un long processus de re-exploration d’idées anciennes et de valeurs oubliées, explique Charles Eisenstein dans cette interview. Pour ce penseur, la réponse à la crise se trouve dans la magie du don et la narration d’une nouvelle histoire.
Charles Eisenstein est probablement l’un des auteurs les plus avancés dans la catégorie de la pensée intégrale avec sa spécialité : l’économie du don et la monnaie. Son dernier ouvrage, “L’Économie Sacrée“, est une bible de réflexion sur la valeur et l’argent dans la société actuelle et surtout celle de demain. Nous avons eu la chance de discuter avec Charles et de le faire parler sur sa vision de la nouvelle histoire que nous devons écrire.
Un article traduit de l’anglais par Marianne Souliez.
Cela fait cinq ans que la crise des subprimes a commencé et a fait s’effondrer le système financier… Et on dirait que rien n’a changé depuis ! Es-tu d’accord ?
Charles Eisenstein: Tu as raison. Et non seulement rien n’a changé mais les dynamiques de bases se sont même intensifiées. Une part de plus en plus grande de notre économie et de notre énergie sociale est vouée au service de la dette. Et cela veut dire que la concentration de richesses va augmenter, que la pression pour trouver un moyen de générer de la croissance économique va augmenter, et de plus en plus de gens seront laissés sur le carreau. Le système d’aide sociale va continuer à se dégrader parce que quand l’économie rétrécit, il faut bien encore trouver l’argent quelque part et l’un des moyens est de transférer les actifs existants et de les utiliser au service de la dette.
Vous pouvez ponctionner les fonds de retraites, les salaires des enseignants, privatiser des actifs… Il y a beaucoup de moyens de faire ce genre de chose mais il faut l’extraire des poches des gens, presque l’extraire de leur chair. Ils vont continuer à faire ça jusqu’à ce que les gens s’arrêtent et disent ‘Non’.
C’est une description très pessimiste de la situation, mais d’autres choses émergent à présent. Les nouvelles idées se répandent. Toi même fais partie des personnes qui militent pour le changement…
Charles: Oui, en fait je ne suis pas quelqu’un de pessimiste. Mais cela fait partie d’un processus naturel que lorsque quelque chose comme le capitalisme semble assez bien fonctionner, on essaye de faire que cela continue. Sauf que nous atteignons un point où cela devient intolérable. Puisque nous en sommes maintenant à ce point, c’est aussi le moment de la transition, le point à partir duquel on peut créer des alternatives complètement nouvelles. Certains personnes réfléchissent à ces alternatives depuis un bon moment, mais personne ne les prenait au sérieux car l’ancien régime n’avait pas atteint son point culminant.
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