Demain, tous chômeurs?

Economie actuelle et développement durable sont-ils compatibles? PIB, croissance (à tout prix), développement économique, inflation...Comment concillier l'économie actuelle avec l'environnement et le développement durable.
Ahmed
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par Ahmed » 22/05/14, 20:32

La destruction de l'emploi est consubstantielle au capitalisme, seulement, pendant longtemps, les emplois qui disparaissaient dans un secteur se reformaient dans une nouvelle sphère d'activité.

Aujourd'hui, sous l'effet conjoint des progrès de l'automatisation et du tarissement des possibilités de valorisation du capital, se produit une élimination massive et sans retour des emplois, ce qui en soit ne me chagrine aucunement, vu la teneur de ces emplois, sauf que sans ces gagnes-pain, la situation des chômeurs n'est guère enviable.
Raison de plus pour eux de se désintéresser des "solutions" institutionnelles (à l'inverse des naïfs 99%!).

Je ne crois pas qu'aucun gouvernement souhaite arrêter l'automatisation, sinon au niveau de discours de circonstance, persuadés qu'ils sont que ce "progrès" peut seul relancer la compétitivité et la croissance, leur alpha et oméga.
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sen-no-sen
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par sen-no-sen » 22/05/14, 21:37

Automatisation de la guerre...

L’armée américaine veut remplacer jusqu’à 25% de ses soldats par des robots


Suite à une volonté de domination du monde de modernisation et par manque de financement, l'armée américaine est en pleine crise existentielle. Désormais, elle souhaite obtenir "une force plus petite, plus meurtrière, déployable, et agile". Et elle va avoir besoin de robots pour le faire correctement.



Le Général Robert Cone a parlé avenir lors du Symposium de l’aviation de l’armée la semaine dernière. Face à des réductions budgétaires drastiques, l’armée est en train de songer à se séparer de pas moins de 3000, voire 4000 soldats. Cette mesure permettrait de combler le manque de robots et autres systèmes sans pilote, que l’armée teste depuis des années.

Ainsi ces 3000/4000 bons et loyaux soldats seraient remplacés par… 3000/4000 robots.

« Quand vous voyez le succès, franchement, que la marine a eu en termes de réduction du nombre de personnes à bord des navires, y a t-il des fonctions de notre brigade que nous ne pourrions pas automatiser ? De ce fait, cela réduirait le nombre de personnes impliquées, et compte tenu du fait qu’il s’agisse de notre principale dépense… «

Ce rétrécissement de l’armée n’est pas une hypothèse ou une idée nouvelle, soit. Les rapports indiquent que l’armée va diminuer sa taille actuelle de 540 000 soldats à seulement 420 000 dans les cinq prochaines années. Mais le remplacement de tous ces soldats par des drones ne sera pas une tâche facile.

Nous n’osons même pas aborder le fait que l’armée aura la terrible tâche de convaincre le public que tuer des gens avec des robots est quelque chose d’éthique (Notez que personne ne dit que de main d’homme, la nouvelle ne s’encaisse mieux…).

http://www.gizmodo.fr/2014/01/22/armee-americaine-soldats-robots.html

La France n'est pas en reste...
Le ministère de la Défense réfléchit à un futur robot à tout faire pour l'armée de terre. Ce système aura pour mission de préserver la vie de nombreux combattants engagés dans des milieux très hostiles. Et se substituera aux militaires pour les missions les plus dangereuses.
sur le même sujet

Robosoft invente le robot du futur pour personnes dépendantes
Bruno Bonnell (Robopolis) : "Le robot, c'est l'homme augmenté"
[ENQUÊTE] Le règne des robots à tout faire a commencé...



De la science fiction à la réalité, l'écart se resserre de plus en plus dans les armées. Et la guerre change de visage... ou plutôt l'homme cède peu à peu sa place aux robots. Après les drones, les avions sans pilote, le ministère de la Défense réfléchit aujourd'hui à un futur robot à tout faire pour l'armée de terre, un système dont la première mission sera de préserver la vie de nombreux combattants engagés dans des milieux très hostiles.

Car ce robot devra tout bonnement remplir, selon la DGA, les missions les plus dangereuses de surveillance, de reconnaissance et de renseignement. Et clairement, il se substituera aux combattants pour ces missions opérationnelles en les éloignant des zones les plus exposées.

http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/20130925trib000787017/defense-bientot-un-robot-pour-remplacer-les-militaires.html
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par Petrus » 23/05/14, 17:43

L'automatisation n'est pas un probleme en soi. Je ne vois pas ce qu'il y a de mal à automatiser un travail pénible, dangereux, ou répétitif. Par contre, le gros problème, c'est que les personnes remplacés par des robots sont juste exclues du système et on se sert de la peur de cette exclusion pour tirer encore plus de travail des employés restants.

Pour sortir de cette situation délirante, il faudrait remettre en cause le dogme du travail, mais ceux qui en ont le pouvoir n'y ont absolument pas intérêt. D'ailleurs, c'est le contraire qui se produit, le travail est glorifié, parfois jusqu’à l'absurde comme dans cette pub américaine : https://www.youtube.com/watch?v=qGJSI48gkFc
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par Flytox » 23/05/14, 19:10

Petrus a écrit :L'automatisation n'est pas un probleme en soi. Je ne vois pas ce qu'il y a de mal à automatiser un travail pénible, dangereux, ou répétitif. Par contre, le gros problème, c'est que les personnes remplacés par des robots sont juste exclues du système et on se sert de la peur de cette exclusion pour tirer encore plus de travail des employés restants.


"Petite nuances" :mrgreen: :

Ce qui est automatisé en tout premier, c'est ce qui est cher en main d’œuvre ou ce qui est trop vulnérable et cher pour le laisser aux impondérables et autres erreurs humaines.

Ce qui est dangereux pour les hommes n'est automatisé que si le risque d'accident du travail imputable à l'entreprise est grave et important pour le porte feuille de l'entreprise.

Ce qui est pénible ou répétitif, l'entreprise n'en à rien à foutre et n'est traité par l'automatisation ou autre que si cela devient un gros problème RH ou que les syndicats s'en mêlent.

Ce qui fait passer habituellement la "pilule" automatisation, c'est que c'est vendu comme une amélioration des conditions de travail. C'est souvent vrai mais dans un périmètre bien définis (le seul dont on vous parle) et surtout sans chercher les nombreuses implications autour...

Le plus souvent, au passage, on remplace l'expertise / savoir faire du personnel qui pilotait l'ancienne installation / système par un presse bouton le moins qualifié possible, qu'on va s'empresser de payer avec un lance pierre et remplacer au moindre mouvement d'humeur. (Le message subliminal, c'est qu'on a pas besoin de lui. Le premier con venu fera l'affaire.)

Oui, le presse bouton est assis sur une chaise toute la journée devant un écran.....c'est pas fatiguant ni sale...... Il parait que c'est un progrès de ne plus savoir ce qu'on fait, comment on le fait, quand on va être viré, parce que la direction a trouvé un sous-traitant encore moins cher etc...!!! :mrgreen:
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par Ahmed » 23/05/14, 19:11

Bien entendu , Petrus nous sommes tous d'accord là-dessus!
Tout comme il est évident que ces travaux pénibles, dangereux ou inintéressants ne sont pas supprimés pour ces raisons...
Pour sortir de cette situation délirante, il faudrait remettre en cause le dogme du travail, mais ceux qui en ont le pouvoir n'y ont absolument pas intérêt.

C'est très bien vu: de la droite à la gauche, notamment syndicale, règne une unanimité trop belle pour être honnête...
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par chatelot16 » 23/05/14, 19:28

bin oui les automatismes sont cher et fragile , et les pannes ne sont pas remboursé par la secu ...

donc on automatise ce qui est facile ... et on envoie des hommes user leur santé pour les travaux les plus dur ...

en france il y a quand même des reglement qui limitent les abus ... mais ailleur dans le monde on voit des horreur comme ceux qui vont chercher du soufre dans le cratère d'un volcan ... aucune mecanique ne marcherai ... les homme marchent pour gagner pas grand chose pendant pas beaucoup d'année avant d'en mourir ...
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par grelinette » 24/05/14, 12:27

Un nouveau critère qui ne va pas dans le sens d'améliorer le statut des travailleurs aux yeux des entreprises : l'âge limite à partir duquel le salarié devient, pour le secteur économique, un Sénior, est en phase de se fixer à moins de 45 ans !

Il me semble que cette appréciation induit une réflexion intéressante sur le lien qu'il peut y avoir entre l'âge des travailleurs et la performance économique, lien que certains semble vouloir avancer...

En d'autres termes, et c'est vrai qu'on entend de plus en plus souvent des entreprises donner fièrement l'argument que l'âge moyen de leurs salariés est très bas (- de 30 ans), une "entreprise juniore" est-elle plus performante qu'une "entreprise séniore" ?

http://www.salondesseniors.com/qui-sont ... on-senior-
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par Ahmed » 24/05/14, 14:38

Grelinette, deux aspects sont impliqués dans cette affaire.
Le premier est purement performatif, en ce sens que dans un contexte de diminution de l'utilité micro-économique du travail vivant, il semble logique que s'opère une sélection à l'intérieur d'une offre surabondante ; pourquoi dans ce cas privilégier l'énergie et les capacités de travail des jeunes plutôt que l'expérience et la capacité à élaborer des stratégies complexes ?

Il faut probablement en chercher la raison dans l'évolution du travail lui-même ; la majorité des emplois sont répétitifs, peu qualifiés et réclament plus d'énergie que d'imagination. En outre, l'indexatation du salaire sur l'ancienneté joue nettement en défaveur des seniors, d'autant que beaucoup d'activités nouvelles sont sans rapport direct avec les compétences antérieures.

Un autre aspect est que les plus jeunes sont plus facilement manipulables, puisque globalement dans une situation incertaine et sans le recul de leurs aînés.

Peut-être, (mais dans quelle mesure?) les considérations subjectives liées au culte du jeunisme entrent-elles en ligne de compte.

Chatelot, le prix des robots ne cessant de baisser, cela revient à réactualiser le ratio entre leur coût de fonctionnement et celui d'un nombre x de travailleurs assez pauvres pour vendre leur force de travail dans des conditions minimalistes.
J'explique : le coût d'une marchandise dépend du temps socialement nécessaire à sa production ; i.e. : s'il faut 1h à 2 opérateurs européens pour produire x quantité de marchandises, là où, dans le même temps, 12 opérateurs moins bien équipés sont requis, il s'ensuit que cette deuxième possibilité sera intéressante (pour la reproduction du capital) que si le salaire global de ces 12 personnes est inférieur à celui des 2 premières*.
Si une solution robotisée (qui est du travail vivant passé réifié) permet d'abaisser le coût de cette fabrication, soit par augmentation importante de la productivité ou/et un coût de fonctionnement plus faible, il arrivera un moment où la rémunération des 12 opérateurs précédants baissera tellement qu'elle se situera en dessous du seuil de reproduction de la force de travail** (pour le niveau de vie local).
C'est l'épée de Damoclès qui pend au-dessus de la tête de l'économie chinoise...

*La comparaison est simplifiée puisqu'elle ne prend pas en considération le coût des consommables (matières premières, usure des machines, consommation d'énergie, coût du capital, faux frais...), mais reste grosso modo valable .

**C'est la part du travail qui revient à l'opérateur et lui permet de subvenir à ses besoins.
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par janic » 24/05/14, 15:39

ahmed bonjour
Peut-être, (mais dans quelle mesure?) les considérations subjectives liées au culte du jeunisme entrent-elles en ligne de compte.

Pour les mêmes raisons que l'encadrement à rajeuni aussi. Le processus qui aboutissait à l'encadrement aussi, lequel se faisait par promotion interne et ancienneté (donc les "vieux" aux commandes)
La surdiplomisation, le droit à accéder directement à des postes de responsabilité et d'encadrement étant supposé être validé par des diplômes (malheureusement sans cette expérience, cette vision globale qui ne s'acquérait qu'au cours de la vie professionnelle), ont donc rajeuni les postes décisionnaires et donc un protectionnisme de classe, (d'âge en l’occurrence).
*La comparaison est simplifiée puisqu'elle ne prend pas en considération le coût des consommables (matières premières, usure des machines, consommation d'énergie, coût du capital, faux frais...), mais reste grosso modo valable .
C'est pourtant un des facteurs qui pèse et pèsera de plus en plus lourd dans la balance. les coûts de maintien d'un matériel vieillissant finissent par devenir excessifs, en plus la capacité de production d'un robot est limité mécaniquement et l'acquisition de nouvelles machines (de plus en plus venant de pays émergeant qui rattrape à grande vitesse nos propres coûts de fabrication) trop onéreuse. Chaque option a ses limites.
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par Ahmed » 24/05/14, 17:12

Ton dernier paragraphe est assez imprécis, Janic, le coût des matières premières n'entre guère en balance dans ma comparaison puisqu'il est assez semblable dans les deux options.
Le coût de maintenance de l'outillage correspond au pourcentage de valeur incorporé dans la marchandise: à partir d'un certain moment il croît trop et il devient effectivement plus intéressant de procéder à son remplacement.
Il est vrai que le coût d'achat des nouvelles machines, malgré leur baisse substantielle, est d'un accès difficile au regard de la rentabilité décroissante du capital: le recours au capital fictif résout provisoirement cette question.
Les nouveaux robots offrent de nouvelles fonctions et possibilités tout en étant plus simples et robustes; ils deviennent une option de plus en plus rentables, sauf que l'intérêt qu'ils présentent d'un point de vue micro-économique est en contradiction radicale avec la macro-économie.
En clair, cela signifie que ce qui est bon pour l'entreprise particulière est mauvais pour l'ensemble de l'économie, puisque cela augmente les profits de la première tout en diminuant la création de valeur générale: à court terme cela constitue une impasse absolue.
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