Petrus, l'analyse de
David Caine utilise divers matériaux intéressants, mais passe à côté de l'essentiel, faute de recourir à des concepts adéquats.
Par exemple, cette confusion entre la quantité de marchandises et la valeur:
As technologies and methods advanced, workers in all industries became able to produce much more value in a shorter amount of time.
Il y a, effectivement une plus grande valeur produite si on la rapporte à l'énorme différentiel de production; en fait, il faudrait distinguer soigneusement entre la grandeur de biens sensibles produits et l'accroissement global de valeur...
C'est peut-être ce qui l'amène à conclure à une sorte de conspiration visant à priver indûment les employés de temps libre pour les contraindre à une consommation compulsive; son raisonnement est faux, mais son observation est très juste, surtout lorsque poursuivant son propos, il note que c'est l'insatisfaction qui est le moteur de l'achat.
Malencontreusement, il n'en tire pas la conclusion que le but de l'économie va à l'encontre des besoins des hommes, contrairement à la version "officielle".
Sen-no-sen, il existe bien une tendance profonde vers la disparition de l'emploi, cependant cet "idéal" est fondamentalement en opposition avec le fonctionnement de l'ensemble du système.
Chaque secteur d'activité s'y efforce cependant assidument, car l'intérêt individuel est en contradiction avec l'intérêt collectif: en clair, ce qui constitue un gain provisoire pour l'entreprise se révèle une perte durable à l'échelle de l'ensemble.
C'est pourquoi je pense qu'une société robotisée est un non-sens total. Conçue pour résoudre les contradictions qui conduisent à la stagnation de la production de valeur, elle tendrait à accentuer ces contradictions et à supprimer toute possibilité d'accroissement du capital.
Simple fuite en avant qui tend à amplifier des recettes qui n'ont jamais été bien comprises dans la totalité de leurs conséquences et qui, loin de sauver le système, précipitera sa chute.
A partir de la semaine prochaine sera publiée une traduction française de l'ouvrage récent de
Erst Lohoff et
Norbert Trenkle, intitulé "La grande dévalorisation" et sous-titré "Pourquoi la spéculation et la dette de l'état ne sont pas les causes de la crise".
Cette synthèse dense et d'une lecture abordable dresse un panorama de l'économie mondiale du début du 20 siècle jusqu'à nos jours à la lumière des concepts de la Critique de la Valeur (d'origine germanique, cette école de pensée reste peu connue en France et peu de textes sont accessibles en Français, raison pour laquelle je le mentionne ici).
Malgré ces 352 pages, je regrette cependant que les auteurs ne traitent pas de la contraction de la classe moyenne et passent sous silence l'importance du secteur marchand; il est vrai que l'angle choisi est celui de l'économie et non celui de la sociologie, mais il y a un manque de ce côté.