Dette publique: faillite de la Grèce...à qui le tour?

[Ahmed]

Christophe a écris:

Un livre, sorti en 2008 et accessible pour le grand public, parle de ce sujet

D'après ce que dit le résumé, il s'agit d'une approche superficielle, dénonçant les abus (réels), sans analyse des causes structurelles, plus importantes à comprendre que de simples épiphénomènes*, aussi irritants soient-ils.
En particulier, si la main-mise des banques privées sur le crédit aux états a véritablement changé les conditions de fonctionnement de l'endettement publique, il serait bon de s'interroger, à la fois sur les raisons qui ont joué en ce sens et aussi (et c'est tout aussi intéressant) sur notre vision schizophrénique qui veut à toute force distinguer une économie réelle supposée vertueuse, d'une économie financière qui en serait l'exact opposé.

Je vais essayer de regarder le documentaire d'Arte; bon, j'avoue que j'appréhende un peu...

*Bien entendu, les conséquences influes, à leur tour sur les causes, mais de façon secondaire; les choses ne sont pas si simples!

[sen-no-sen]

Régression sociale pour les uns, farce pour les autres, la suggestion de la Commission européenne de faire travailler les Grecs six jours par semaine choque à Athènes.

"A l'annonce de cette nouvelle, nous avons été pétrifiés ! On a eu le sentiment qu'on nous proposait d'entrer dans une galère", commente Rena Dourou, députée au Parlement grec, responsable des questions européennes pour Syrisa, la coalition de gauche radicale.

"C'est une entame au droit des travailleurs européen. On veut transformer la Grèce en pays africain. On accepte de maintenir le pays dans la zone euro, mais on ne lui donne pas les mêmes droits que les autres, on veut nous faire régresser, nous appauvrir", ajoute-t-elle.

La proposition visant à soumettre les Grecs à un rythme de travail bien plus intensif est aussi perçue comme une humiliation pour nombre de citoyens, car elle relaie l'idée assez répandue ailleurs en Europe que les Grecs seraient fainéants.

La réalité est moins caricaturale. La suggestion de Bruxelles n'est pas d'imposer un rythme de travail hebdomadaire de six jours à tous les Grecs mais de relever le seuil maximal légal de jours ouvrés par semaine. L'enjeu : réduire le coût du travail en limitant les heures dites supplémentaires surpayées, rendre le marché du travail plus flexible et l'économie plus compétitive.

http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/09/06/la-troika-veut-faire-travailler-les-grecs-jusqu-a-six-jours-par-semaine_1756571_3234.html#xtor=AL-32280308

Il faut travailler plus, plus longtemps,pour peanuts...

[Christophe]

N'oubliez pas l'émission sur ARTE demain soir ! Faites chauffer le magnéto...

+1 et redispo ici quelques jours: https://www.econologie.com/forums/goldman-sa ... 12001.html vrais responsables des dernières crises !

[Remundo]

Une info très importante... La BCE rachète sans limite toutes les dettes de la zone €uro.

http://www.google.com/hostednews/afp/ar ... 3202cf.471

Source AFP


ça veut dire que la "planche à billets", dans sa version modernisée, "l'ordinateurs à roros" va beaucoup fonctionner.

Le pouvoir d'achat des liquidités va baisser fortement.

Dans le même temps, la BCE accorde le rachat sous conditions de strictes règles budgétaires à respecter pour les Etats.

Donc à la fois de la dévaluation ET de l'austérité.

Assez inédit, plutôt inquiétant.

@+

[renaud67]

C'est Olivier (Delamarche) qui va être content

[Obamot]

J'ai vu ça...

C'est un point essentiel Remundo.

Même si techniquement c'est différent. C'était l'autre alternative aux Eurobonds, que Merkel ne voulait surtout pas... Et je pense que cette solution est quand même meilleure, car elle a le mérite d'être provisoire. Les obligations d'état, tu sais lorsque tu y rentres, mais tu ne sais pas quand et comment tu en ressors, ni avec quel bilan...

Ça lui permet de ne pas perdre la face à la mangeuse de bratwurst und kartoffel, et de ne pas ouvrir les vannes de l'endettement à tout va... Parce que si les vannes s'ouvrent, ce sera désormais sous conditions.

Fini la dette qu'on efface d'un seul trait de plume comme avec la Grèce...

Mais ça ne résoudra pas le problème des produits agricoles achetés à vil prix au Sud, précisément la cause de l'endettement démesuré de ces pays, que l'on culpabilise par ailleurs... Normal qu'ils se révoltent!

Car leur problème avec le Nord, c'est bien le déficit de leur balance commerciale... Ils ne fabriquent guère des machines outils à forte valeur ajoutée eux....

[Ahmed]

Car leur problème avec le Nord, c'est bien le déficit de leur balance commerciale... Ils ne fabriquent guère des machines outils à forte valeur ajoutée, eux....

C'est ce que l'on appelle, en jargon économique, "l'inégalité des termes de l'échange".
Les prêts consentis par le FMI imposent de développer les cultures et matières premières d'exportation et de renoncer à tout ce qui est fabrication un peu élaborée (à l'exception, originellement, du Japon et de la Corée du sud, pour des raisons stratégiques).

[Remundo]

La position Allemande est en fait intéressante à analyser.

L'Allemagne perd clairement puisque la dévaluation de l'euro déprécie ses actifs et discrédite sa gestion saine des affaire du pays.

Mais d'un autre côté, l'Allemagne a imposé des conditions de rachat, ces conditions étant grosso modo une austérité budgétaire pour les pays surendettés.

En fait, on a eu le pire des 2 côtés: la zone euro Sud conduit à la dévaluation, tandis que la zone euro Nord impose l'austérité...

Habituellement, on fait l'un (dévaluation avec relance de l'économie par le crédit facile) ou l'autre (on serre les boulons, on assainit la maison, et on repart d'un bon pied), là on fait les deux. Je trouve ça incohérent et doute fortement de la viabilité d'une telle approche.

Mais je ne suis pas économiste... faudrait demander leur avis.

[Obamot]

Jolis exposés!

Je ne suis pas plus économiste non plus, mais mon petit doigt me dit que :
— soit la solution des Eurobonds (défavorable à biens des égards)
— soit l'autre, celle du rachat sans limite de toutes les dettes de la zone €uro par la BCE.

Ont exactement le même but, empêcher la surenchère spéculative sur la dette des pays européens (à la baisse ou à la hausse), grâce à la menace d'injection massive de liquidités permettant tout renflouement, et qui ferait perdre la mise aux spéculateurs!

Car comme cela est très bien expliqué dans le film passé sur Arte, les vautours ont attirés d'autres vautours. Et le but est de faire cesser ce bal des vampires.

Puisqu'en interne (intra zone euro) la donne ne changera pas.

Mais c'est juste une supposition...

[Ahmed]

Remundo, tu écris:

L'Allemagne perd clairement puisque la dévaluation de l'euro déprécie ses actifs et discrédite sa gestion saine des affaire du pays.

Il s'agit plus d'une dépréciation de l'euro que d'une dévaluation, mais c'est un point de détail...
Ses actifs sont peut-être affectés, mais ses capacités exportatrices se trouvent stimulées, ce qui important pour un pays industriel.
Quant à la "gestion saine" des affaire du pays, il faudrait voir ce que l'on entend par là!

Plus loin:

Mais je ne suis pas économiste... faudrait demander leur avis.

Comme il y a autant d'avis que d'économistes, mieux vaut s'abstenir de rien demander!