Dette publique: faillite de la Grèce...à qui le tour?

[Ahmed]

c'est d'ailleurs un drôle de raisonnement que de se fonder sur la croissance passée pour prévoir la croissance future dans un système minier...

Certainement! Le raisonnement est absurde physiquement, mais il est le reflet d'un mode de fonctionnement économique et sociétal (capitalisme), une sorte de métaphysique qui s'abstrait du réel, et qui implique la nécessité structurelle de la croissance.

... l'économie mondiale est structurellement une activité minière

L'économie mondiale est fondée sur l'extractivisme; c'est presque la même chose que ce que tu énonces, à ceci près que ce concept est encore plus large que les ressources physiques, puisqu'il englobe ce que l'on appelle, et ce n'est pas un hasard, les "ressources humaines".

C'est ce dernier aspect qui est mis en œuvre en Grèce...

Jadis, ce genre d'extractivisme (physique et humain confondus) se pratiquait essentiellement à la "périphérie" (colonialisme puis néo-colonialisme), c'était une agression dirigée vers l'extérieur, aujourd'hui la notion de centre et de périphérie étant de plus en plus obsolète, "le centre est partout et la périphérie nulle part"*: le système, tel une maladie auto-immune, se retourne contre les populations du centre, anciennes bénéficiaires des spoliations antérieures.

Pascal, in "Les pensées".

[lejustemilieu]

Un dirigeant de Goldman Sachs dénonce le climat "toxique" de la banque
Greg Smith, qui dit démissionner mercredi de son poste de directeur exécutif et responsable des produits dérivés américains en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient, affirme que "les intérêts des clients continuent à passer au second plan dans la façon dont la banque fonctionne et pense à gagner de l'argent".

http://www.rtbf.be/info/economie/detail ... id=7730066

[Christophe]

Climat toxique? De la part d'un taré de chez goldman sachs, eux qui ont "foutu en l'air" le monde économique actuel ???

Trop bon, c'est vraiment le comble de l'hypocrisie !! Comment on dit? L'hôpital qui se fout de la charité?

Voici un financier qui parle bien avec franchise et sans langue de bois: Olivier Delamarche (peut être un peu trop franc d'ailleurs...)

[Ahmed]

Christophe, ce n'est guère aimable de qualifier un financier "repenti" de

taré

en quittant son poste et en exposant ses réticences morales, il se déjuge de l'institution.
Tu écris également:

Goldman Sachs qui ont "foutu en l'air" le monde économique actuel ???

Le capitalisme est fondé sur la croissance, comme tu le sais, or, qu'est-ce que la croissance sinon l'accumulation du capital?
Dès lors, pourquoi s'étonner des modifications incessantes des formes que prend nécessairement le capitalisme dans son besoin d'expansion indéfinie?
Je ne dis pas cela pour le défendre, bien entendu, mais parce qu'il me semble naïf d'attendre que le capitalisme se fige sous un aspect qui, à un moment donné, te convient*...

Quant à Delamarche, il se contente de débiter le crédo habituel**, seul le style tonique peut faire, effectivement illusion, mais qu'attendre de dévoués serviteurs appointés par le système: qu'ils crachent dans la soupe?


*Celui où les rapports de force faisait que la répartition des gains du travail étaient relativement moins inégalitaires qu'aujourd'hui (et tendaient, de fait, à aller dans un sens favorable au plus grand nombre, ce qui explique la déception et l'incompréhension actuelle), fusse au détriment des populations de la périphérie.

**Un bien bel édifice capitaliste seulement dévoyé par les "excès" de certains, qu'une saine "régulation" saura remettre dans le droit chemin (et la marmotte, elle emballe le chocolat...).

[dedeleco]

Quant à Delamarche, il se contente de débiter le crédo habituel

pas très vrai, car il dit que tous, pour avoir une forte croissance, on a vécu à crédit excessif, sans avoir de quoi payer plus tard, de sorte qu'une faillite quasi mondiale des pays dominants, USA, UE, japon, Chine même (immobilier en bulle), est inévitable tôt ou tard, pour réajuster cette fausse croissance avec un défaut de paiement, et récession forte, pour retomber à croissance réelle égale à celle qui aurait eu lieu sans ces faux crédits.

Ce n'est pas le seul principe du système capitaliste qui est en cause, mais sa dérégulation systématique, pour le faire tourner à fond la caisse, tout à faux crédits, comme un moteur poussé à fond tournant trop vite, croyant qu'il va tourner, et résister, jusqu'à ce qu'il casse !!

Son crédo, pas si habituel, conduit à un écroulement d'insolvabilité mondial bientôt, de retour à la réalité, aussi inévitable scientifiquement, que, les hommes ne peuvent pas être infaillibles à perpétuité, comme le demande le nucléaire, ce qui permet de prévoir que tôt ou tard, il est inévitable d'avoir d'autres Tcherno-Fukushima, ailleurs dans le monde, même en France.

[sen-no-sen]

(...) pour retomber à croissance réelle égale à celle qui aurait eu lieu sans ces faux crédits.

Sans ses faux crédits ...à l'impact bien réel, il n'y aurait plus eu de croissance tout simplement.
En France c'est a partir du milieux des années 70 que la dette est apparue, afin de garantir une croissance dopée,on en voit le terrible résultat!

Ce n'est pas le seul principe du système capitaliste qui est en cause, mais sa dérégulation systématique,

Le système totalitaire économique s'adapte en permanence-et donc se dérégule- en fonction des possibilités de bénéfices.
Réguler un système qui par nature est instable est un vœux pieux!

[Ahmed]

Dans le fonctionnement (complexe!) du système économique, il faut distinguer deux choses: la formation de la valeur et sa répartition.

Dans un système concurrentiel de production de marchandises, il faut constamment augmenter la productivité pour pouvoir réaliser la vente qui permet d'atteindre le but initial: augmenter le capital de départ.
Cela a quatre conséquences*: la diminution de la quantité de travail par unité de produit (à terme=chômage) ; l'augmentation de la part du capital (mécanisation/automation) ; la diminution du prix unitaire (pour concurrencer les produits rivaux) ; l'augmentation de la quantité de marchandise produite.

On voit, qu'inexorablement deux courbes funestes (pour la bonne marche de ce système) vont se développer : la baisse des profits et la baisse des emplois.

Pendant les "trente glorieuses", le passage de la main d’œuvre de l'agriculture à l'industrie, puis de l'industrie au tertiaire a pu faire croire que le système possédait une sorte de stabilité dans le changement (si l'on peux dire!); le développement de l'informatique a opéré depuis des coupes sombres dans les emplois que l'on croyait inépuisables dans cette catégorie floue**.

D'un côté nous avons donc des acheteurs au pouvoir d'achat en baisse, de l'autre des productions de moins en moins rentables et nécessitant des investissement toujours plus lourds.
Rien d'étonnant, dès lors, que l’irrésistible fuite en avant que constituent les délocalisations...
Le crédit généralisé est venu camoufler cette double réalité: loin d'être la cause de la crise, c'en est une conséquence.

Pour ce qui est de "l'allocation des ressources", comme disent les économistes, il dépend principalement des rapports de force entre les "agents économiques": ceux qui sont en mesure de peser sur les rémunérations ont une forte tendance à surestimer leur contribution à la richesse générale, les autres se contentent, bon gré mal gré, de ce qui reste...
Le développement des inégalités en est la conséquence directe et la crise de la dette une bonne méthode pour accentuer le prélèvement*** sur le plus grand nombre au profit d'une oligarchie (qui fait semblant de se disputer le pouvoir en une alternance fictive).

*Quatre pour ce qui nous occupe ici, la destruction de la nature et des rapports humains en est une autre

**Aujourd'hui le tertiaire se réfugie dans "le service à la personne", façon aimable de désigner la néo-domesticité.

***Car l'extractivisme a trouvé ailleurs ses limites.

[dedeleco]

Vous êtes quasi religieux !!
Regardez quand on a supprimé réellement les régulations efficaces mises à la suite des années 1930, en 1990 à 2004, aux USA !!

Il y a aurait eu de la croissance réelle techniquement, sans ces crédits dérégulés et fous .

[lejustemilieu]

Ahmed a écrit:

***Car l'extractivisme a trouvé ailleurs ses limites.

Bonjouuurr Ahmed!
A ton avis, combien de personnes ont compris cette phrase sur éconologie (c'est un exemple)
Mais bon, les mots ont été inventés pour les utiliser à juste titre...

[Remundo]

Boh...

Extractivisme suggère un modèle qui fonde tout sur l'extraction/prélèvement de ressources a priori non renouvelables.

Il faut avouer que Ahmed manipule bien les concepts.