par Ahmed » 02/06/12, 18:21
Le système des dettes, dans le cadre de l'économie marchande, a longtemps fort bien fonctionné.
Son caractère fictionnel heurte la sensibilité de beaucoup, alors qu'elle se justifie parfaitement en tant qu'anticipation de gains futurs, gains qui ne s'observeraient pas sans elle: toute la subtilité de l'opération tient dans sa capacité auto-réalistrice.
Cependant, le mécanisme est grippé* et il est difficile de démêler l'écheveau des causes possibles...
Une des cause pourrait être la discontinuité des phases économiques; en clair, une recette prospère pendant un moment puis devient caduque...mais ce n'est pas vraiment une explication satisfaisante.
Pour faire rapide, je pense qu'il faut impliquer le vaste mouvement de désindustrialisation de l’Europe + USA et l’accaparement de la rente qui en a résulté par le secteur tertiaire "haut de gamme".
Ce détricotage a progressivement, d'une part asséché les rentrées fiscales (les bénéfices préférant séjourner dans les paradis fiscaux) et d'autre part impacté les dépenses publiques en augmentant les dépenses sociales.
L'autre conséquence en est une modification des rapports de forces à l'intérieur de la société qui se traduit par une puissance accrue des détenteurs de capitaux au détriment de ceux qui vendent leur travail.
Le modèle keynésien fondé sur la demande s'effondre dès lors que son contrepied triomphe: baisse relative des salaires, restriction des crédits**
Cependant, la hausse continue de la productivité dévalue en permanence la rentabilité des activités productives tandis que, dans la même temps la masse salariale se contracte; ceci explique la fuite en avant dans des montages financiers de plus en plus complexes et toxiques, seul recours d'une rentabilité en panne***.
Les montants astronomiques des dettes ne pourront jamais, comme leurs devancières, se matérialiser sous quelque forme que ce soit: elles ont perdu leur capacité auto-réalisatrices et ne correspondent plus à rien...
Dédé, à juste titre, souligne que l'Allemagne qui se pare des vertus de l'orthodoxie et de la rigueur économique a contribué puissamment au désastre de l'économie grecque et en a amplement bénéficié . Si la raison du plus fort n'est pas nécessairement la meilleure, elle est assurément celle qui se fait le plus entendre et qui a le plus grand nombre d'avocats et de hérauts.
Les prédateurs sont bien menacés lorsqu'ils éliminent leurs proies...
*Il était évidemment condamné à terme puisqu'il supposait une consommation perpétuellement croissante. Deux phénomènes sont en jeu et entrent en conflit, d'une part les rendements productifs toujours croissants et les rendements décroissants de l'extraction.
Malthus n'avait perçu qu'un aspect des choses mais à force d'avoir tort, finira par avoir raison!
**Les détenteurs de capitaux ont horreur de l'inflation qui rogne leurs rentes, mais cela empêche les emprunteurs de rembourser facilement leurs dettes et casse le mécanisme.
***Le rôle de bouc émissaire que l'on fait jouer au "banksters" est absurde; le simple fait d'accuser "les banquiers" montre l'inanité du raisonnement, sinon il conviendrait de désigner nommément certains banquiers; cela revient en effet à dire que la fonction prévaut sur l'individu, ce qui est bien le cas, et donc qu'il n'y a pas réellement responsabilité, mais obligation systémique.
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