Juste mes 2 centimes d'euros pas objectifs du tout (forcément):
Ahmed a écrit :Au delà des opinions divergentes et opposées, s'exprime, à quelques nuances prêt, une quasi unanimité sur le postulat que le mérite (création artistique ou autre) doive nécessairement être récompensé par de l'argent.
Pas si unanimement (en tout cas ce n'est pas ce que j'aurais voulu en dire, si je m'étais exprimé à ce sujet)

D'ailleurs j'ai bien parlé d'un risque éventuellement mortel (ce n'est donc pas de l'argent... Ou alors, c'est la bourse ou la vie). Mais le débat est néamoins fort intéressant!
Ahmed a écrit :1- je ne vois pas cette nécessité, ou plutôt je ne la vois que trop bien puisque s'inscrivant dans une perspective globale de croyance collective.
C'est une notion qui dépasse l'entendement pour celui qui l'a expérimenté sous différentes formes artistiques! Envers lui, la nécessité ne revet pas la même correspondance sémantique (pas toujours...): car nombreux sont ceux qui font abstraction de tout.
La croyance est une notion péjorative dans ce contexte (et depuis la vague de créationnisme encore pire, mais on s'écarte...).
Pour l'artiste, le créateur (je parle subjectivement: des bons, des vrais, des sincères) l'argent ou le mérite ne sont pas une fin en soi, mais c'est la démarche/recherche/intention artistique, plus que l'œuvre elle-même parfois! Et au moins l'œuvre comme perspective centrale!
Quantifier le «subliminal» avec de l'argent ?

Qui pourrait dire ce que ça donnerait? Et vice-versa?

Ahmed a écrit :2- c'est un raisonnement circulaire, j'ai du talent, donc je gagne de l'argent, donc j'ai du talent...
Ça c'est quand le «nouveau management» est passé par là?

On comprend le raisonnement, mais cette échelle est à géométrie variable, puisque qui peut dire que quelqu'un a du talent? Et comment le définir au cas par cas...?
Mission relativement impossible. Par contre, protéger une œuvre, en principe on saurait le faire, sauf qu'on ne l'applique pas.
Et l'explosion d'internet a ratiboisé la création qui est devenue banale (chacun peu publier et exposer à des centaines de mios d'individus, même si personne ne regarde: puisque la création de valeur est perdue au milieux de milliards de bouses...). D'où en partie le niveau de médiocrité actuel? Qui n'était déjà pas bien haut avant...
Si c'est «
l'œuvre» qui est bien la finalité, on s'en sort, mais alors ce n'est pas circulaire mais un perpétuel recommencement.
Ahmed a écrit :3- en toute rigueur logique, le talent le plus approprié pour atteindre cet objectif est celui de gagner de l'argent...
[...] ça dépend évidemment sous quel angle on se place!

Mais là il y a éventuellement confusion entre «
moyen» et «
but».
Ahmed a écrit :On déduit facilement des précédents que le talent, réel ou pas, est second par rapport au primat du gain qui, de toute façon est, dans son abstraction, pur quantitatif.
Il y a donc une (fausse?) naïveté foncière à vouloir estimer le qualitatif en terme de quantitatif...
Si ni le talent, ni le gain ne sont une fin en soi, le quantitatif ne peut que s'effacer au profit d'une sorte de «qualitatif subjectif».
L'essentiel est-il là?
Des considérations psychosociologiques actuelles, il y en a une qui a échappé parce qu'elle s'esquive culturellement, c'est:
— l'énorme problème de l'estime de soi chez les «artistes»;
— la maladie intraitable de la société de vouloir à tout prix encadrer ça;
C'est ça le cocktail éventuellement mortel. Ou plutôt lorsque les non-initiés à l'Art, ont un pouvoir qui dépasse leurs attributions artistiques et qu'ils l'exercent contre le «
malheureux artiste» (sous forme de censure) qui attend la sentence entre l'abattoir depuis son box ou à l'opposé de se faire propulser au sommet de l'affiche!
Voyez des «télé
réalités» genre «Star Academy» prétendument basées sur quelque talent, elles sont le reflet macrocosmique de cette croyance collective globale, bâtie autour d'une illusion de ce que représenterait le monde artistique vu par le citoyen lambda amha (encore que tel que vu dans la mentalité occidentale, mais c'est peut-être encore pire parfois ailleurs... et parfois non, comme au Brésil, ou des artistes comme Hermeto Pascoal, considèrent que l'art ne doit pas se retrouver dans les musées, mais dans tous nos actes de la vie de tous les jours).
Et c'est probablement parce que les «non-initiés» confondent la qualification du talent au premier plan et la valeur intrinsèque de l'œuvre au second, que nait la confusiton! Alors que pour placer l'œuvre en tant que perspective principale, la notion de talent doit aussi s'effacer, amha.