Il est clair aujourd'hui que les faibles doses protègent du cancer par leur action sur le système immunitaire.
Faibles doses de rayonnements : quand l’hormésis et l’effet abscopal se rencontrent… https://www.em-consulte.com/en/article/1312686... l’irradiation chronique à faible dose, ne serait-ce que d’origine naturelle, entretient en permanence la réactivité de l’immunité anti-tumorale, en mobilisant les mécanismes envisagés au chapitre précédent, grâce à l’irradiation des cellules transformées générées en permanence : stimulation de l’expression d’antigènes et du CMH (Complexe Majeur d'Histocompatibilité), activation des cellules présentatrices d’antigène… Cela confère un rôle protecteur aux (très) faibles doses, vis-à-vis de la cancérogénèse en général, tous facteurs confondus [65, 66, 67], et éclaire sous un angle nouveau le fait que les populations exposées à une forte radioactivité naturelle, comme à Kérala en Inde, Ramsar en Iran ou Yangjiang en Chine [68], ne présentent pas de surincidence de pathologies cancéreuses. Ces notions, qui restaurent la notion de relation hormétique en lieu et place de la RLSS et plaident en faveur du rôle bénéfique des faibles doses d’irradiation, sont d’une actualité brûlante et étayées par des publications de plus en plus nombreuses [69, 70]. Dans le même temps, les études épidémiologiques fondées sur le postulat de la RLSS comme hypothèse nulle (et non comme cela devrait, l’absence d’effet !) font l’objet de critiques de plus en plus véhémentes et sont dénoncées comme entretenant de façon non fondée, car construite, la dangerosité des doses inférieures à 100mSv [71].
En conclusion, hormésis et effet abscopal apparaissent comme deux facettes des mêmes mécanismes. Ces concepts, d’une part, mettent à mal la RLSS, en faveur d’une diminution de risque de cancer aux (très) faibles doses, et ouvrent des voies de recherche pour mieux comprendre et maîtriser les modalités de la RIV, et les perspectives d’association thérapeutique entre RIV et immunothérapies (inhibiteurs de checkpoint).
Les effets des faibles doses ne peuvent s’envisager que de façon dynamique et intégrée, car ils dépendent de très nombreux facteurs ne devant pas être considérés indépendamment les uns des autres. Il est clair que la cancérogénèse radio-induite est un effet à seuil, qui ne peut pas être extrapolé de façon linéaire en dessous de ce seuil [74, 72, 73].
Par conséquent, il devient urgent et essentiel que tous les professionnels de santé concernés par la problématique des faibles et très faibles doses (particulièrement, concernant les faibles doses de radioactivité, les médecins nucléaires, les physiciens médicaux, les radiopharmaciens, les manipulateurs), ainsi que les responsables techniques et administratifs de la radioprotection, se reposent la question du caractère irrationnel d’entretenir une radiophobie non seulement inutile, mais délétère–et d’autant plus si le rôle bénéfique est confirmé ! Cet article, au-delà des notions exposées, nécessairement concises et qui nécessiteraient de longs développements, sera probablement utile s’il incite à une telle réflexion.