Bonjour à tous
Pour donner la réplique au rapport d’Exxon sur l’avenir de l’énergie (dernier courriel), en particulier l’avenir de la production pétrolière, voici ce qu’en pense Olivier Rech, qui a travaillé à l’élaboration des scénarios pétroliers de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) de 2006 à 2009. Il est sorti de l’AIE et conseille désormais des fonds d’investissement. Selon lui, la production mondiale a déjà atteint un plateau à 82 millions de barils par jour (Mb/j), depuis 2005, et commencera à décroître après 2015. La production n’atteindra jamais le 95 Mb/j et plus prévu par l’AIE. Voir: http://petrole.blog.lemonde.fr/2011/12/ ... -lenergie/
Le président de Shell, Peter Voser, a également ébranlé les murs de Wall Street lorsqu’il a déclaré au Financial Times en septembre dernier (21 septembre 2011):
« La production des champs existants décline de 5 % par an à mesure que les réserves s'épuisent, si bien qu'il faudrait que le monde ajoute l'équivalent de quatre Arabie saoudite (sic) ou de dix mers du Nord dans les dix prochaines années rien que pour maintenir l'offre à son niveau actuel, avant même un quelconque accroissement de la demande. »
Voir: http://petrole.blog.lemonde.fr/2011/09/ ... ci-a-2020/
Alors, on peut se demander ce qu’il en est réellement. Les pétrolières ont-elles avantage à faire miroiter des scénarios catastrophes? On pourrait dire oui à priori, pour faire monter les prix. Mais, ce faisant elles incitent les gouvernements et les compagnies automobiles à pousser les technologies alternatives plus rapidement (électrification des transports), ce qui va à l’encontre de leurs intérêts, et expliquerait que Exxon veuille calmer le jeu avec des prévisions «ultra optimistes».
Une chose est sure, plus vite on se libère du pétrole et mieux ce sera.
Bien cordialement
Pierre Langlois, Ph.D.
Interview du monde: http://petrole.blog.lemonde.fr/2011/12/ ... -lenergie/
Le pétrole déclinera peu après 2015, selon un ancien expert de l’Agence internationale de l’énergie
Olivier Rech a élaboré les scénarios pétroliers de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) durant trois ans, jusqu'en 2009. Il conseille aujourd'hui d'importants fonds d'investissements pour le compte de La Française AM, un gestionnaire d'actifs parisien.
Ses pronostics sur l'avenir de la production mondiale de pétrole sont aujourd'hui beaucoup plus pessimistes que ceux publiés par l'AIE...
Olivier Rech, responsable des questions pétrolières au sein de l'Agence internationale de l'énergie de 2006 à 2009.
Quels sont vos pronostics ? Commençons par les pays producteurs en dehors de l'Opep [qui représentent 58 % des extractions et 23 % des réserves mondiales].
Hors Opep, les choses sont claires : sur 40 millions de barils par jour (Mb/j) de pétrole conventionnel extraits des champs existants, on est face à un déclin annuel de l'ordre de 1 à 2 Mb/j.
Selon vous, on est donc proche du déclin de 5 % par an de la production existante évoqué par Shell ?
Oui, c'est à peu près ça.
Et pour la production des pays de l'Opep [42 % des extractions et 77 % des réserves mondiales] ?
C'est plus difficile à dire, les données sont toujours aussi opaques, on reste dans le brouillard. Je remarque néanmoins que les banques Barclays et Goldman Sachs estiment que les capacités de production non-utilisées de l'Opep, notamment celles de l'Arabie Saoudite, sont bien moins importantes que ce qui est annoncé officiellement.
De nombreux nouveaux projets de production sont actuellement en cours de développement. Que faut-il en attendre ?
En effet, il y a de nouveaux projets au large du Brésil, du Ghana et de la Guyane. Le golfe du Mexique est encore loin d'être épuisé. L'Arctique, c'est plus incertain, mais il y a un vrai potentiel pour le gaz naturel. Cependant, il faudra compter encore une décennie avant d'en voir sortir une production significative, éventuellement de pétrole.
Alors le pic et le déclin de la production mondiale de pétrole, c'est pour quand, selon vous ?
Il est toujours délicat d'avancer une date précise. Les taux de récupération des champs existants augmentent. Aux Etats-Unis, la production à terre décline très lentement (il faut dire qu'ils forent comme des fous là-bas). C'est une erreur de sous-estimer le savoir-faire des ingénieurs spécialistes du forage.
Compte tenu de tous ces facteurs capables de retarder un déclin, quelle est votre conclusion ?
On restera certainement en-dessous des 95 Mb/j pour l'ensemble des pétroles conventionnels et non-conventionnels.
Donc, vous êtes nettement plus alarmiste que l'AIE et que Total, le plus pessimiste des groupes pétroliers, qui évoque la possibilité de maintenir la production sur un plateau situé aux alentours de 95 Mb/j jusqu'en 2030.
C'est exact. La production se trouve déjà sur un plateau depuis 2005, autour de 82 Mb/j. Il me paraît impossible d'aller beaucoup plus loin. Puisque la demande, elle, devrait continuer à augmenter (sauf, peut-être, si la crise gagne les économies émergentes), je m'attends à voir les premières tensions d'ici 2013-2015.
Et ensuite ?
Ensuite, d'après moi, ce sera un déclin de la production sur la période 2015 à 2020. Un déclin pas forcement rapide d'ailleurs, mais un déclin, ça semble clair.
Vous dites « pas forcément rapide ». Pourquoi ?
Tout va dépendre du rythme auquel les filières de pétroles non-conventionnels vont pouvoir se développer. La transformation du charbon et du gaz naturel en carburant liquide restera infinitésimale. Pour les biocarburants de première génération, je pense qu'on est déjà proche de la limite maximale. En ce qui concerne la seconde génération, on en est encore au stade des pilotes industriels. Pour arriver à une production significative à l'échelle mondiale, de 2,5 Mb/j mettons, il faudra compter encore un quart de siècle.
Tout cela sera insuffisant pour compenser le déclin des champs existants de pétrole conventionnel, d'après vous ?
Insuffisant, oui.
Mais pourquoi il faut toujours que cela soit des ex, ancien, retraités...qui parlent (avec franchise?) ?