La Provence - 10 septembre 2008
Le ras-le-bol quotidien des habitants du Tricastin
C'est peut-être l'incident de trop. Celui que les riverains du site du Tricastin auront le plus de mal à digérer. Même s'il ne présente a priori aucun caractère de gravité, même s'il n'implique aucune restriction de baignade, d'irrigation ou consommation d'eau, comme ce fut le cas début juillet, ce quatrième incident en deux mois commence à agacer sérieusement entre Bollène, Lapalud et Saint-Paul-Trois-Châteaux. Il est vrai que "le petit côté feuilleton de l'été des incidents nucléaires", les riverains de la centrale EDF s'en seraient volontiers passés.
Avec une pointe de résignation dans la voix, Éric Mancellon, agriculteur du hameau de La Croisière, à l'ouest de Bollène, avoue sa lassitude. "Que voulez-vous qu'on fasse?", interroge-t-il, "car même si on ne se laisse pas faire, même si on dénonce tous les problèmes que nous causent ces incidents à répétition, on sait très bien qu'ils ne fermeront ni la centrale, ni le reste." Alors, Éric Mancellon fait comme la plupart des voisins du site nucléaire: il se défend. Le 7 juillet, quand 74kg d'uranium, en provenance du site Socatri, se sont déversés dans les rivières alentours et la nappe phréatique, on lui a interdit d'utiliser son forage pour arroser ses champs. Résultat : 2500 salades perdues. Et un dossier d'indemnisation aussitôt déposé auprès d'Areva.
Mais obtenir réparation n'est pas sa seule préoccupation. "Dans cette histoire, c'est notre image qui en prend un coup, s'inquiète-t-il. J'espère d'ailleurs qu'ils vont payer une belle pub sur le Vaucluse à la télé pour la corriger." L'image, c'est justement ce qui taraude les vignerons de la région. À tout le moins la soixantaine de caves particulières et de coopératives de l'appellation Coteaux du Tricastin. Après le premier incident, début juillet, quelques viticulteurs ont d'ailleurs exhumé une idée vieille de quelques années: obtenir de l'Institut national des appellations d'origine (Inao) le changement du nom de leur AOC. "C'est le fruit d'une très longue tradition et ce nom correspond à un site naturel qui existait bien avant le nucléaire, mais c'est vrai qu'il commence à nous porter tort", admet Alain Bayonne, directeur de la coopérative de Suzela-Rousse. Selon lui, ce n'est pas une vue de l'esprit: "les clients habituels et les consommateurs sont devenus plus frileux" vis-à-vis des vins du Tricastin ces dernières semaines.
"Des grossistes nous écrivent pour nous faire part de leurs difficultés à écouler nos produits du fait de leur nom", constate Alain Bayonne, regrettant que ce mouvement "ajouteau marasme" qui frappe la profession viticole depuis cinq ou six ans. À preuve, sur internet, ce sont des pages et des pages consacrées aux dangers de l'atome qui défilent quand on tape "Tricastin" dans la fenêtre "recherche". Les pages dédiées à la qualité des vins de ce terroir magnifique ne viennent, elles, que bien après. Problème: les démarches pour changer le nom d'une appellation ne sont pas réputées très faciles, ni très rapides. "Mais là, il y a urgence", explique-t-on du côté du syndicat de l'AOC Coteaux du Tricastin, comme pour se convaincre que l'Inao comprendrait le sens et la nécessité de cette demande.
Malgré quelques résistances, certains vignerons ayant du mal à admettre qu'on les force à renoncer à une part importante de leur identité. Car aujourd'hui, les centaines d'emplois et les généreux subsides versés par les entreprises du site (14 millions d'euros par an au titre de la taxe professionnelle pour la seule centrale EDF) ne suffisent plus à éteindre la contestation.
dire que je bois du cote du rhone depuis des années et qu'il y a une fuite sous jacente depuis des années dans les nappes phréatiques ... ben c'est FINI j'en boirai plus na !