L'avenir passera-t'il par la biomasse?

Les énergies renouvelables sauf solaire électrique ou thermique (voir sous-forums dédiés ci-dessous) : éoliennes, énergies de la mer, hydraulique et hydroélectricité, biomasse, biogaz, géothermie profonde...
Ahmed
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par Ahmed » 09/08/15, 17:19

Tu fais bien d'apporter ces précisions. Dans mon esprit, je faisais allusion à la biomasse d'origine forestière, objet de bien des convoitises: pour ma part, j'aime à rappeler que c'est la forêt qui est à l'origine de la création des sols agricoles, vérité de peu d'importance aux yeux de beaucoup (qui l'ignore d'ailleurs superbement), puisque le sol n'est plus qu'un simple support physique dans le type très transitoire d'agriculture que nous connaissons actuellement.

Pour les urbains, très majoritaires, le lien entre l'abondance matérielle dont ils jouissent et une nature idéalisée ne va pas de soi; le maintien ou l'accroissement du niveau de vie semble compatible avec la disposition d'une nature qui ne serait qu'un espace récréatif plus ou moins dédié aux vacances et aux promenades bucoliques...
Il est vrai que les destructions les plus flagrantes et massives se font loin de notre continent et que celles qui affectent ce dernier sont souvent invisibles ou stratégiquement "compensées"...
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par Did67 » 10/08/15, 12:51

Même en ce qui concerne la forêt, mon avis est qu'une certaine "extraction" est possible, de façon durable.

Bien sûr, il ne faut pas être "ultra", genre khmers verts...

Dans mon esprit, l'idéal n'existe pas en ce bas monde. Ou, très exactement, l'idéal est synonyme de mort. Dès lors, vivre, c'est faire des compromis. Il en est ainsi aussi pour l'énbergie. La solution sera un "bouquet" de choses, commençant par les économies / l'éfficience énergétique, continuant par une exploitation "tolérable" des énergies renouvelables : barrages (qui ont des "défauts" !), petit hydraulique, solaire (qui n'est pas tout blanc), éolien, biomasse...

Donc dans l'hypothèse d'une "certaine extraction", la forêt "climacique", naturelle, parfaitement adaptée à l'environnement (sol / climat / relief), sera remplacée par une forêt "cultivée", différente...

Celle-ci aura encore certaines "propriétés" de la forêt climacique (lutte contre l'érosion, constitution d'humus et de sol...), mais elle va différer dans sa composition. Il y aura donc un impact sur la biodiversité. Qui peut tantôt être négatif (certaines espèces disparaissent...) ou positif (sous les chênes, il y aura peut-être des truffes ?)...

Dans une certaine mesure, elle pourra "récupérer" : la lente dégradation des roches-mères, sous l'emprise des mycorhizes, pourra compenser certaines exportations de minéraux. L'eau, il y en a (sous nos climats). Le CO², de plus en plus !

Donc je ne pense pas qu'il soit raisonnable de plaider pour stopper toute extraction ! Sauf, une fois encore, opinion extrême [mais qu'il va falloir assumer : j’adore les gens qui se connectent pour défendre le droit de ne pas toucher à la nature, qui prennent leur voiture / train / avion pour aller prêcher je ne sais quelle option extrême... Je ne cite pas, pour ne fâcher personne et éviter une polémique inutile].

Mais la question est toujours la même : où placer le curseur ??? [j'avoue ne pas avoiur la réponse !]

Trop "cultiver" la forêt peut conduire à des dégradations irréversibles. Le processus n'est plus tout à fait "durable" (ou "renouvelable"), même si un regard réducteur peut conduire le technicien à dire : "mais si, elle repousse !"...

Mais l'homme primitif, cueilleur-chasseur, avait déjà un "certain impact". Sans doute certaines espèces, plus appréciées, voyaient leur effectif décroitre...

Simplement, comme il occupait quelques "poches" par ci, par là, tout ceci était négligeable !

Aujourd'hui, l'homme s'attaque aux dernières pohces de nature quasi-vierge... La problématique est autre.

Le monde est anthropisé.

Jusqu'où ne pas aller trop loin ???
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Ahmed
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par Ahmed » 10/08/15, 13:07

Tu poses bien le problème des limites et de leur estimation.

Ce qui m'inquiète, ce n'est pas que des prélèvements soient effectués en forêt (il y a longtemps que les forêts sont artificialisées), mais que les mécanismes économiques, sous-estimés par beaucoup, conduisent à placer le curseur de plus en plus loin, sous le prétexte d'une urgence prioritaire...
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par moinsdewatt » 10/08/15, 13:32

Biomasse : les défis à venir

La filière biomasse, qui devrait jouer un rôle primordial dans la transition énergétique, est toutefois confrontée à différents facteurs de tension. Les acteurs devront, pour tirer leur épingle du jeu, diversifier leurs sources de financement et s'assurer d'un approvisionnement régulier, révèle la dernière étude Xerfi-Precepta. Détails.


28/07/2015 batiactu.com

Troisième source d'énergie verte, la biomasse – ou valorisation énergétique à partir du bois, des déchets et de gaz émis par la fermentation de déchets (biogaz) – jouera un rôle majeur dans la transition énergétique. En effet, elle totalise à elle seule près de la moitié des efforts à fournir pour atteindre l'objectif de 23% de la consommation d'EnR d'ici à 2020.

Malgré ses atouts indéniables – réduction des émissions de CO2, développement d'emplois locaux non délocalisables, les perspectives de croissance restent contrastées selon les filières, souligne l'étude Xerfi-Precepta*. Car les incitations fiscales et réglementaires tendent aujourd'hui à ne favoriser que la biomasse solide et la méthanisation, via le fonds chaleur, le système du tarif d'achat garanti ou les divers appels d'offres.

Adopter des stratégies communes

Cependant, les acteurs sont désormais confrontés à plusieurs facteurs de tension, note l'étude. Ceux de la biomasse électrique ont ainsi du souci à se faire, le système de tarifs d'achat garanti de l'électricité verte afin de favoriser l'équilibre du réseau étant remis en cause par le législateur. De plus, la faiblesse actuelle du signal-prix des énergies et du carbone ne favorise pas le lancement de nouveaux projets, insiste Xerfi. Sans compter l'attentisme des banques, les problèmes d'acceptabilité des populations installées près des centrales à biomasse, des méthaniseurs ou des incinérateurs, ou encore le déséquilibre entre l'offre trop faible de biocombustibles et une demande en plein essor…

Quelles solutions dès lors pour la filière ? Avoir des stratégies communes, détaille Xerfi, comme l'ont démontré Dalkia et Cofely en développant de nouvelles capacités sur le territoire français. La diversification du mix énergétique ou des modes de traitement des déchets est également une piste à suivre par les énergéticiens et les professionnels des déchets. Enfin, l'innovation reste le nerf de la guerre, concède Xerfi, notamment en termes d'amélioration des équipements et des projets : la numérisation et les nouvelles technologies doivent impérativement entrer dans les process de fabrication.

Besoin d'une filière moderne et structurée

Mais ces stratégies communes ne pourront se mettre en place que si les sources de financement sont diversifiées et si l'approvisionnement est récurrent.

La question du financement est en effet au cœur de l'écosystème des projets liés à la biomasse. Elle est même devenue essentielle, affirme Xerfi. A ce titre, les initiatives se multiplient, notamment dans le secteur du capital-risque, avec le lancement de nouveaux fonds. De plus, l'appel aux marchés financiers, l'intervention de Bpifrance et de la Caisse des Dépôts ou encore le financement participatif sont des sources à exploiter, complète l'étude.

En outre, pour lever les contraintes d'approvisionnement, la solution viendrait de la mobilisation de la ressource en bois ou en déchets. Et cela passe par la modernisation et la structuration de la filière bois en amont, la mobilisation de nouvelles ressources forestières et la création de centrales de taille limitée. Là encore, l'innovation devra jouer un grand rôle, en matière de techniques de valorisation (gazéification, torréfaction, micro-méthanisation…).

Enfin, sans volonté du gouvernement, cela ne pourra se faire, conclut l'étude Xerfi.


*Etude Xerfi-Precepta "Les marchés de la biomasse – Stratégies de croissance et défis pour les acteurs français".

http://www.batiactu.com/edito/biomasse- ... -41856.php
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par moinsdewatt » 10/08/15, 13:46

Hautes-Alpes : le chantier de la chaufferie bois de Briançon enfin ouvert

10/08/2015

Hautes-Alpes – A l’approche des élections municipales de 2014, le projet avait généré de vifs affrontements entre la gauche, défenseure de la chaufferie, et le candidat de droite, Romain Gryzka, mettant en avant « les risques pour la santé, l’urbanisme, la pollution visuelle ». Cependant, c’est le 22 juin dernier que tout se dénoue : le commissaire en charge de l’enquête publique concernant la chaufferie donne un avis favorable. Ses conclusions reposent « sur la qualité de développement durable du projet, sur le besoin énergétique auquel il répond, sur les retombées économiques de l’opération, sur l’amélioration de la qualité de l’air induite, ainsi que sur la pérennité de l’approvisionnement en bois. »


Un large réseau de chauffage urbain

Installée dans deux anciens bâtiments militaires du quartier Colaud, la chaufferie bois alimentera un réseau de chaleur de plus de 6 km. Ce dernier desservira 27 bâtiments notamment quatre HLM, le centre commercial Grand’Boucle, l’hôpital des Escartons, une dizaine de résidences ou encore l’établissement scolaire d’Altitude. La chaufferie se composera de quatre chaudières, dont deux à bois, de deux filtres pour le traitement des fumées ainsi que de deux containers fermés permettant la récupération et la mise en valeur des cendres. La chaleur sera distribuée par le biais d’un réseau de canalisations.


Un projet local et écologique

Un projet qui se veut, selon la municipalité, local et respectueux de l’environnement. Son approvisionnement en bois proviendra de trois sources distinctes : 60% de plaquettes forestières issues de forêts locales, le reste de bois de récupération et de déchets de scierie. Cette chaufferie évitera l’équivalent des émissions de CO2 de plus de 80 000 voitures et permettra la création d’un local pédagogique dédié aux énergies renouvelables.

Booster l’économie locale

La chaufferie sera donc peu énergivore, mais surtout économique : financée à hauteur de 12 millions d’euros par la société privée Briançon Biomasse Energie, elle a pour objectif de garantir un prix stable de l’énergie. Avec des travaux de réalisation en circuit court et de maintenance effectués par des entreprises locales, elle permettra également la création d’emplois dans le pays briançonnais.

http://alpesdusud.alpes1.com/infos/info ... news=35453
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par Ahmed » 10/08/15, 13:48

Le document cité par Moinsdewatt illustre bien mes propos: les défis auxquels est confrontée la filière biomasse serait d'ordre réglementaire, tarifaire et financier, le reste importe peu... sauf l'impératif de mieux "mobiliser" la ressource...

Le substantif "écosystème" est ici appliqué aux projets industriels d'utilisation de la biomasse: ce glissement sémantique est bien révélateur!
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par chatelot16 » 10/08/15, 14:09

exploiter du bois combustible n'est pas la solution miracle pour l'energie , mais fait partie des solution a utiliser

exploiter juste la quntité disponible de façon durable et la premiere precaution a prendre ... pour l'instant a cause du prix de la main d'oeuvre neccessaire on exploite largement moins que ce qu'il faudrait

l'autre progrés a faire c'est d'utiliser le bois combustible avec le meilleur rendement possible ... simplement le bruler pour du chauffage est assez mauvais : on doit faire mieux en faisant a la fois de l'electricité et de la chaleur ... la chaleur peut chauffer les logement proche de l'usine ... l'electricité peut servir a n'importe quoi y compris des pompe a chaleur : si toute l'electricité produite par une centrale thermique a boie etait utilisé par pompe a chaleur , la quantité de chaleur totale peut etre le triple de ce que chauffe le bois dans une chaudiere simple

autre idée originale : eviter les reseau de chaleur a haute temperature ou il y a beaucoup trop de perte : je prefere une centrale thermique qui fait de l'electricité et envoie sa chaleur perdue dans un reseau d'eau tiede , qui peut etre distribué loin sans grande perte , et une partie de l'electricité peut faire marcher des pompe a chaleur a COP enorme utilisant l'eau tiede comme source froide
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par Ahmed » 10/08/15, 15:31

...utilisant l'eau tiède comme source froide

Sans être inexacte, cette formulation n'est pas heureuse...
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par Did67 » 10/08/15, 15:55

Ahmed a écrit :... les mécanismes économiques, sous-estimés par beaucoup, conduisent à placer le curseur de plus en plus loin, sous le prétexte d'une urgence prioritaire...


Nous sommes d'accord.

C'est le cas de biens des projets qualifiés "d'écologiques" ou de "durables" bien trop vite !

Néanmoins, je me méfie toujours des formulations trop radicales : ce n'est pas ne dénonçant les abus d'un système qu'on démontre que le système n'est pas bon !

Or, cette confusion est courante sur des biens des forums... C'est contre quoi j'essaye de lutter, avec des "précisions" souvent un peu longuettes... [je sais]

Puisqu'il y a des projets "biomasse" stupides, ou déraisonnables, l'exploitation de la biomasse le devient !

C'est à l'instant précis où on fait ce saut sémantique qu'on se range parmi les khmers verts !
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par Did67 » 10/08/15, 16:09

chatelot16 a écrit :
exploiter juste la quantité disponible de façon durable est la premiere precaution a prendre ... pour l'instant a cause du prix de la main d'oeuvre neccessaire on exploite largement moins que ce qu'il faudrait



Cela a l'air simple, écrit comme ça.

Et pourtant si en moyenne, on exploite moins que la forêt française ne produit [et on est donc en phase de stockage sur pieds], cela n’exclut qu'ici ou là, il y ait des exploitations "brutales", avec du bois qui sortira quand même labellisé §

"façon durable" n'est pas clairement défini et permet les baus évoqués par ahmed :

- suffit-il que des "arbres" repoussent ??? Auquel cas, une forêt "diversifiée" rasée puis replantée en monospécifique (résineux pendant qu'on y est) fait-elle l'objet d'une gestion durable quand on sat la pauvreté spécifique sous ces résineux, quand on connait l'acidification des sols ???

- ou faut-il évaluer la biodiversité de cette forêt et la faune / flore qu'elle abrite ? Celles-ci ont-elles été restaurées au bout du processus ?

Il y a bien entendu des études là-dessus.

Mais je partage le sentiment d'ahmed qu'est bine vite qualifié de é"renouvelable" ou de "durable" des exploitations qui se contentent de l'être pour le promoteur, filiale d'un grand groupe bine connu (si ce n'est l'un, c'est l'autre !). Autrement dit, il suffit que des arbres, exploitables 50 ans plus tard, repoussent...

Un pue "court".

Mais, en effet, notre avidité énergétique ne nous pousse pas à chercher plus loin.

Les exemples mis par moinsdewatt montre bien comment les termes appropriés sont "galvaudés". Toujours mentionnés en grand et mis en avant, comme "justificatifs"... Jamais explicités en toute rigueur scientifique...

Mais puisque Renault explique que sa Clio est "éco2", pourquoi se gêner ?

De même j'enrage de voir la majorité des projets de méthanisation "plantés" en pleine nature, sans grande possibilité de valoriser la chaleur [au mieux le logement de l'exploitant, en hiver donc !]... alors qu'une planification permettrait d'en doubler le "rendement efficace". Non, faute de planification, la piscine de la comcom est ici. L'usine de méthanisation, initiative privée, là-bas. Rarement de lien entre les deux (je ne connais que l'exemple d'Agrivalor à Ribeauvillé, dont la chaleur fatale sert à chauffer le casino et ses spas... et le projet dont je rends parfois compet ici, dont la chaleur sert à une usine...)

Donc oui, il faut être attentif. Râler. Parfois. Souvent.

Mais être contre, non ! Car souvent, c'est déjà mieux. Parfois, c'est même très bien, car les différents aspects ont été intégrés - tous les "promoteurs" de ces projets ne sont ni cons, ni tous malhonnêtes !

A mon avis.
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