Pierre Yves a écrit :
Je comprends de ce texte que, selon vous, les experts ne sont pas experts - à quelques rares exception près. Que seuls les "agronomes de terrain" savent quelque chose. Je ne vous demande même pas combien étaient ces "agronomes de terrain" qui avaient adopté cette fameuse définition, ni en quoi ils étaient représentatifs en la matière.
C'est une peu contradictoire ; mais surtout, le problème est que vous ne dites pas comment on fait le tri des experts : entre ceux qui n'y connaissent rien, et ceux qui ont des connaissances phénoménales. Faut-il être plus expert que les experts pour trier les experts ? Selon quelles connaissances pouvez-vous, vous, distribuer ainsi les bons et les mauvais points ?
Pour ma part, je ne suis pas agronome de terrain. Mais je cherche quand même à savoir. Pour cela, je ne m'adresse pas à Pierre, Paul, ou Jacques. Je ne m'adresse pas à un expert en particulier, fut-il Marc Dufumier, qui est un homme instruit avec une expérience phénoménale.
Ce que je peux confirmer pour l'avoir vécu, c'est que dans les "machins" en particulier, il y a des "experts" qui portent ce nom, mais dont l'expertise se réduit sans doute à savoir se faufiler politiquement...
J'y ai vu (discuté avec...) des gens d'une incompétence monumentale.
Mais pas que !!! J'en conviens.
D'où, en tout cas, ma méfiance vis-à-vis des "rapports" émis par ces "machins", qui sont en général, juste le consensus de la médiocrité, le dénominateur commun des idées reçues...
C'est une opinion personnelle. Je me doute qu'elle n'est pas partagée. Je revendique le droit de l'exprimer. Je ne prétends pas avoir raison... A chacun sa propre opinion.
Mais plus généralement, en effet, le débat qu'on a ici pose la question de l'expertise, et plus généralement, celle de la valeur des études... et même des méta-études...
C'est un vrai sujet. Un sujet monumental ! Autant le dire tout de suite : je n'ai pas la réponse définitive. Pas même de conviction totalement et définitivement arrêtée.
Et comme par hasard, sur les sujets complexes (agronomie, santé, cancer, Sida, etc...), il y a généralement des conclusions radicalement opposées entre experts qui s'affrontent.
Et donc en gros, chacun arrive aux conclusions qu'il souhaite (celles qui rejoignent ses convictions) et "trouve" les experts qui lui conviennent, en déniant aux autres leur expertise... Et, par conséquent, les débats sont sans fin !
On fait comme si les experts étaient, par définition, "neutres" et "objectifs" (ce que ne sont déjà pas tous les scientifiques !)...
Je cite Dufumier non pas pour en faire une icône. Juste pour rappeler qu'il défend l'idée qu'au contraire, l'agro-écologie permet de nourrir plus de monde que le conventionnel. Et qu'à sa façon, il le "démontre"... Et pour l'avoir rencontré sur le terrain et passé une soirée passionnante avec lui, je peux juste témoigner qu'il a "analysé" (pas juste observé, et encore moins plaqués ses fantasmes sur...) des systèmes agraires dans différentes parties du globe... C'est un des "experts" qui m'a apporté quelque chose. Là où d'autres m'ont lassé (voire fait rire en douce).
On peut écarter son opinion au motif que la FAO...
Mais il y a plein "d'experts", dont je ne connais pas les noms parcoeur.
Les gens qui travaillent sur la Ferme du Bec-Hellouin, qui a été analysée par l'INRA, avec des "performances" surprenantes... C'est un autre exemple...
Pour finir, sans convaincre bien sûr, j'observe que les "innovateurs" sont toujours minoritaires, jusqu'à ce que leurs "trouvailles" s'imposent... Ou disparaissent... Ils passent à travers les "méta-études". Par définition.
Même Einstein n'a pas eu raison tout de suite avec son E = mC². Au plus tard depuis Hiroshima, on sait qu'il avait raison...