C'est complètement expérimental mais pas forcément un mal pour l'environnement...reste à tester le goût Qui s'y colle?
Le débat est ouvert...
Hamburger éprouvette: Est-on prêt pour la viande non-naturelle?
mardi 21 février 2012 à 15h12
Le fast food est difficilement détrônable lorsqu’il s’agit de produits chimiques et un nouveau concept qui devrait voir le jour à l’automne prochain pourrait faire débat : le hamburger à base de cellules souches.
Dans quelques mois, les accros du fast food auront peut-être le privilège de déguster pour la première fois un hamburger fabriqué à partir de cellules souches bovines. Pour l'instant conservée dans les éprouvettes d'un laboratoire néerlandais, cette découverte pourrait selon son créateur bouleverser l'élevage, l'alimentation mondiale et bénéficier à l'environnement.
Un projet favorable aux animaux et à l’environnement
En marge de la conférence annuelle de la Société américaine pour l'avancement de la science (AAAS) réunie ce week-end à Vancouver, le docteur Mark Post, médecin de formation et patron du département de physiologie de l'Université de Maastricht (Pays Bas), a annoncé que ce projet verrait probablement le jour en octobre.
Et d’ajouter que ce projet a été financé par un riche donateur qui souhaitait rester anonyme mais qui voulait « voir diminuer le nombre d’animaux de ferme abattus pour leur viande et réduire ainsi les émissions de gaz à effet de serre résultant de l’élevage».
Mark Post a estimé que cette nouveauté sur le marché ne représentait aucun risque pour la santé de ses consommateurs en soulignant que la technologique était bien maîtrisée. Pour cette première expérience, le scientifique a utilisé des cellules des muscles du squelette de bovins cultivés dans du sérum fœtal de veau en affirmant que « les tissus produits ont exactement la même structure que les originaux ».
Une méthode repoussante ?
Si préserver l’environnement et tenter de réduire le nombre d’animaux abattus est une bonne initiative, pas certain toutefois que cela attire beaucoup de consommateurs. A l’heure, où une alimentation saine et naturelle est prônée et revendiquée par de nombreuses chaines alimentaires et que le fast food n’y tient pas le rôle principal, manger un hamburger fabriqué à partir de cellules souches n’est peut-être pas le concept le plus attractif.
La viande produite en laboratoire pourra être contrôlée pour présenter certaines qualités comme par exemple contenir des niveaux élevés d’acides gras polyinsaturés (oméga 3) bons pour la santé a précisé le chercheur. Et d’ajouter : "La viande produite à partir des cellules souches doit ressembler exactement à celle que nous avons l'habitude de consommer autrement il sera impossible de convaincre les gens de renoncer à ce qu'ils connaissent ».
Mais après connaissance du contenu, risqué ou non pour la santé, de leur nouvelle assiette, le scepticisme et la méfiance des consommateurs risqueraient de l’emporter sur leur curiosité et leur gourmandise.
Le Vif Weekend
http://weekend.levif.be/tendance/culina ... 938751.htm
Trente ans après le premier bébé éprouvette : le premier steak in vitro ?
Nourrir 9 milliards d’hommes avec de la viande artificielle ? Le pari n’est pas nouveau, puisque le premier symposium sur la question s’est tenu en 2008. Il y était question de boeuf, mais aussi de porc, de volaille et de poisson ! Une dépêche reprise par tous les médias a relancé le débat lundi 20 février, en annonçant la création imminente de steaks à partir de cellules souches.
Mark Post, un médecin néerlandais patron du département de physiologie de l'Université de Maastricht (Pays-Bas), a déclaré lors d'une conférence scientifique à Vancouver (Canada) qu'il prévoyait de dévoiler ce hamburger en octobre, et de le voir produit à grande échelle dans les dix à vingt prochaines années.
L’enfer décrit par le film "Soleil vert" serait-il donc en train de s’approcher ? Les équipes françaises restent à l’écart de ces recherches. Des cultures de cellules musculaires sont pratiquées dans les laboratoires de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) à Clermont-Ferrand ou dans d'autres laboratoires de recherche médicale, mais elles visent à comprendre la croissance et la réparation musculaire dans le domaine médical. En aucune façon à cloner, assure Jean-François Hocquette, directeur de recherches. Alors qui suivre ?
Débat n°1 : le bonus environnemental
L’argument. D'après Mark Post, ce projet vise à "diminuer le nombre d'animaux de ferme abattus pour leur viande et réduire ainsi les émissions de gaz à effet de serre (GES) résultant de l'élevage". Vrai que celui-ci contribue au réchauffement climatique a cause du des émissions de méthane, un gaz vingt fois plus puissant que le dioxyde de carbone. Selon la Food and Agriculture Organization, l’élevage serait responsable de 18% des émissions de GES mondiales en 2006.
Le hic. Le chiffre varie selon les pays. Aux Etats-Unis, les feedlots (élevages intensifs) sont très émetteurs. En France, la pratique extensive obtient de meilleurs résultats : "La contribution du secteur de l’élevage herbivore et granivore est de 9% seulement", assure Jean-François Hocquette. Raisons de cette belle performance ? Un élevage qui n’entraîne pas de déforestation comme en Amérique du sud, qui contribue à l’entretien des paysages et qui assure, avec les prairies, le stockage du carbone. De quoi compenser 10% à 50% des émissions de GES.
Débat n°2 : l'équivalence nutritionnelle
L’argument. "Les tissus produits ont exactement la même structure que les originaux, assure Mark Post. La viande produite à partir des cellules souches doit ressembler exactement à celle que nous avons l'habitude de consommer, autrement il sera impossible de convaincre les gens de renoncer à ce qu'ils connaissent".
Le hic. "Le steak haché de notre collègue est un groupe de cellules musculaires, non un muscle", estime Jean-François Hocquette. Un peu comme du bois aggloméré par rapport à du massif. Un muscle est composé à la fois de fibres musculaires qui se contractent en cas d’exercice physique, visiblement clonées par le docteur Post, mais aussi d’une "trame conjonctive" composée de vaisseaux sanguins, de nerfs et de matières grasses, "dont on peut suspecter qu’ils n’ont pas été clonés. Ou en très faible quantité".
L'Académie de la viande, qui s'est fermement opposée au clonage de viande en mai 2011, précisait dans son communiqué : "Une difficulté majeure (mais loin d’être la seule) est de reproduire la finesse de l’irrigation sanguine qui apporterait les nutriments et les facteurs de croissance nécessaires aux cellules en mimant l’irrégularité des pulsations cardiaques".
Pire : quand bien même le goût et la texture seraient fidèles, "l’apport nutritionnel ne sera jamais aussi important qu’avec une viande naturelle", estime Maximilien Roner, biologiste et président de l’entreprise de conseil en environnement BeCitizen. Selon lui, "pour atteindre artificiellement un apport optimal, il est beaucoup plus intéressant de se nourrir de farine d’insecte !"
Débat n°3 : le chercheur apprenti sorcier
L'argument. Mark Post assure que cette technique est sous contrôle : "Mon projet vise à créer de la viande à partir de n'importe quelles cellules souches en utilisant une technologie développée dans le champ médical depuis plus de vingt ans et qui arrive à maturité".
Le hic. Pas un mot sur les conditions de culture des cellules. Or pour se multiplier, elles ont besoin d’un coup de pouce. Elles incubent à 37°C dans des boîtes ou des tubes sous atmosphère gazeuse contrôlée, et dans un milieu contenant entre autres : des antibiotiques pour empêcher les microbes de s’introduire, et des hormones pour favoriser la croissance. A haute dose. Alors même que le consommateur européen refuse à ce jour toute viande aux hormones.
Pas un mot non plus sur les surprises du clonage. "Sur les animaux clonés, on observe aujourd’hui des modifications dites 'épigénétiques', de la structure de l’ADN, indique Jean-François Hocquette. A âge égal, le clone ne connaît pas le même développement musculaire, sans qu’on sache précisément pourquoi".
Débat n°4 : les sous
L'argument. D'après Mark Post, ce projet a été financé par un riche donateur qui souhaite rester anonyme.
Le hic. En l’absence de transparence, il ne reste des questions. Quelle est la motivation de ce mécène ? Quel retour sur investissement espère-t-il ? A-t-il des préoccupations éthiques ? "Dans la recherche publique, les financements et les objectifs des programmes de recherche sont transparents, et les résultats sont publiés", martèle Jean-François Hocquette. Là, la méthode est différente : basée sur les effets d’annonce réguliers depuis plusieurs années. Une autre façon d’intéresser les gens… et de capter des financements.
Débat n°5 : la solution pour nourrir la planète
L'argument. "La production de viande devrait doubler d'ici 2050 pour répondre à la demande et mobilise déjà 70% de nos terres agricoles", estime Mark Post.
Le hic. Pour nourrir tout ou partie de la population, il faudra changer d’échelle de production de ce fameux steak artificiel. Construire des unités de fabrication industrielles rentables. A ce jour, le prototype de hamburger a coûté 250.000 euros. Le chercheur a précisé que le second devrait être plus abordable, à 200.000 euros. A grande échelle, c’est l’inconnue.
Et l'Académie de la viande, en France, n'est pas près de faciliter les choses. Dans son communiqué de mai 2011, elle se disait "décidée à suivre ces questions avec intérêts, ne serait-ce que pour ne pas laisser s’accréditer l’idée que 'la viande sans animaux' constitue une hypothèse crédible de production alimentaire".
Morgane Bertrand
http://tempsreel.nouvelobs.com/planete/ ... vitro.html