La campagne présidentielle, le temps des Pinocchios
Par Donald Hebert
Publié le
Le temps des Pinocchios. WIAZ
Nicolas Sarkozy, François Hollande, Marine Le Pen... plus on s'approche du 1er tour, plus le nez des candidats s'allonge.
Plus on approche du vote, plus le nez des candidats s'allonge. C'est d'abord sur le bilan du quinquennat que les politiques travestissent la réalité. A commencer par Nicolas Sarkozy qui répète sur toutes les ondes que "le pouvoir d'achat a augmenté de 1,4% chaque année", et que son quinquennat n'a vu croître les statistiques du chômage que de 400.000 demandeurs d'emploi supplémentaires. Faux, bien sûr ! Mais, côté PS, l'exagération sévit aussi. Martine Aubry a attribué deux tiers du déficit à la politique de Nicolas Sarkozy. Et François Hollande a triplé le montant des cadeaux fiscaux accordés par le sortant aux plus aisés.
Dans le brouhaha des bobards et contrebobards, il devient difficile de cerner la réalité. L'UMP va jusqu'à inventer un "programme caché" de François Hollande, multipliant par deux le chiffrage du programme du PS, et à s'attribuer la paternité de la taxe Tobin ! Des argumentaires repris par les ténors de la majorité et par le chef de l'Etat lui-même qui, à chaque intervention, reproche aux socialistes de prôner une régularisation massive des étrangers, la retraite à 60 ans pour tous, la fin du nucléaire... Faux évidemment. Côté FN, il est particulièrement difficile de recenser tous les mensonges de Marine Le Pen, même si elle tente de crédibiliser ses arguments, chiffres à l'appui. Elle vient de s'illustrer en affirmant à tort que toute la viande distribuée en Ile-de-France était halal. Mais c'est au sujet des bienfaits de la sortie de l'euro et de la préférence nationale que la candidate vaticine le plus.
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Enfin, le Front de Gauche n'est pas non plus en reste. Sur le plateau de Canal+, le directeur de communication de Mélenchon a tenté de piéger Pierre Moscovici, directeur de campagne de François Hollande, à propos d'une éventuelle alliance avec le centre. Il a diffusé une vidéo de 2009 où le dirigeant socialiste évoquait cette possibilité, mais, en tronquant l'extrait, il s'est lui-même décrédibilisé. Ces craques ne sont pourtant rien en comparaison du colossal pipeau du "bouclier fiscal allemand". En 2007, pour justifier la création d'un tel dispositif en France, Nicolas Sarkozy avait invoqué son existence outre-Rhin. Trois ans plus tard, il faisait référence à sa suppression là-bas pour justifier, chez nous, sa disparition. La vérité ? Le bouclier fiscal tel que l'a conçu Sarkozy n'a jamais existé en Allemagne !
Article publié dans le "Nouvel Observateur"du 5 avril 2012.
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