
L'appel à "faire la révolution dans les banques" inspiré par Eric Cantona a fait un flop, mardi 7 décembre : les milliers d'internautes qui s'étaient dit séduits par l'initiative n'ont pas mis leur menace à exécution, tandis que l'ex-star du foot a fait "un retrait bancaire symbolique" à l'écart des médias.
Une vingtaine de journalistes ont attendu toute la journée de mardi la venue de l'ancienne star du ballon rond à l'agence BNP Paribas d'Albert, dans le nord de la France, où il tourne un film. L'agence avait préparé à sa demande une somme d'argent à sa disposition. Afin de rester "à l'écart de l'emballement médiatique", Eric Cantona s'est finalement rendu dans une agence bancaire de la ville voisine de Péronne, a indiqué son avocat.
Eric Cantona aurait par ailleurs fait virer, il y a trois jours, 750 000 euros sur un nouveau compte, selon le site d'informations financières Wansquare. L'ancien joueur de football aurait ainsi décidé de retirer de la banque Leonardo une petite partie de sa fortune tirée notamment de ses nombreux contrats publicitaires avec Bic, L'Oréal, Renault et Nike, pour les déposer vers un compte courant ouvert à son nom au Crédit agricole.
Lors d'une interview à Presse Océan début octobre, l'ancien footballeur de Manchester United avait appelé à retirer son argent des banques pour que "le système s'écroule". Depuis, l'appel a été largement relayé sur Internet, fédéré par deux personnes qui ont fixé la date du 7 décembre pour mettre le projet à exécution.
UN APPEL PEU SUIVI
La plupart des internautes qui avaient annoncé qu'ils videraient leur compte n'ont pas été au rendez-vous. "Nous n'avons rien remarqué. C'est un non-événement", a indiqué la Fédération nationale du Crédit agricole, qui représente l'ensemble des caisses régionales du groupe. A Paris, Lille et Marseille, l'appel à retirer son argent des banques a semblé très peu suivi.
A Marseille, ville natale d'Eric Cantona, les responsables de trois agences bancaires du centre-ville n'ont relevé aucune activité inhabituelle. "Nous n'avons noté aucun changement. Nous n'avons même pas reçu de commandes de fonds en espèces de la part de clients", a expliqué Didier Borriello, directeur de l'agence centrale LCL, dont dépendent 39 autres agences du groupe bancaire. "Je m'attendais à avoir des demandes, nous n'en avons pas eu une seule", a-t-il précisé.
Plusieurs personnes interrogées en agence ou dans la rue ont témoigné de leur sympathie pour l'initiative, sans pour autant vouloir la suivre.

POUR UN "MOUVEMENT CONSTRUCTIF"
Des membres du collectif Sauvons les riches ont détourné l'appel d'Eric Cantona pour en faire un mouvement "constructif". Mardi, habillés en costume de bagnards, ils se sont rendus dans une agence Société générale dans le 10e arrondissement à Paris pour vider leurs comptes avant de déposer les espèces retirées au Crédit coopératif.
Habillé d'une fausse tenue de Cantona sous le maillot de Manchester United, un autre membre du collectif, Maxime Hupel, a salué l'appel d'Eric Cantona tout en précisant que l'objectif de Sauvons les riches "n'est pas de faire écrouler le système", mais "de le faire mieux fonctionner". "Retirer son argent des banques, oui, si c'est pour le mettre dans des banques éthiques. C'est le citoyen qui reprend la main", a ajouté M. Hupel.
"C'est une alternative intermédiaire, mais qui ne réglera pas le problème de fond", a tempéré la scénariste belge Géraldine Feuillien, co-fondatrice du mouvement du 7 décembre. Elle a indiqué à l'AFP avoir reçu de nombreux messages de particuliers ayant effectué des retraits, tandis que quelques dizaines d'internautes affirmaient, sur la page dédiée du réseau social Facebook, avoir suivi l'appel.
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