
« Une année record ! Le meilleur résultat de l’histoire d’Airbus. » Marwan Lahoud, directeur de la stratégie et du marketing d’Airbus Group, maison-mère de l’avionneur européen, peut se montrer satisfait. A l’occasion de la présentation de ses résultats annuels, vendredi 27 février à Munich (Allemagne), Airbus Group a dévoilé un chiffre d’affaires 2014 de 60,7 milliards d’euros, en progression de 5 % par rapport à 2013. Signe de la bonne santé du groupe, le résultat opérationnel a enregistré une hausse de 54 % pour s’établir à 4,04 milliards d’euros. In fine, le bénéfice net s’est envolé en 2014, gagnant 59 % en un an, pour s’établir à 2,34 milliards d’euros. Des performances qui vont principalement bénéficier aux actionnaires. Tom Enders, président exécutif d’Airbus Group, a annoncé une augmentation du dividende de 60 %.
En 2014, le groupe a profité de l’insolente santé d’Airbus, qui représente à lui seul les deux tiers du chiffre d’affaires. « Nous avons nettement amélioré la rentabilité » grâce, entre autres, à « un carnet de commandes record » s’est félicité M. Enders. En 2014, les compagnies aériennes ont passé commande de 1 456 appareils. Au total, à la fin de 2014, le carnet de commandes d’Airbus représentait 857,5 milliards d’euros, soit près de 6 400 avions à produire. Airbus a devant lui « une dizaine d’années de travail. C’est une solide base de croissance », reconnaît Marwan Lahoud.
Il n’empêche, la rentabilité d’Airbus est toujours très loin de celle de son rival, l’américain Boeing. En 2014, Airbus Group a dégagé une rentabilité opérationnelle de 6,7 % là où celle de l’américain s’est établie à 10,7 % pour son aviation commerciale et à 10,1 % pour ses activités de défense. Malgré ce différentiel, M. Lahoud considère que la performance des deux groupes se situe « dans les mêmes eaux ».
Montée en cadence
Pour satisfaire la demande chaque année plus importante des compagnies aériennes, Airbus Group a, une fois de plus, annoncé une augmentation des cadences de production. Principalement celles de son moyen-courrier A320, un « best-seller déjà commandé à plus de 5 000 exemplaires ». Dès le premier trimestre 2017, ce sont 50 A320 qui sortiront des chaînes chaque mois, contre 42 exemplaires aujourd’hui. Tom Enders a aussi indiqué que le rythme de production du tout nouveau gros-porteur long-courrier A350 serait augmenté pour faire face à l’afflux de commandes. Alors que seulement 15 exemplaires seront produits en 2015, Airbus a pour objectif d’en sortir 10 par mois dès 2018.
Outre ces montées en cadence, Airbus a aussi signalé, une réorganisation de la production de son long-courrier A330 qui va, à moyen-terme, céder la place à son successeur l’A330 Neo, aux moteurs moins gourmands en kérosène. « Il faut abaisser doucement la cadence », a expliqué M. Enders. En pratique, Airbus ne produira plus que 9 A330 chaque mois, contre 10 actuellement. Une période de transition qui se poursuivra jusqu’à la fin 2017, quand sera livré le premier exemplaire de l’A330 Neo.
Par ailleurs, Airbus précise que le programme A 380 sera à l’équilibre cette année, et que le premier exemplaire de son moyen-courrier A320 Neo serait livré en octobre 2015.
De record en record
Si les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, en revanche, les avions semblent y parvenir. Ils démentent le constat d’Alexandre de Juniac, PDG d’Air France-KLM, qui a pointé du doigt « une surcapacité » d’avions, responsable, selon lui, de la baisse de la recette unitaire long-courrier d’Air France-KLM en 2014. « Je ne partage pas le sentiment de mon ami Alexandre de Juniac, s’est défendu M. Lahoud. Nous ne constatons pas de surcapacité. Nous sommes très prudents dans la montée en cadence. D’ailleurs, nous espérons livrer un peu plus d’avions en 2015 qu’en 2014 », a ajouté le patron de la stratégie et du marketing.
Si l’aviation commerciale vole de record en record, Airbus Group rencontre toujours des difficultés avec ses activités de défense. Pour faire face aux nouveaux retards de production de l’avion de transport militaire A400, le groupe a annoncé qu’il passait une provision de 551 millions d’euros. Toutefois, Tom Enders a précisé qu’il n’y aurait pas de « transfert de compétences d’Espagne [où est produit l’A400M] vers l’Allemagne ». En revanche, il a signalé que la direction d’Airbus Défense et Espace discutait avec tous les pays clients de l’A400M pour reprogrammer avec eux un nouveau « calendrier de livraisons ». Enfin, M. Enders a annoncé qu’Airbus Group allait « revoir son portefeuille d’activités de défense ». Notamment avec la cession de sites de production en Allemagne. « Le processus est en cours », a reconnu le président exécutif.
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