Biologie animale

Animal ou végétal ? Une distinction obsolète

Algue, champignon, végétal, animal... Ces termes sont utiles dans le langage courant, mais ne sont fondés que sur des ressemblances acquises indépendamment par divers organismes : ils ne reflètent donc aucune parenté évolutive.

POUR LA SCIENCE N° 350
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Les bruits les plus inquiétants circulent à propos du monde vivant ! On dit que « les champignons ne sont plus des végétaux », d'aucuns affirment que « les algues n'existent plus ». Élucubrations ? Non, ces affirmations sont pertinentes pour le taxonomiste, qui classe les organismes. Ces 20 dernières années, ce que l'on croyait acquis a été chamboulé et l'on ne sait plus trop quoi classer au sein des végétaux, un label dont les limites paraissent aujourd'hui bien incertaines. Les animaux, que l'on opposait aux végétaux, deviennent eux aussi un groupe aux frontières floues. Pour y voir plus clair, nous explorerons la classification actuelle des organismes eucaryotes, ceux dont les cellules ont un noyau (tout le vivant sauf les bactéries) afin d'esquisser les contours que l'on peut encore donner aux végétaux : nous verrons alors que, même avec des critères larges, il est difficile de faire des végétaux un groupe homogène. Puis nous reviendrons sur les limites de l'opposition animal/végétal : force sera de constater que rien de bien tranché ne sépare les deux règnes. Auparavant, regardons comment les biologistes conçoivent aujourd'hui la diversité des eucaryotes.

Les classifications modernes (voir l'encadré de la page 68) sont « phylogénétiques », c'est-à-dire qu'elles distinguent des groupes – dits monophylétiques – qui réunissent chacun un ancêtre commun et toute sa descendance. Cette méthode n'ordonne pas les êtres vivants à la façon d'une collection de timbres, en choisissant tel ou tel critère de ressemblance : elle tente de retrouver le scénario historique – unique – de l'évolution. Les classifications phylogénétiques sont souvent établies à partir de séquences de gènes. Les regroupements obtenus parmi les eucaryotes (voir la figure 2) sont surprenants, car ils réunissent des organismes dissemblables. Regardons-en trois exemples qui seront

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Marc-André Selosse

Marc-André Selosse est professeur au Muséum national d’histoire naturelle, professeur aux universités de Gdansk (Pologne) et Kunming (Chine), et membre de l’Académie d’agriculture de France.

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Références

G. Lecointre et H. Le Guyader, Classification phylogénétique du vivant, Belin, 2006.

Les Génies de la science, Linné, n° 26, février-mai 2006.

M.-A. Selosse, La symbiose, structures et fonctions, rôles écologiques et évolutifs, Vuibert, 2000.

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