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Transports

La première route solaire de France inaugurée dans l'Orne

Ségolène Royal, la ministre de l'Environnement, a inauguré la première route solaire de France à Tourouvre-au-Perche, le jeudi 22 décembre 2016

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Ségolène Royal inaugure la première route solaire de France en Normandie le 22 décembre 2016

Ségolène Royal, la ministre de l'Environnement a inauguré la première route solaire de France à Tourouvre-au-Perche jeudi 22 décembre 2016

©CHARLY TRIBALLEAU / AFP

PHOTOVOLTAÏQUE. La ministre de l'environnement Ségolène Royal a inauguré ce jeudi 22 décembre 2016 le premier tronçon de route solaire installé en France, à Tourouvre-au-Perche en Normandie. En tout, un kilomètre de route (soit une surface totale de 2 800 m2) fréquentée quotidiennement par 2000 automobilistes a été recouvert de panneaux solaires  de technologie Wattway. Raccordés au réseau électrique, ils sont censés alimenter en électricité les panneaux routiers, les feux de circulation, l'éclairage ou encore le mobilier urbain alentours. Commencé fin octobre 2016, ce chantier qui a nécessité un investissement de 5 millions d'euros en annonce d'autres. "Après une première mise en œuvre du procédé innovant Wattway sur le site de Tourouvre, l'État va conduire en 2017 un plan d’expérimentation de route solaire sur le réseau routier national, première étape d'un programme de déploiement sur les 4 années à venir. Ainsi, la technologie de la route solaire sera utilisée sur une section de la route nationale 164 en Bretagne. L'aménagement de places de parking sur l’aire de repos de Marzan sur l’autoroute de l’État (non concédée) RN165. Une expérimentation sera également conduite en 2017 dans le Grand Port Maritime de Marseille" détaille le ministère sur son site.

Une technologie pour que les routes produisent de l'énergie

Le procédé d'installation est à priori assez simple. Il suffit de coller directement sur les infrastructures routières existantes des panneaux solaires très fins, qui sont ensuite recouverts d'une résine garnie de particules de verre. Théoriquement ce revêtement doit protéger les panneaux de l'usure due au passage des véhicules, ainsi que des intempéries. Il permettrait donc de rendre les routes productrices d'énergie. Fin 2015, nous vous avions déjà présenté ce dispositif mis au point par l'entreprise Colas (filiale du groupes Bouygues) et le CEA Tech. Les cellules photovoltaïques sont fabriquées par la Scop SNA à Tourouvre.

Présentation du projet de route solaire par la société Wattway

Si le tronçon de route de Tourouvre-au-Perche est le plus long jamais installé, ce n'est en revanche pas la première fois qu'un tel dispositif est déployé. En juin 2016 était installé un parking solaire en Vendée, reposant sur la même technologie. Le projet est présenté dans une vidéo promotionnelle du département :

Présentation du projet par le département

Des projets qui laissent les experts sceptiques

Trois autres sites pilotes en France ont également bénéficié d'installations similaires. Et à l'étranger, on n'est pas en reste. On se souvient par exemple de celui de l'entreprise américaine Solar Roadways que nous vous avions présenté en 2014 basée sur une technologie de dalles hexagonales à imbriquer les unes dans les autres. Ou encore de la piste cyclable solaire SolarRoad, longue de 70m, et installée au nord d'Amsterdam. Là, il s'agit plutôt de blocs de bétons dans lesquels sont coulés les panneaux qui sont connectés les uns au autre.

Toutefois, en France comme ailleurs, ces projets de route solaire laissent certains experts dubitatifs. Ainsi l'ingénieur Dave Jones sur sa chaîne Youtube spécialisée dans l'électronique s'agace de l'engouement pour ces projets "trois fois plus cher et deux fois moins efficaces" que les panneaux solaires classiques montés sur les toits, dans une vidéo datée de février 2016. Installer des panneaux solaires à même le sol et rouler dessus est, selon Dave Jones, "utiliser cette technologie de la manière la plus grossière et la plus inefficace possible" tonne-t-il dans la vidéo ci-dessous.


Interrogé par l'AFP, Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), se dit lui aussi "interrogatif". "On a un prototype à environ 17 euros par watt alors qu'on arrive à 1 euro par watt pour des centrales (photovoltaïques, NDLR) au sol. La question est donc de savoir quel est le potentiel de réduction de ce coût", a-t-il expliqué. On notera tout de même que l'entreprise Colas évoque plutôt le chiffre de 6 euros par watt crête (c'est à dire dans des conditions optimales) en prix de commercialisation de son installation. Le représentant de la principale organisation professionnelle du secteur s'interroge lui aussi sur la quantité d'énergie produite en conditions réelles. "Les panneaux photovoltaïques sont en position horizontale, ce qui n'est pas l'inclinaison optimale", remarque-t-il, ajoutant que le passage de véhicules "diminue la production d'énergie".

Et Dave Jones de conclure dans la vidéo ci-dessus : "Après 5 ans de développement, tout ce que vous voyez de ces entreprises (qui développent des routes solaires) c'est juste une photo d'un camion simplement garé sur les panneaux. En fait ils n'ont même pas installé un kilomètre de ce truc sur une vraie route avec des camions qui roulent dessus en écrasant leurs freins, afin de tester l'usure normale pendant un an". C'est désormais chose faite, et l'épreuve en conditions réelles peut commencer.

EL. Avec AFP

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