“Comment la NSA peut voir ‘presque tout ce que vous faites en ligne’ ”, titre en une ce jeudi 1er août le quotidien britannique, à l’origine des premières révélations sur les écoutes illégales pratiquées par l’agence de renseignement américaine. Il publie de nouveaux documents secrets, qui décrivent le fonctionnement de “XKeyscore”, un puissant logiciel qui permet aux analystes américains d’intercepter facilement les communications d’internautes du monde entier. Un logiciel que la NSA considère comme son outil ayant “la plus grande portée”.
“Le programme couvre ‘pratiquement tout ce que fait un individu sur le web’, y compris le contenu des courriels, des sites visités et des recherches”, explique le Guardian. XKeyscore permet au personnel habilité de rechercher très facilement des informations parmi la masse de données collectées par la NSA (depuis 2007, 850 milliards d’appels téléphoniques et 150 milliards de données internet ont été collectés). Par exemple, accéder au contenu des mails et aux destinataires - y compris les utilisateurs qui sont en copie - en entrant simplement l’adresse web d’un individu ; lire les messages privés échangés sur Facebook à partir du simple nom d’une personne ; connaître l’historique de navigation de chacun ; ou encore retrouver les adresses IP de toute personne qui visite un site choisi par l’analyste.
Dans le document publié par le Guardian, l’agence assure que “depuis 2008, 300 terroristes ont été capturés à partir des renseignements donnés par XKeyscore”. S’il paraît très efficace, XKeyscore est cependant à la limite de la légalité : depuis 2008, la NSA est légalement tenue d’informer chaque citoyen américain avant de le cibler. Or, avec cet outil, “les analystes de la NSA sont autorisés à intercepter les communications d’invididus [américains] sans les avertir s’ils sont en contact avec l’une des cibles étrangères de la NSA”, note le quotidien. Une dérive critiquée par de nombreux parlementaires américains, dont le sénateur Ron Wyden, qui a dénoncé mardi au Sénat des “violations plus sérieuses que celles déclarées par la communauté de l’espionnage, et qui sont troublantes”.

L’indépendance et la qualité caractérisent ce titre né en 1821, qui compte dans ses rangs certains des chroniqueurs les plus respectés du pays. De centre gauche, proeuropéen, The Guardian est le journal de référence de l’intelligentsia, des enseignants et des syndicalistes.
Contrairement aux autres quotidiens de référence britanniques, le journal a fait le choix d’un site en accès libre, qu’il partage avec son édition dominicale, The Observer. Les deux titres de presse sont passés au format tabloïd en 2018. Cette décision s’inscrivait dans une logique de réduction des coûts, alors que The Guardian perdait de l’argent sans discontinuer depuis vingt ans. Une stratégie payante : en mai 2019, la directrice de la rédaction, Katharine Viner, a annoncé que le journal était bénéficiaire, une première depuis 1998.