
JUSTICE - Isaac Steidl, le fondateur et administrateur du site de rencontres et de tchat Coco, fermé en juin 2024, a été mis en examen ce jeudi 9 janvier, a annoncé le parquet. Il est accusé d’avoir servi à la commission de nombreux crimes sexuels, notamment dans l’affaire des viols.
Six mois après la fermeture judiciaire de cette plateforme, l’Italien Steidl a été mis en cause par un juge d’instruction de la Juridiction nationale de lutte contre le crime organisé (Junalco) pour de nombreuses infractions dont association de malfaiteurs, proxénétisme aggravé ou encore administration d’une plate-forme en ligne pour permettre une transaction illicite en bande organisée.
Il a été placé sous contrôle judiciaire avec l’obligation de payer une caution de 100.000 euros et l’interdiction de quitter le territoire national, précise le parquet de Paris, ministère public à la Junalco.
De nombreuses infractions relevées à son encontre
Isaac Steidl était entendu dans le cadre d’une information judiciaire ouverte par la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée pour plusieurs infractions. Dans le détail : complicité de trafic de stupéfiants, de détention et diffusion d’images pédopornographiques, de corruption de mineur via Internet, mais aussi pour les infractions de proxénétisme aggravé, association de malfaiteurs, blanchiment aggravé, et encore pour l’administration d’une plateforme en ligne pour permettre une transaction illicite en bande organisée. Les faits courent de 2018 à 2024.
Plusieurs de ces infractions font encourir 10 ans d’emprisonnement, et le trafic de stupéfiants ou sa complicité jusqu’à 7,5 millions d’euros d’amende. Isaac Steidl avait été entendu en juin en Bulgarie, et des comptes bancaires avaient « été gelés en Hongrie, Lituanie, Allemagne, Pays-Bas. Plus de cinq millions d’euros ont été saisis », avait annoncé à l’époque la procureure de Paris, Laure Beccuau.
Des enquêteurs de l’Office national antifraude (Onaf) et de l’UNCyber ainsi qu’un magistrat du parquet de Paris avaient assisté à son audition en tant qu’observateurs.
Plus de 23.000 faits dénoncés
Trois de ses proches, soupçonnés d’avoir « exercé un rôle actif dans l’administration de la plateforme ou tiré profit des infractions », avaient aussi été entendus en France et laissés libres à l’issue de leur interrogatoire.
Puis fin juillet 2024, deux modérateurs du site avaient été interpellés à Oignies (Pas-de-Calais) et Limoges, avait indiqué une source policière à l’AFP. L’enquête préliminaire avait débuté en décembre 2023 avec selon le parquet de Paris « centralisation des procédures de 71 parquets, au préjudice de plus de 480 victimes ». « Au total, plus de 23.000 faits ont été dénoncés comme ayant été commis par l’intermédiaire de “Coco” », avait fait savoir Laure Beccuau.
Pour entrer sur le site, qui se présentait comme un « site de chat sans inscription », il suffisait de renseigner son genre, son âge, son code postal et de créer un pseudo, sans aucun contrôle. Immatriculé sur l’île anglo-normande de Guernesey, il se présentait sous un visuel des années 80 qui rappelait le Minitel.
Le site internet Coco se trouvait notamment au cœur du procès de Dominique Pelicot, dans l’affaire au retentissement mondial des viols de Mazan (Vaucluse). C’est sur ce site que le septuagénaire recrutait les hommes, qu’il invitait à venir violer son épouse, sédatée, à leur domicile. Le site a également été cité dans des affaires de guet-apens homophobes.
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