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Pourquoi les tests rapides ont échoué face à la deuxième vague de Covid en Italie

L’Italie a effectué des millions de ces tests rapides de détection du coronavirus, appelés tests « antigéniques ». Son succès apparent a ainsi encouragé la Grande-Bretagne, les États-Unis et d’autres à suivre cette voie. Et pourtant, ces tests n’ont pas arrêté l’épidémie.

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L’Italie a effectué des millions de ces tests rapides de détection du coronavirus, appelés tests « antigéniques » et les résultats négatifs permettent aux citoyens de circuler librement. Son succès apparent a ainsi encouragé la Grande-Bretagne, les États-Unis, la Slovaquie et d’autres à suivre cette voie.

La France aussi emboîte le pas. Le gouvernement veut renforcer sa stratégie de lutte contre la deuxième vague en déployant des tests rapides dans les pharmacies, les gares, les aéroports et dans des centres dédiés. « Ces tests vont nous permettre de renforcer nos capacités de diagnostic. Je souhaite que nous testions encore massivement dans les semaines à venir dans notre pays », soulignait dimanche le ministre de la Santé Olivier Véran.

Plus d’un million de cas en Italie

Et pourtant, en Italie ces tests n’ont pas arrêté une épidémie qui est passée d’environ 500 cas par jour en août, lors de leur mise en place, à plus de 35.000 désormais, avec des infections qui ont dépassé le million de cas ce mercredi 11 novembre.

« Je pense que ces tests ne sont pas utilisés correctement pour le moment, ils sont proposés au hasard à tout le monde », déclare le professeur de médecine moléculaire Andrea Crisanti de l’Université de Padoue.

Un vaccin contre le Covid-19 pourrait, semble-t-il, être prêt dans les semaines et mois qui viennent, mais pas à temps pour lutter contre la vague actuelle d’infections en Europe et ailleurs.

Les responsables politiques doivent trouver des solutions alternatives pour éviter les confinements généralisés du printemps avec leurs très lourdes conséquences économiques et sociales.

« Vous avez un moyen de comprendre immédiatement si un patient a le virus »

L’Italie a fermé les bars, les restaurants et les magasins dans les zones les plus touchées et instauré un couvre-feu nocturne à l’échelle nationale, mais a jusqu’à présent évité un second confinement généralisé, les tests antigéniques représentant un élément essentiel de cette stratégie.

Il ne faut que quelques minutes pour obtenir un résultat et ils sont bon marché, contrairement aux tests PCR moléculaires, considérés comme étant les tests de référence mais dont les résultats demandent un à deux jours, un délai atteignant en Italie jusqu’à six – sept jours parfois, les laboratoires ne pouvant pas traiter efficacement le grand nombre de tests.

« Avoir un tel instrument est essentiel, vous avez un moyen de comprendre immédiatement si un patient a le virus. C’est un bon point de départ », plaide le Dr Francesco Stevanato, qui a effectué une cinquantaine de tests dans sa clinique de Venise.

On a pensé que leur diffusion dans les aéroports pourrait contribuer à protéger l’industrie du voyage et qu’avec une plus grande disponibilité, les écoles et les entreprises pourraient elles aussi rester ouvertes en toute sécurité.

Le professeur Sergio Abrignani, de l’université de Milan, qui a cosigné en septembre une lettre avec certains des plus grands scientifiques italiens appelant à leur généralisation, reconnaît qu’ils ne constituent pas la panacée. « Mais il y a des situations pratiques où le test antigénique n’a pas d’alternative », souligne-t-il. « Par exemple, lorsque je suis à bord d’un train ou d’un bateau et que je veux réduire le risque. Le test moléculaire prend trop de temps pour me donner une réponse ».

Dans l’idéal, il faudrait compléter les tests antigéniques avec des tests PCR

Toute personne dont le test de dépistage antigénique est positif en Italie est censée subir un test PCR pour confirmer le résultat. Mais comme les tests rapides ont un niveau de précision de 80/90 %, des personnes infectées peuvent passer à travers les mailles du filet.

« Si votre objectif est de dépister une communauté pour savoir s’il y a transmission, très bien », selon M. Crisanti. Mais dans l’idéal, il faudrait les compléter avec des tests PCR fiables à près de 100 %.

Le ministère italien de la Santé a indiqué à l’AFP qu’il n’y avait pas de stratégie spécifique pour les tests, sinon de renforcer la capacité de dépistage.

Une approche globale de lutte contre le Covid-19 est difficile en Italie car les régions italiennes sont responsables localement de la politique sanitaire, entraînant ainsi une grande disparité.

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