Une opportunité pour mon exploitation ?

Gestion du ray-grass sur blé tendre en AB (labour, faux-semis, décalage de la date de semis, herse étrille et binage). À gauche, Jean Arino, conseiller AB à la Chambre d'agriculture du Gers et à droite, Céline Drillaud, Arvalis-Institut du végétal. (©Nicolas Mahey)
Gestion du ray-grass sur blé tendre en AB (labour, faux-semis, décalage de la date de semis, herse étrille et binage). À gauche, Jean Arino, conseiller AB à la Chambre d'agriculture du Gers et à droite, Céline Drillaud, Arvalis-Institut du végétal. (©Nicolas Mahey)

Jean Arino et Céline Drillaud
Gestion du ray-grass sur blé tendre en AB (labour, faux-semis, décalage de la date de semis, herse étrille et binage). À gauche, Jean Arino, conseiller AB à la Chambre d'agriculture du Gers et à droite, Céline Drillaud, Arvalis-Institut du végétal. (©Nicolas Mahey)

L’agriculture biologique est-elle une opportunité pour mon exploitation ? À quelles conditions ? Selon Serge Rostomov, directeur technique d’Agri bio Union, « la production française de céréales, d’oléagineux et protéagineux bio est aujourd’hui de 500 000 t/an, contre 70 à 80 Mt/an en conventionnel ». En 2016, les surfaces en bio ont bondi de 20 % par rapport à 2015. Cette année-là, cette augmentation avait été de 33 %, portant aujourd’hui à environ 3 % la SAU française consacrée aux grandes cultures en bio(*).

Engagement environnemental ou motivation économique 

Un engouement salué par Paul Barradat, céréalier à Cadeilhan dans le Gers, qui y voit la même « vague de fond » que celle qui l’avait conduit à quitter en 1977 son métier d’enseignant pour devenir agriculteur : « C’est pour moi un engagement ancien très lié à l’écologie et à l’environnement », pointe celui qui est aujourd’hui à la tête d’une exploitation de 120 ha entièrement certifiée. Romain Planès (260 ha de cultures mixtes conventionnel/AB à Soupex, dans l’Aude) admet lui aussi être sensible aux problématiques d’impact environnemental, tout en mettant en avant des motivations plus économiques. « Il me semble que le marché en bio se tient mieux qu’en conventionnel », avance-t-il. Actuellement en conversion sur 80 ha, il prévoit de certifier 10 à 20 ha supplémentaires chaque année, « mais en gardant en conventionnel les terres les plus difficiles. »

Inquiétudes côté phosphore

Tout deux s’accordent sur plusieurs points ; la rotation, « clef de voûte du système », doit être au cœur du fonctionnement agronomique de l’exploitation, tout comme la gestion des adventices. L’un comme l’autre expriment aussi leurs inquiétudes concernant l’aspect fertilisation. « On peut gérer l’azote, mais pour les fumures de fond, c’est plus compliqué, surtout en l’absence d’élevage voisin, souligne Romain Planès. C’est vrai qu’en bio il y a des marchés, les cours sont élevés mais les intrants sont chers et on maîtrise moins bien le rendement. » Régis Hélias (Arvalis-Institut du végétal) alerte notamment sur la difficulté à maintenir des niveaux de phosphores satisfaisants : « Les recherches prouvent une baisse de la disponibilité de cet élément à moyen-long terme. Nous n’avons pas d’engrais efficace en termes d’apport de phosphore. Les systèmes bio exportent beaucoup, sans capacité à en rapporter. Ce qui est inquiétant aujourd’hui, c’est que certains se convertissent en partant avec des valeurs très basses. » D’après le spécialiste, on peut légitimement s’interroger sur la durabilité de ces systèmes : quels seront les gisements disponibles demain ? « C’est un sujet préoccupant pour les prochaines années. »

De gauche à droite : Paul Barradat, Romain Planès, Laurence Fontaine (ITAB), Régis Hélias (Arvalis), Serge Rostomov (Agri bio union).
De gauche à droite : Paul Barradat, Romain Planès, Laurence Fontaine (Itab), Régis Hélias (Arvalis-Institut du végétal), Serge Rostomov (Agri bio union). (©Nicolas Mahey)

Un marché très organisé

Côté filière, Serge Rostomov rappelle que les céréales bio sont un marché très organisé qui amène parfois les coopératives à orienter les agriculteurs dans l’implantation de telle ou telle culture, suivant les années et la demande. « Il nous arrive de dire, "cette année le marché de cette espèce est compliqué, on vous demande de diminuer les surfaces par deux". Si on ne le fait pas, les prix peuvent se casser la figure. »

(*) Source : Agence bio

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