Le séisme industriel de PSA en France

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Ahmed
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par Ahmed » 07/08/12, 21:55

Philippe Schutt, tu écris:
Avec une progression du PIB plus ou moins identique à la croissance démographique, il n'y a pas d'augmentation de la production mais une baisse correspondant à l'inflation.

Le PIB ne traduit que l'échange effectif de biens ou de services; un des facteurs limitant (et de fait, le) étant, bien évidemment, la possibilité que les échanges se réalisent.
Le potentiel de marchandises pouvant faire l'objet de cet échange dépend, lui, de la productivité et des capacités industrielles: force est de constater qu'elles excèdent de beaucoup la capacité d’absorption du marché, c'est ce que je voulais dire.

Plus loin:
Si le travail tend à diminuer en unités de temps du fait de l'automatisation, il n'en reste pas moins nécessaire à la création de richesse.

Sans doute! Cependant, si l'automatisation réduit le prix des produits, c'est bien qu'il y a diminution de valeur* aussi constante que l'augmentation de la productivité.
L'autre conséquence est l'augmentation des personnes inutiles à la production directe et moins efficientes (en fonction de leur plus ou moins grande prise en charge par la collectivité) en ce qui concerne le second volet de la production, e.i. la destruction (également appelée consommation) des marchandises.

Ces deux phénomènes concomitants sapent progressivement les fondements de l'économie qui est, à elle-même, sa plus grande ennemie! Cela rend vains les souhaits de relance de l'industrie.
De même, cela montre combien est chimérique la condamnation de la financiarisation, seul issue temporaire et illusoire pour permettre au système économique de ne pas se désintégrer.
Je dis temporaire et illusoire, car la finance de la Dette repose sur l'idée que ces sommes factices deviendrons, dans un futur indéterminé, une réalité qui viendra abonder le système... un peu comme ces personnages de dessins animés qui continuent de marcher alors qu'ils ont franchis le bord du précipice.


*La formule "création de richesse" est imprécise car elle n'explicite pas s'il s'agit d'une création de valeur pour le producteur ou d'une valeur pour l'usager.
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Philippe Schutt
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par Philippe Schutt » 08/08/12, 08:57

Oui, en approche globale d'un système fermé et aux règles uniformes.

Or tel n'est pas le cas, loin s'en faut. Peugeot subit les conditions défavorables de sa zone de production en plus de la crise dans sa zone commerciale. D'un point plus général, la balance commerciale française montre que le problème n'est pas isolé et Renault reconnait que sa résistance aux aléas européens vient de ce qu'il n'est plus français.

Et que le système porte en lui sa propre contradiction peut aussi être considéré comme son moteur de progrès.
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Ahmed
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par Ahmed » 08/08/12, 14:31

Les dirigeants automobiles, dans la mesure où ils s'intéressent encore à ce genre de production, sont bien conscients que leurs marché potentiels sont situés hors de l'Europe...'sauf avortement!).

L'approche globale d'un système fermé ne me semble pas un non-sens puisque la mondialisation réalise cette fermeture; certes, la condition des règles uniformes ne peut être respectée localement, puisque dépendant des rapports de force internationaux, mais il y a cependant une homogénéisation, dans le sens où les contraintes systémiques s'appliquent à tous les acteurs économiques.

Et que le système porte en lui sa propre contradiction peut aussi être considéré comme son moteur de progrès.

Qu'il comporte des contradictions susceptibles de susciter son dynamisme et sa capacité d'adaptation, le passé le montre bien.
Cependant, un système joue "en aveugle" et une suite de réactions appropriées au coup par coup ne préjuge pas de sa capacité finale à anticiper un avenir que ses succès précédents ont hypothéqués.
Ce n'est pas une simple possibilité résultant de cette lacune (l'incapacité de se projeter suffisamment loin dans l'avenir), mais l'impossibilité graduelle de la condition essentielle de son fonctionnement: réaliser un profit en mettant une marchandise sur le marché.
Dit autrement, puisque l'économie est avant tout une théologie, c'est l'incapacité de promettre un bonheur futur (parousie) désormais ajourné indéfiniment puisqu'il n'y a plus de croissance* (qui était signe de l'approche du but) et que nombre de croyants (travailleurs) se retrouvent excommuniés (chômeurs).
Une religion où la possibilité de faire partie des "élus" est réservée à une infime minorité et où la damnation devient le lot général condamne la société hôte à la déréliction et au désespoir: le schisme n'est pas loin! :P

*Ne parle-t-on pas du "miracle" de la croissance ? Ce n'est certainement pas par hasard.
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par sen-no-sen » 10/08/12, 13:04

Ahmed a écrit :
Dit autrement, puisque l'économie est avant tout une théologie, c'est l'incapacité de promettre un bonheur futur (parousie) désormais ajourné indéfiniment puisqu'il n'y a plus de croissance* (qui était signe de l'approche du but) et que nombre de croyants (travailleurs) se retrouvent excommuniés (chômeurs).
Une religion où la possibilité de faire partie des "élus" est réservée à une infime minorité et où la damnation devient le lot général condamne la société hôte à la déréliction et au désespoir: le schisme n'est pas loin! :P

*Ne parle-t-on pas du "miracle" de la croissance ? Ce n'est certainement pas par hasard.


J'aime bien cette comparaison religion/économie.
D'ailleurs on peut commencer à voir l'apparition de quelques inquisiteurs,qui va t’ont mettre sur le bûcher(nous peut être)?




Sen-no-sen, tu écris:
Citation:
Aller à la chasse ou à la cueillette, c'est travailler

Non! Justement, ce sont des activités! Il est essentiel de comprendre la différence entre ces deux concepts de travail et d'activité et ce n'est pas simple pour nous qui voyons tout au travers du filtre du travail!


Ok pour activités,mais je sous entendais travail du point de vue de la physique.
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par Philippe Schutt » 10/08/12, 19:36

Les disparités restent énormes. Par exemple en Inde les entreprises qui font plus de 80% à l'export ne payent pas d'impôt sur le bénéfice. En Chine les exportations sont subventionnées, pour illustration un fournisseur m'a justifié une hausse tarifaire par la baisse de la subvention de 11 à 8%. Et ceci sans parler des couts salariaux.
Enfin bon, force est de constater que Peugeot n'est pas un cas isolé, mais que toute l'industrie pâtit des politiques démagogiques pratiquées depuis plus de 10 ans qui ont détruit la compétitivité française, et qu'on approche maintenant du point de rupture où les meilleures entreprises décrochent.
Le gouvernement accuse Peugeot et à travers eux toutes les entreprises de ne pas réussir à financer leurs promesses débiles.
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par sen-no-sen » 10/08/12, 19:50

Philippe Schutt a écrit :Les disparités restent énormes. Par exemple en Inde les entreprises qui font plus de 80% à l'export ne payent pas d'impôt sur le bénéfice. En Chine les exportations sont subventionnées, pour illustration un fournisseur m'a justifié une hausse tarifaire par la baisse de la subvention de 11 à 8%. Et ceci sans parler des couts salariaux.


Les conditions sociales ne sont pas les mêmes!
En l’occurrence c'est à eux de s'aligner sur nous, pas l'inverse.
Mais bon, le social c'est comme le vélo,il est plus facile de descendre que de monter... :|
De toute façon, à brève échéance, Chine et Inde entreront en récession comme tout le monde, et en cas de crise majeur,il ne fait pas bon d'être un géant.
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par Philippe Schutt » 10/08/12, 20:30

sen-no-sen a écrit :Les conditions sociales ne sont pas les mêmes!

oui, et je n'en parlais même pas !
sen-no-sen a écrit :En l’occurrence c'est à eux de s'aligner sur nous, pas l'inverse.

Pas d'accord ! pas assez chez eux, trop chez nous. un moyen terme ?
Et question revenu, d'un point de vue purement écologique, il faut réduire chez nous et sérieusement.
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par sen-no-sen » 10/08/12, 21:18

Philippe Schutt a écrit :
sen-no-sen a écrit :En l’occurrence c'est à eux de s'aligner sur nous, pas l'inverse.

Pas d'accord ! pas assez chez eux, trop chez nous. un moyen terme ?
Et question revenu, d'un point de vue purement écologique, il faut réduire chez nous et sérieusement.


Je parlais de conditions sociale, pas de conditions matériel!
Niveau consommation, il est clair que nous vivons très au dessus de ce qui écologiquement tolérable, sans une décroissance forte (chez nous) il n'y aura pas de solution à la misère mondiale.
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par Ahmed » 10/08/12, 22:20

Sen-no-sen, tu écris:
Ok pour activités,mais je sous- entendais travail du point de vue de la physique.

L'activité physique est une nécessité biologique et un besoin primaire, aucun être vivant n'y échappe; cependant cette considération est étrangère à ce qui nous intéresse ici: les rapports sociaux qui découlent de l'organisation particulière du travail (et non la production économique, pseudo-rationnalité).
Historiquement, l'activité et le travail (apparu beaucoup plus tardivement) ont coexistés jusqu'à l'aube de la révolution industrielle, époque à partir de laquelle le second l'a emporté progressivement sur la première, tout en changeant de nature.

Ailleurs:
...sans une décroissance forte (chez nous) il n'y aura pas de solution à la misère mondiale.

Avec une décroissance forte et subie, il n'y aura pas plus de solution à la misère mondiale.

@ Philippe Schutt: Tu parles des disparités dues aux subventions: la doxa officielle parle volontiers "de concurrence libre et non faussée", mais le jeu économique comporte des règles qui varient au cours de la partie au gré des rapports de force et rien ne fonctionne comme ce qui est proclamé...

Plus loin, tu parles de "démagogie" dont aurait fait preuve le gouvernement à l'égard des employés des grandes firmes françaises, le terme me semble inapproprié et faussement explicatif.
À une époque pas si lointaine les bénéfices de ces entreprises étaient très confortables et je ne pense pas que les salaires des "opérateurs" (ouvriers en Novlangue) ressortaient de largesses somptuaires.
Aujourd'hui, des rapports de force bien différents prévalent et l'inutilité croissante de ces secteurs pour générer de la valorisation rendent bien moins utiles les travailleurs eux-mêmes, d'où la dégradation de leurs conditions de travail et de rétribution.
Notons que ces mêmes conditions permettent une disparité de plus en plus grandes entre smicards et dirigeants, constatation qui n'incite guère ces derniers à une vision un peu critique de la situation.
Aujourd'hui, aligner (approximativement) les salaires de base sur ceux des ouvriers chinois (simple hypothèse d'école) ne résoudrait d'aucune façon les problèmes de l'économie française, mais garantirait l'élargissement de ce qu'un homme habile avait qualifié de "fracture sociale", expression délicieusement neutre, suggérant une cause accidentelle, donc involontaire, beaucoup plus classieuse que, par ex. "inégalité sociale", pour le coup réellement démagogique! :cheesy:
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par Obamot » 11/08/12, 03:04

Ahmed a écrit :Les dirigeants automobiles, dans la mesure où ils s'intéressent encore à ce genre de production, sont bien conscients que leurs marché potentiels sont situés hors de l'Europe...'sauf avortement!).

L'approche globale d'un système fermé ne me semble pas un non-sens puisque la mondialisation réalise cette fermeture; certes, la condition des règles uniformes ne peut être respectée localement, puisque dépendant des rapports de force internationaux, mais il y a cependant une homogénéisation, dans le sens où les contraintes systémiques s'appliquent à tous les acteurs économiques..

Un moyen efficace serait pour les entreprises, de ne pas s'endetter à long terme. Mais elle ne serait pas à l'abri d'un recul des ventes sur les marchés d'écoulement de leur production. Et guère possible de trouver de nouveaux débouchés en ces périodes là, en effet.

Ahmed a écrit :
Et que le système porte en lui sa propre contradiction peut aussi être considéré comme son moteur de progrès.

Qu'il comporte des contradictions susceptibles de susciter son dynamisme et sa capacité d'adaptation, le passé le montre bien.
Cependant, un système joue "en aveugle" et une suite de réactions appropriées au coup par coup ne préjuge pas de sa capacité finale à anticiper un avenir que ses succès précédents ont hypothéqués.
Ce n'est pas une simple possibilité résultant de cette lacune (l'incapacité de se projeter suffisamment loin dans l'avenir), mais l'impossibilité graduelle de la condition essentielle de son fonctionnement: réaliser un profit en mettant une marchandise sur le marché.
Dit autrement, puisque l'économie est avant tout une théologie, c'est l'incapacité de promettre un bonheur futur (parousie) désormais ajourné indéfiniment puisqu'il n'y a plus de croissance* (qui était signe de l'approche du but) et que nombre de croyants (travailleurs) se retrouvent excommuniés (chômeurs).
Une religion où la possibilité de faire partie des "élus" est réservée à une infime minorité et où la damnation devient le lot général condamne la société hôte à la déréliction et au désespoir: le schisme n'est pas loin! :P

*Ne parle-t-on pas du "miracle" de la croissance ? Ce n'est certainement pas par hasard.

On ne peut que constater que ce système est fondé sur la dualité (perdants VS gagnants...) toute l'astuce résidant à faire comprendre à sa proie, ce qu'elle a à gagner à se faire bouffer, pour en tirer du profit.
Dans le panel des "futurs possibles", c'est celui-là que les puissants ont choisis pour assurer leur suprématie, au risque d'y laisser leurs propres plumes: ils connaîssent tous la règle du jeu.

C'est un système de pragmatisme qui s'exerce dans un autre système de prédation et qui s'exerce à tous les étages, et c'est sans doute ce qui fait croire à certains à l'existance de "complots". Certes ils existent mais tout le reste est tacite.

Dans le secteur secondaire, je vois le pragmatisme plutôt recentré sur tout ce qui fait la capacité de l'entreprise à savoir s'adapter au marché en fonction de la demande (le cycle de production intégrant les cycles de produits, de leur conception à leur remplacement) et la prédation comme conséquence de la sacro-sainte régulation du marché (il n'y a plus tant de théologie possible, c'est de l'ordre de la secte...)
Et on est toujours et encore dans la dualité...

Nous vivons une situation d'autisme. Ce qui manque à l'économie de marché, c'est la planification des marchés. Il me semble que c'est une intégration que la Chine a réussit à faire par abstraction. Et forcément l'Allemagne – comme tu le rappelais – avec son Economie Sociale de Marché. C'est un sujet à creuser...
J'arrête là pour l'instant, il est tard. :cheesy:
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