Merci patron!

[Ahmed]

Dans un style (très!) ironique, le réalisateur endosse le rôle d'un admirateur inconditionnel de Bernard Arnault pour essayer de rencontrer son "idole" afin de lui soumettre le cas d'un couple qu'une de ses filiales a licencié après délocalisation de l'usine. C'est une approche très drôle d'un drame collectif qui se heurte au silence des médias, c'est pourquoi je transmets l'information ici.
J'ignore comment insérer directement une vidéo, mais voici un lien de la présentation du film.

Edit modération, comme cela:

https://www.youtube.com/watch?v=RFy_uXZmOBg

[Christophe]

Bien mais hyper ciblé sur LVMH...il y en a tant d'autres...

Quelques infos post sortie:

117 221 entrées en trois semaines, un passage progressif de 39 salles à 71 (bientôt plus), un taux de satisfaction énorme, un engouement des exploitants qui s’arrachent les copies ! Le film à charge de François Ruffin contre Bernard Arnault cartonne au-delà des espérances.

De la à titrer "phénomène" avec 100 000 entrées en 3 semaines...euh...comme dire c'est un peu exagéré non?

http://www.premiere.fr/Cinema/News-Cine ... e-decrypte

ps: B. Arnault devrait dire: "Merci Pardon!"

[Ahmed]

Christophe, tu écris:

Bien mais hyper ciblé sur LVMH...il y en a tant d'autres...

Le film porte effectivement sur l'empire de B. Arnault, mais ce n'est qu'un prétexte narratif visant à ne pas alourdir le propos. Il est évident que ce que vise François Ruffin c'est l'ensemble des prédateurs, de même que sortir ce couple de la mouise n'est pas le véritable objectif, c'est seulement un procédé qui, au-delà, du cas particulier, doit se comprendre dans sa dimension sociale: n'oublions pas qu'il s'agit d'une fable réaliste qui demande un effort de mise en perspective de la part des spectateurs. Le réalisateur à voulu avant tout éviter le film militant qui se voulant trop démonstratif, devient vite ennuyeux: on ne peut pas inviter les gens à retrouver l'espoir de reprendre leur vie en main et penser pour eux.

Plus loin:

De là à titrer "phénomène", avec 100 000 entrées en 3 semaines...euh...comme dire c'est un peu exagéré non?

C'est vrai si l'on compare avec les blockbusters américains, mais il faut tenir compte que ce film s'est vu refuser l'accès à la plupart des médias (détenus par des semblables à B. Arnault et qui ne goûtent pas vraiment ce coup de projecteur peu flatteur), donc, oui, ce film s'est fait sa place pratiquement tout seul, par l'intérêt que cette démarche originale a suscité, et de ce point de vue je pense que l'on peut vraiment parler de phénomène.

Je n'ai pu visionner le film en entier, donc mes commentaires suivants sont avancés avec prudence.
Le plus: le grand mérite du projet et de montrer, face aux extraordinaires moyens déployés en faveur du maintien et de la progression de l'oligarchie, qu'une simple équipe de pieds-nickelés peut parvenir à les déstabiliser suffisamment pour leur inspirer une frousse considérable. C'est là un vrai motif d'espoir et cela montre bien qu'il y a place pour autre chose que la résignation et le chacun pour soi, deux attitudes vouées à l'échec .
Le moins: diminuer les inégalités économiques est un objectif qui devrait normalement (en l'absence de moyens qui faussent les rapports de force) rallier le plus grand nombre; le danger serait de se limiter à cette aspiration qui, d'une certaine façon et si l'on n'y pas garde (faute d'une véritable conscience politique) légitime les Arnault & Co : l'argent comme finalité.

[Ahmed]

Comme le disait Christophe, le succès du film lui ouvre chaque jour de nouvelles salles et j'ai donc pu le visionner.
C'est une sorte de commedia dell'arte contemporaine, très habile et jubilatoire, mené avec beaucoup de talent par François Ruffin qui mêle réalité et invention, la seconde servant à influer sur la première... une grande réussite.

La réserve* que j'avais exprimée plus haut demeure: que les ouvriers roulent à leur tour les patrons, comme ils le sont habituellement par ces derniers, que l'usage du chantage s'inverse, tout cela reste immanent au système critiqué et, fondamentalement, rien n'est changé: les catégories propres au capitalisme, que sont l'argent, le travail, la compétition, sortent indemnes de cette fable réelle. Il faudra maintenant être attentif aux prolongements que suscite déjà ce film, pour observer si un dépassement de ces catégories est, oui ou non, à l'ordre du jour. Si ce n'était le cas, le mouvement "debout, la nuit" ne ferait que répéter inutilement celui de "occupy wallstreet".

*Qui n'est pas une critique, mais une constatation: une approche plus théorique ne pouvait pas facilement s'intégrer à la trame narrative de cette œuvre.

[Ahmed]

Malheureusement (mais pouvait-il en être autrement?), la suite des événements confirme que la faiblesse de la réflexion théorique (nécessaire, quoiqu'insuffisante*) à fait de la "nuit debout", quasi appendice de ce film, une suite de happenings où tout un chacun à pu délivrer son message, exprimer son ressenti, tandis que les institutionnels de la critique sont venus accomplir leur prestation rituelle: vigueur et élévation des propos et, sur le fond, conservatisme frileux des subventionnés de la contestation, renfermés sur l'idée d'un capitalisme "régulé" et démocratique (?)...

*Ce n'est pas le rôle de la théorie de décrire la réalité souhaitable, seulement de mettre en lumières les aliénations qui s'opposent à de vrais choix.

[sen-no-sen]

Rien d'étonnant à cela! Nuit debout,les indignés,occupy wall street sont ce que pourrait appeler des "mouvements de places".
Il s'agit pour la plupart du temps de rassemblements hétéroclites sur des places publiques rassemblant en premier lieux des activistes et par phénomène d'épuisement des marginaux.
Ses mouvements n'ont aucun avenir, à moins d'être piloté depuis l'étranger pour générer des "printemps" visant à destituer un gouvernement en place.
En France,le gouvernement de Mr Valls "étant dans les clous",il était en soi logique que "ND" se termine de la sorte.

Il apparait également, et ceux dès sont apparition, que le mouvement fut intégralement phagocytée par des groupes d’extrême gauche(anar,troskyste etc...)excluant d'emblée des observateurs issu d'autres courants politiques.
Dans la mesure ou se type de groupuscules ne représente qu'une infime partie des citoyens, il n'y avait dès lors rien à attendre.
La mécanique sociale confirme toutefois la logique du moment, et elle c'est parfaitement constaté dans les manifestations de type sociale(type loi travail):les mouvements se décrédibilisent par eux même,pour le plus grand bonheur des dirigeants politiques!

[Ahmed]

Il existe plusieurs mode explicatifs, non exclusifs. Pour moi, il ne fait aucun doute que le fait que la gauche, dans sa très grande majorité et quelle que soit l'intensité de sa capacité critique, se montre d'une admiration foncière sans borne pour les "valeurs" défendues par la droite, reste la cause de l'invalidation de sa démarche et de la persistance de son impuissance émancipatrice.

Sur la question de la loi travail, cela reste vrai du fait de l'absence de perspectives autres qu'un positionnement vis-à-vis de l'adversaire politique et d'un espoir qui ne va pas au-delà du maintien ou du retour à une situation passée. Cependant, il convient d'ajouter pour être juste, que cette déconsidération a été considérablement amplifiée par le travail de sape gouvernemental, que ce soit sur le terrain ou bien dans l'exploitation médiatique qui en a été (très bien) faite.