Des pots catalytiques… pas si propres que ça !
Une expérience réalisée par des chercheurs de l'INRA Nancy a mis en évidence une nouvelle forme de pollution par les pots catalytiques.
Les pots catalytiques, qui équipent nos véhicules, seraient à l'origine d'une nouvelle pollution. C'est ce qui ressort d'une étude menée par trois scientifiques de l'INRA de Nancy.
Trois chercheurs d'un laboratoire en sciences animales qui mènent des recherches sur la pollution du trafic routier dans les milieux agricoles. Leur expérience ? Ils ont placé à différentes distances d'une route, fréquentée par 7 200 véhicules par jour, des pots d'herbes cultivées en serre pour évaluer, au bout d'un mois, leur taux de contamination par trois métaux : le palladium, le platine et le rhodium.
La peste et le choléra
« On connaissait la toxicité des fumées, des hydrocarbures aromatiques, depuis longtemps, d'où la mise en service de pots catalytiques pour les limiter, mais on ne connaissait pas du tout celle de ces trois métaux qui sont rejetés par eux », explique le Dr Eric Lichtfouse, de l'INRA de Dijon, également éditeur en chef de la revue Agronomie pour le développement durable (1). « Ces scientifiques ont alors étudié les effets du palladium et du platine après en avoir donné à manger à une chèvre. » Le constat : les métaux se retrouveraient dans les tissus, le foie de l'animal, mais aussi... son lait !
« Est-ce que l'on n'a pas remplacé la peste par le choléra ? » s'interroge alors le Dr Eric Lichtfouse, faisant référence à l'apparition des pots catalytiques. Selon les scientifiques nancéiens, qui ont publié ainsi des cartes de pollution des milieux agricoles, les concentrations de ces trois métaux augmentent très fortement lorsque l'on s'approche de la route. Entre 50 et 0 mètre, la concentration de palladium augmente de 39 % et celles des hydrocarbures, de 60 % (2). Car ces derniers n'auraient pas été complètement éliminés. Explication du Dr Eric Lichtfouse : « il y a toujours des rejets d'hydrocarbures aromatiques (3) car certains véhicules restent mal équipés et les pots catalytiques ne sont vraiment opérationnels qu'à bonne température. Rappelons que la plupart des voitures font des trajets qui ne dépassent pas 10 kilomètres… »
« Tous coupables » Et quelle serait la nocivité de ces trois métaux, dont le plus toxique est le palladium ?
« Sur l'être humain, les conséquences ne sont pas connues, mais des études sur des cellules de poumon du rat ont montré qu'il y a bien des effets toxiques », souligne le chercheur dijonnais. « On a constaté aussi que ces métaux, quand ils étaient associés à un peu de matière organique, étaient très solubles et passaient facilement dans le sang. »
Le sentiment du Dr Eric Lichtfouse ? « Nous sommes dans cette affaire, nous automobilistes, tous coupables ! Il faut vraiment que tout le monde prenne conscience de la nécessité de limiter la circulation automobile au minimum », précise-t-il. « Cela passe également par le développement d'autres moyens de locomotion comme le train, les voitures électriques, à pile à combustible... Si on retrouve de tels résidus dans les champs, vous imaginez leurs concentrations en ville ? »
Cyrill Bignault
(1) Les personnes intéressées peuvent consulter cet article en anglais sur le site www.agronomy-journal.org
(2) Selon l'étude, les plus fortes doses de palladium, 23 nanogrammes par gramme d'herbe, ont été relevées entre 0 et 10 mètres de la route. Les chercheurs ont recensé également, pour la même distance, 260 ng d'hydrocarbures aromatiques par gramme d'herbe.
(3) Les hydrocarbures, dont certains sont cancérigènes, proviennent des gaz d'échappements et sont produits par la combustion incomplète de l'essence et du gasoil.
Nous sommes tous coupables...certes mais les industriels qui fabriquent ces saloperies, ils sont quoi eux? Ah oui ils sont RICHES...
http://www.lejsl.com/actu/setl/20080903.JSA5236.html