JEAN-PAUL BAILLY, le président de La Poste et Anne-Marie Idrac, présidente de la SNCF, ont officialisé hier la création d'une filiale d'ingénierie commune pour créer un réseau de fret à grande vitesse européen, en présence de François Loos, le ministre délégué à l'Industrie. Pour le moment, les trois « TGV Poste » aux couleurs de l'établissement postal ne transportent qu'entre 3 % et 5 % du courrier, contre 12 % par avion et le reste - soit plus de 80 % - par la route. L'idée est de passer cette part à 10-15 %, a indiqué hier Jean-Paul Bailly, avec une vingtaine de circulations quotidiennes et un parc de 10 TGV. La Poste veut ainsi pallier l'engorgement routier, la prochaine limitation de la vitesse des poids lourds sur autoroute et réduire les émissions de CO2. Mais également trouver une solution à la limitation des créneaux aériens pour les vols de nuit. Et atteindre son engagement d'acheminer 90 % du courrier le lendemain de son envoi en 2010.
Sept grandes agglomérations seront desservies en France à partir de fin 2008 (Aix-en-Provence, Strasbourg, Lille, Paris, Rennes, Lyon, Bordeaux). Et l'objectif vise à profiter de l'extension des lignes à grande vitesse en Europe pour créer en 2010-2012 un réseau européen de transport de fret à grande vitesse, avec Londres, Amsterdam, Cologne puis le sud de l'Europe.
Libéralisation du secteur
Face à la libéralisation du ferroviaire, l'enjeu est d'être les premiers à proposer une telle offre. À terme, La Poste et la SNCF ciblent d'autres partenaires, qui pourraient d'ailleurs être associés au capital. Premiers concernés, les opérateurs de transport aérien, comme FedEx, Air France ou DHL. Il s'agit ainsi de drainer le flux de fret aérien en réalisant des interconnexions au niveau des grands aéroports européens.
« Le TGV peut être adapté à des produits à forte valeur ajoutée, comme les produits pharmaceutiques par exemple », explique Marc Véron, directeur de Fret SNCF. Le projet nécessite la construction de plates-formes pour transborder rapidement de grands volumes de courrier. La première devrait voir le jour à Bercy, plus grande que celle de la gare de Lyon. Il suppose aussi de trouver des créneaux de nuit compatibles avec la maintenance afin que le courrier soit distribué le matin.
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