De plus en plus d’écologistes rejoignent le mouvement anti-éolien, dénonçant ce qu’ils tiennent pour une « imposture ». Yves Vérilhac, ancien directeur du parc naturel régional des monts d’Ardèche, nous explique leurs motivations.
Des écologistes signataires d’une pétition nationale (*) contre les éoliennes… absurde ? Pourtant ces contestataires existent et sont en ce moment en pleine ébullition. Une centaine d’entre eux ont manifesté ce week-end au mont Gerbier-de-Jonc, en Ardèche, et la pétition lancée sur le Net samedi dernier ne cesse de recueillir des signatures, presque 1.800 à ce jour. Parmi elles, celles de l’humoriste Yves Lecocq ou du paysagiste Gilles Clément.
« Cela peut effectivement sembler paradoxal venant d’écologistes, mais parce qu’il y a une nuance à apporter, nous explique Yves Vérilhac, ancien directeur du parc des monts d’Ardèche, à l’origine de la fronde. « Nous nous opposons à l’implantation industrielle des éoliennes. J’y étais pourtant favorable auparavant, mais lorsque j’ai été confronté à la réalité, j’en suis tombé de mon tabouret », déplore-t-il. Son argumentaire se fonde sur trois volets : écologique, économique et social.
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« Les éoliennes sont en train de défigurer les campagnes françaises. Certains aiment, d’autres pas. Mais que me répondrait-on si je disais que j’aime les graffitis sur les chapelles romanes ? Et puisqu’il s’agit de l’intérêt général, pourquoi ne bâtirait-on pas alors des HLM et des usines au beau milieu de nos paysages ?
Nous allons détruire nos paysages et leurs spécificités en uniformisant le décor. Nous déplorons également l’absence de principe de précaution. On ne sait pas quel sera l’impact de tous ces projets cumulés sur la faune et la flore. On sait déjà en revanche que, sur certains couloirs de migration, chaque éolienne tue en moyenne une trentaine d’oiseaux par an, souvent des espèces protégées. »
Peu productives
Sur le plan économique, Yves Vérilhac s’insurge contre le système actuel, entièrement centralisé : « L’énergie produite par les éoliennes à côté de chez vous n’est absolument pas utilisée pour votre consommation. Elle part sur le réseau national et européen, et multiplie par conséquent les déperditions d’énergie et l’implantation des lignes à haute tension pour la transporter. Sans compter qu’une éolienne ne fonctionne en général qu’à 20 % du temps, 30 % au mieux, et pas forcément lorsque l’on en a besoin lors des pics de consommation. »
Et Yves Vérilhac d’insister sur les conséquences sociales qu’induirait l’implantation massive d’éoliennes. « Les premières ressources des campagnes françaises sont l’agriculture et le tourisme. Qui voudra encore venir les admirer lorsqu’elles seront remplies de ces colonnes blanches qui font trois fois la taille des lignes à haute tension ? Il faut arrêter de faire croire aux gens que les technologies peuvent être entièrement vertueuses. Ce fantasme de mouvement perpétuel et de pureté véhiculé par les pro-éoliennes est insupportable. »
Changer ses habitudes
Alors, quelle solution propose cet écologiste convaincu ? A la suggestion du nucléaire, il s’étrangle : « Entre les éoliennes et le nucléaire, autant choisir entre la peste et le choléra. La véritable solution se cache dans le changement de nos comportements.
On pourrait réduire de 10 à 15 % notre consommation d’énergie en faisant attention. L’autre solution est dans les énergies renouvelables, comme les éoliennes, mais au niveau local. Si vous avez une petite éolienne dans votre jardin comme vous avez un panneau solaire, vous êtes indépendant et vous utilisez l’énergie de manière optimale. Il n’y a rien à y redire. »
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