PARIS (AP) — Déplorant la marginalisation du "débat écologique" et le "succès médiatique" des "écolo-climato-sceptiques", Nicolas Hulot justifie vendredi son départ du Grenelle par une "mise au point" nécessaire "vis-à-vis de la classe politique et de la société".
"Nous n'avons pas claqué la porte du Grenelle", souligne-t-il dans "Le Parisien/Aujourd'hui en France", mais "nous estimions qu'une mise au point s'imposait vis-à-vis de la classe politique et de la société". M. Hulot voulait également "réveiller la société et lancer un appel à la mobilisation des jeunes", dont le futur est "sérieusement menacé".
Jugeant que "beaucoup ont la tentation de marginaliser le débat écologique", Nicolas Hulot déplore en outre qu'il "ne s'agit pas seulement de l'abandon de la taxe carbone. Les écolo-climato-sceptiques ont un succès médiatique grandissant et l'écologie est devenue un simple ingrédient de la tambouille électorale".
D'ailleurs, "la campagne des régionales n'a pas donné un excellent spectacle de la perception des enjeux écologiques", poursuit-il. "A gauche, l'écologie n'est pour beaucoup qu'une opportunité électorale" et à droite, certains élus "sont tentés de revenir sur les enjeux environnementaux" après leur défaite.
La taxe carbone est "devenue l'objet d'une navrante dispute politicienne", présentée caricaturalement en "impôt nouveau". "Le message a été délibérément brouillé par les politiques", affirme-t-il.
"Loin de moi, l'idée de dire que le Grenelle est mort ou inutile. (...) Pour autant, le Grenelle 2 n'est toujours pas voté", juge enfin l'écologiste, considérant toutefois le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo et sa secrétaire d'Etat Chantal Jouanno comme des "alliés (...) précieux", même si un peu "isolés".
Nicolas Hulot défend aussi l'action de Nicolas Sarkozy, "offensif à Copenhague" et le Grenelle, dont "la plupart" des engagements ont été tenus, mais il lui demande de clarifier "les objectifs et le calendrier", car "notamment du côté du Premier ministre", "tout cela se fait un peu au forceps", note-t-il.
Revenant sur RTL sur l'abandon de la taxe carbone, Nicolas Hulot a reconnu "un sentiment de gâchis" dans sa fondation. Après le "travail de fond" sur ce sujet, il y a eu un "travail de sape", a-t-il déploré. Reconnaissant que la taxe, qui devait "se substituer" à la fiscalité actuelle, était une "mesure complexe", "délicate" demandant "énormément de pédagogie", il s'est dit "plus dubitatif" que Jean-Louis Borloo sur le fait qu'elle se fasse avant la fin du quinquennat.
"Le dialogue (avec le gouvernement) n'est pas rompu, simplement on demande des clarifications sur des ambitions précises à quelques semaines du vote du Grenelle 2", a précisé l'écologiste, en ajoutant que de cela dépendrait leur décision de continuer ou non les travaux du Grenelle.
"Il faut cesser d'opposer économie et écologie, écologie et emploi", a-t-il plaidé, car l'écologie "concentre tous les enjeux de solidarité de nos sociétés".
Nicolas Hulot a aussi fustigé "la morgue, la suffisance et la grossièreté" de son opposant Claude Allègre. "On ne peut pas enfiler les injures, les anathèmes et les mensonges dans un débat qui est aussi essentiel", a-t-il lancé. Même s'il reste des "zones d'ombres", "globalement tout le monde est d'accord sur le diagnostic" de la crise écologique, a-t-il argué. AP
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