L'agroécologie permettrait de doubler la production agricole en 10 ans, selon l'ONU
21 mars 2011 16:46, Les mots ont un sens, par Napakatbra
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Comment "nourrir 9 milliards d'êtres humains en 2050" ? La réponse coule de source, pour le rapporteur spécial de l'ONU, Olivier De Schutter : en laissant tomber l'agriculture intensive au profit de l'agroécologie. Une technique qui "cherche à améliorer la durabilité des écosystèmes en imitant la nature plutôt que l'industrie"...
Agroécologie ONU
L'agroécologie est une pratique agronomique raisonnée associant un travail du sol respectueux, une fertilisation et des traitements phytosanitaires naturels, une sélection variétale réfléchie et des rotations de cultures régulières, une optimisation des ressources en eau par stockage naturel, la lutte contre l'érosion par l'instauration de haies et l'association des cultures et des forêts... Objectif affiché : la réduction voire la suppression du recours aux intrants chimiques (engrais et pesticides).
Jusqu'à présent, cette pratique était décriée par les tenants de l'industrie, qui la décrivaient comme une "agriculture pour riches" faisant baisser les rendements et augmentant de fait la pénurie alimentaire à l'échelle mondiale. Tout faux ! Selon l'ONU, qui s'est fondé sur l'analyse exhaustive des dernières études scientifiques, l'agroécologie pourrait doubler la production alimentaire des régions les plus vulnérables en à peine 10 ans, tout en réduisant la pauvreté rurale et en apportant des solutions aux problèmes écologiques actuels.
L'agroécologie, technique la plus efficace
"Si nous voulons nourrir 9 milliards de personnes en 2050, il est urgent d'adopter les techniques agricoles les plus efficaces", a expliqué, le 8 mars dernier, le Rapporteur spécial de l'ONU sur le droit à l'alimentation, Olivier De Schutter. "Et les preuves scientifiques actuelles démontrent que les méthodes agroécologiques sont plus efficaces que le recours aux engrais chimiques pour stimuler la production alimentaire dans les régions difficiles où se concentre la faim".
Quelques exemples. "À ce jour, les projets agroécologiques menés dans 57 pays en développement ont entraîné une augmentation de rendement moyenne de 80% pour les récoltes, avec un gain moyen de 116% pour tous les projets menés en Afrique". "De récents projets menés dans 20 pays africains ont même démontré un doublement des rendements des cultures sur une période de 3 à 10 ans" a déclaré Olivier De Schutter. Le rapport souligne en outre que les projets agroécologiques menés en Indonésie, au Vietnam et au Bangladesh ont réduit de 92% l'utilisation d'insecticides pour le riz, permettant aux agriculteurs pauvres de faire d'importantes économies financières.
Les Etats doivent s'y mettre
"Les États et les donateurs ont ici un rôle clé à jouer. Les entreprises privées n'investiront ni leur temps ni leur argent dans des pratiques qui ne peuvent être récompensées par des brevets et qui n'ouvrent pas de marchés pour des produits chimiques ou des semences améliorées". Olivier De Schutter exhorte donc les États à soutenir les organisations paysannes, qui sont un maillon essentiel dans l'identification et la diffusion des meilleures pratiques agroécologiques. "On sait aujourd'hui que soutenir l'organisation sociale a autant d'impact que la distribution d'engrais. Lorsqu'ils travaillent ensemble, les paysans et les scientifiques sont une source importante de pratiques innovantes"...
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