Selon des scientifiques japonais d'importantes quantités de terres rares se trouvent au fonds de l'Océan Pacifique. Mais leur exploitation commerciale attendra encore un peu…
Une équipe de chercheurs japonais – Yasuhiro Kato, Koichiro Fujinaga, Kentaro Nakamura,Yutaro Takaya, Kenichi Kitamura, Junichiro Ohta, Ryuichi Toda, Takuya Nakashima et Hikaru Iwamori – vient de publier dans Nature Geoscience que d'importantes concentrations de terres rares et d'yttrium se trouveraient sur de nombreux sites de l'Océan Pacifique.
"Nous estimons qu'une surface d'un kilomètre carré, entourant l'un des sites où ont été effectués des prélèvements, pourrait offrir un cinquième de la consommation mondiale actuelle de ces éléments", précise Yasuhiro Kato, qui a dirigé le groupe qui travaille à l'Université de Tokyo. Plus de 2 000 échantillons ont été collectés et étudiés par une équipe internationale comprenant également des chercheurs européens et américains.
Les minerais pourraient être extraits par lixiviation acide de la boue - un procédé de lessivage - au fond de l'océan. Selon les chercheurs japonais, les volumes atteindraient 80 à 100 milliards de tonnes, soit mille fois plus que les réserves prouvées de terres rares estimées par l'USGS.
Des boues difficilement exploitables
Pas moins de 78 sites ont été identifiés par les Japonais, notamment dans des zones proches de Tahiti et d'Hawaï. Ces gisements sont particulièrement riches en terres rares lourdes, telles le gadolinium, le lutétium, le terbium et le dysprosium. A titre d'exemple, le prix du dysprosium a été multiplié par 12 en un an, à 3 800 dollars le kilo.
"Atteindre ce trésor constitué d'éléments clés dans les fonds marins sera extrêmement couteux et potentiellement dangereux pour l'écologie du fonds de l'océan", met toutefois en garde Nature Geoscience. Situées entre 3 500 et 6 000 mètres de profondeur les boues seront très difficilement exploitables. Et ce ne serait pas pour demain.
Un responsable d'une firme japonaise de trading spécialisée dans les terres rares, a expliqué au Wall Street Journal, que l'exploitation commerciale de ces richesses prendrait au moins 20 ans. Les questions concernant la technologie utilisée et les droits miniers du sous-sol marin restent à résoudre.
Il serait en particulier difficile d'appliquer les mêmes techniques que celles utilisées par Nautilus Minerals qui a l'intention d'extraire du minerai de cuivre dans la mer de Bismark, mais à seulement 1 600 mètres de profondeur. Par contre, la radioactivité générée par l'uranium ou le thorium, très souvent mélangés aux terres rares est, selon Kato, cinq fois moindre que dans les gisements terrestres équivalents.
http://www.usinenouvelle.com/article/te ... ue.N155024