Réponse du loup à la bergère:
http://www.liberation.fr/economie/01012 ... -problemes
A lire car cet interview, déjà rare, permet de mieux comprendre comment le fonctionnement psychologique et la position et force des agences de notation...qui doivent probablement employer...les "pires des pires"...
J'ai souligné quelques infos que je pense importantes.
«Ce ne sont pas les agences de notation qui créent les problèmes»
Les critiques se multiplient contre les agences de notation, accusées d'aggraver la crise des dettes souveraines par leurs diagnostics pessimistes. Présidente de l'agence Standard & Poor's pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen Orient francophone, Carol Sirou réagit aux attaques.
Accusé d'avoir jugé trop sévèrement le plan de réechelonnement de la dette grecque, Standard&Poor's est sous le feu des critiques. Comment réagissez-vous à celles-ci?
Je voudrais rappeler le rôle d'une agence : nous donnons une information sur le risque de crédit d'un certain nombre d'émetteurs, y compris les Etats. Nous publions des notes et des commentaires, en faisant référence à notre méthodologie. Dans le cas de la Grèce, nous avions spécifié dès le début du mois de juin ce que nous considérerions comme un défaut global [non-paiement, ndlr] ou comme un défaut sélectif [sur certaines dettes seulement, ndlr].
Le plan des banques françaises consiste à réinvestir en Grèce une partie de l'argent que leur rembourse Athènes. Pourquoi assimiler ce plan à un défaut de paiement?
Nous considérons que les termes initiaux ne sont pas respectés. Ni les taux, ni la durée des nouveaux prêts (trente ans) ne sont les mêmes que ceux du marché. Dès lors, selon nos critères, le plan peut être assimilé à un "distressed exchange", c'est-à-dire un échange "contraint". Nous ne disons pas que c'est bien ou que c'est mal. Nous appliquons simplement notre méthodologie. Ce ne sont pas les agences de notations qui créent les problèmes: nos notes reflètent les difficultés structurelles d'un pays. Nous ne sommes là que pour les exprimer.
Jeudi matin encore, l'OCDE vous a reproché de livrer des "prophéties autoréalisatrices", le pessimisme affiché sur la situation grecque contribuant à l'aggraver encore...
On nous a beaucoup reproché aussi, dans la crise des subprimes, de ne pas avoir alerté sur les risques. Maintenant, on dit que nous alertons trop. Les agences ne sont qu'une source d'information parmi d'autres sur la situation d'un émetteur. Nos notes sont dans le domaine public, chacun est libre de s'y référer ou pas. Mais le fait est qu'aujourd'hui, nos décisions sont souvent amplifiées et entraînent certains comportements, liés à l'anxiété ambiante. Trop d'acteurs utilisent nos notes comme seul critère de décision. Nous sommes favorables à ce qu'ils considèrent aussi d'autres paramètres.
Quelle serait la définition, pour S&P's, d'un plan de secours acceptable?
Notre rôle en tant qu'agence n'est pas de donner de conseils, cela est d'ailleurs clairement prohibé par toutes les règlementations portant sur les agences. Toutefois, tous les acteurs peuvent se référer à nos méthodologies ou commentaires publics afin d'anticiper et de comprendre comment nous sommes susceptibles d'analyser une situation. Je tiens à rappeler à ce titre que nous avons clairement écrit que nous pourrions revoir notre analyse du plan de la FBF si celui-ci était amené à évoluer.
Quelle est votre évaluation de la situation du Portugal?
Nous avons dégradé sa note fin mars à BBB-, il est désormais au rang le plus bas de la catégorie "Investissement", mais pas encore dans la catégorie "Spéculative". La perspective est toutefois négative en raison des risques liés au programme de redressement du FMI et de l'Europe.
Comment se prend la décision de changer la note d'un pays?
Le processus est toujours le même. La décision est prise en comité, par un groupe d'analystes spécialisés par secteurs qui décident collégialement... Finalement, la décision est prise par vote. On essaie dans le mesure du possible que nos décisions soient prises à une large majorité.
Les responsables politiques européens agitent la menace de nouvelles réglementations du secteur, cela vous inquiète-t-il?
Rappelons que nous sommes officiellement réglementés en Europe depuis septembre dernier. Cela nous oblige à plus de transparence dans notre travail, à tout documenter. Toutes nos actions doivent pouvoir se rapporter à un corpus de règles claires. Ce sont des évolutions très positives et structurantes. Il y a aussi des aspects de gouvernance qui ont été renforcés, notamment la séparation entre les équipes analytiques et commerciales. Ces règles nous ont aidés à rendre notre produit plus robuste.
L'Europe menace également de créer sa propre agence de notation.
Les service du commissaire Barnier ont lancé une consultation dans ce sens début 2011. Nous y sommes d'ailleurs favorables dès lors que l'ensemble des acteurs sont soumis aux mêmes règles du jeu. Déjà aujourd'hui, les règlementations sont extrêmement contraignantes. Le Français Coface a ainsi retiré sa candidature. Les déclarations de M. Barroso sur la responsabilité juridique des agences, par exemple, pourraient dissuader l'entrée de nouveaux acteurs sur le marché.
Mais qui note les agences de notation?
Nous sommes soumis, comme tous les acteurs, à la responsabilité civile. Ceux qui sanctionnent les agences, ce sont les investisseurs. Le jour où ils n'utiliseront plus nos notes, ce sera la sanction ultime. Nous sommes conscients que les subprimes ont entaché notre réputation, et nous avons travaillé d'arrache-pied pour corriger ça. Nous avons revu nos méthodes de travail et nos méthodologies pour tenir compte des enseignements de la crise.
Qu'avez-vous changé?
Par exemple, il n'était pas assez clair pour les utilisateurs de nos notes qu'un triple A n'est pas une garantie absolue. Nous essayons également d'offrir davantage de scenarii d'évolution de la situation. Nous avons aussi renforcé nos règles internes pour éviter toute confusion ou perception de confusion des rôles entre nos services commerciaux, en contact avec les clients, et nos équipes analytiques, qui établissent les notes. Nos analystes ne sont ni des "traders", ni des commerciaux.
Le rôle si important d'une entreprise privée sur le sort d'un Etat ne réduit-il pas à peu de chose l'idée de souveraineté nationale?
Nous sommes un acteur des marchés financiers qui donne une information reconnue et comparable. Si les Etats d'endettent sur les marchés, ils sont soumis aux même règles que d'autres emprunteurs et s'engagent par conséquent à fournir des informations au marché. La notation en est un moyen. C'est pour cela que des émetteurs tels que Total ou BNP Paribas, la République française ou la République hellénique doivent fournir des informations.
J'en reste...bouche bée...