La permaculture vers une transition idéologique

Débats philosophiques et de sociétés.
dedeleco
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par dedeleco » 07/01/12, 21:43

J'ai un plampemoussier et quelques autres arbres fruitiers heureux de l'épandage de ma fosse septique
et les jardiniers de Paris utilisaient les boues des égouts et stations d'épuration riches, avant qu'on s'aperçoive qu'elles sont pleines de métaux toxiques industriels et médicaments de sorte qu'elles sont interdites et les terres des jardins stérilisées.
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fplm
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par fplm » 08/01/12, 07:50

Cultiver un jardin écologiquement (en favorisant la biodiversité), le nourrir et s'en nourrir, donne un avant-goût de la symbiose entre le jardin (ou le pays) et le jardinier (et le paysan).
Prenons les fèces. Le rapport carbone/azote des fèces humaines est très proche de l'optimum rencontré dans l'humus (entre 5 et 10), sa composition correspond à un engrais bien dosé (N:6%,P:3%,K:2%) et sa grande teneur en eau et en composés organiques non digérés en fait, après compostage, un apport très vivifiant pour le sol et ses habitants. L'urine apporte des minéraux et de l'urée riche en azote.
Le principe des toilettes sèches est de remonter le rapport C/N afin que les bactéries utilisent un maximum l'azote disponible pour continuer le processus de décomposition du bois et des fèces évitant ainsi la formation de composés azotés volatiles (ammoniac) responsables des mauvaises odeurs. Une toilette sèche bien utilisée (2 parts de sciure/copeaux pour une part de selle mais en général, c'est au pif :cheesy: ) ne sent absolument pas mauvais.
Le compostage permet à la microfaune de s'adapter aux conditions extérieurs et les organismes pathogènes venant des intestins meurent pour laisser se développer les ouvriers de la décomposition aérobie.
Une fois bien composté, c'est un humus prêt à l'emploi!
Mais ce n'est pas tout, avec le temps, les populations microbiennes, bactériennes, virales et fongiques vont s'harmoniser et tendre à être les mêmes dans le potager que dans l'intestin. Diminuant ainsi le risque pathogène de l'ingestion d'un organisme étranger n'ayant rien à voir avec la microfaune qui vit en symbiose dans l'intestin du jardinier.
Au fil du temps l'écosystème du jardin se transforme pour accueillir au mieux celui qui intervient en sa faveur et le jardinier qui accepte ce don fusionne de plus en plus avec lui.
Ayant visités quelques écolieux, je suis à chaque fois émerveillé de constater à quel point le jardin et le jardinier sont 2 expressions de la même vitalité.
Alors, définitivement oui. Les excréments compostés avec apport de carbone = un engrais sain, riche, équilibré et moins cher que gratuit. :D

P.S.: Les stations d'épurations sont un des nombreux exemples des stupidités humaines. Plutôt que de purifier (encore faut-il que l'eau soit pure en sortie), évitons de souiller l'eau pure et potable avec nos déjections. Ces dernières sont faites pour être la source de nourriture de ce qui, in fine, nous nourrit... Pour le reste, la déduction de l'usage des nos excréments n'est que pure logique.
Je trouve le sujet de la gestion de nos déjections révélatrice de la maturité de la civilisation humaine. Nous en sommes au stade du bébé ne sachant pas si c'est bien ou pas de chier dans son verre d'eau!
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par janic » 08/01/12, 09:27

fplm bonjour
Enfin, le risque pour les graines sont moins grand quand il gèle. Les graines ne craignent pas le gel, elles sont conçues pour passer l'hiver au sol en attendant les températures printanières pour germer.
Je ne parlais pas des graines elles-mêmes mais du gel lors du début de germination. Sinon effectivement l’essaimage des graines au sol sélectionne les plus robustes ou celles enfouies dans les meilleures conditions.
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par fplm » 08/01/12, 10:28

Salut Janic,
Ah oui, dans ce cas, en effet. Autant pour moi.
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par Obamot » 08/01/12, 15:49

Le principe des toilettes sèches est de remonter le rapport C/N afin que les bactéries utilisent un maximum l'azote disponible pour continuer le processus de décomposition du bois et des fèces évitant ainsi la formation de composés azotés volatiles (ammoniac) responsables des mauvaises odeurs.


Pas forcément. J'ai pu vérifier par moi-même qu'une personne en bonne santé (digestion correcte par fermentation dans l'intestin, nourriture bien équilibrée en acide/base et sans carence notable) produit des selles non-odorantes qui doivent être consistantes (donc peu humide, soit se présentant sous la forme d'une apparence de saucisse) et enveloppée d'un petit film produit par la muqueuse intestinale (dont j'ai oublié le nom).

Mais merci d'avoir confirmer que c'était un bon «choix» :cheesy:
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par fplm » 08/01/12, 19:40

Avec plaisir.
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par Obamot » 27/12/12, 01:27

fplm a écrit :Ah un cas pratique! :cheesy:
Contrairement à l'analyse chimique, l'analyse écologique ne peut pas se faire correctement à distance. Les anciens vrais paysans savaient identifier un sol à son odeur, sa texture et son aspect. Comme un oeunologue identifie un millésime... Il est nécessaire d'être sur place pour ça.
Toutefois, il y a un certain nombre de données récurrentes l'ensoleillement, la pluviométrie, la direction des vents dominants, etc.
Si la menthe a envahi ton terrain spontanément (les exsudats racinaires de la pomme de terre lève la dormance des semences de menthe), elle peut être le signe d'un engorgement en matière organique et/ou en eau d'un sol riche en base (attention qu'un sol peut être riche en base mais avoir un ph qui ne le dévoile pas car certaines bases sont dites inactives). Ceci provoque des hydromorphismes avec formation de gley menant à une anaérobiose (manque d'oxygène). La menthe peut aussi révéler une présence de nitrites.
Un principe de permaculture tiré de la nature : toujours cumuler plusieurs fonctions différentes et avoir une redondance des mêmes fonctions.
Il est bon donc d'identifier toutes les plantes de la zone et de croiser leurs indications pour trouver ce qui cloche.
On procède comme ceci:
- Délimiter les zones à étudier par la présence dominante d'une plante
- Identifier toutes les plantes de cette zone. A faire en printemps/été quand tout est en fleur.
- Coter la densité de sa population (1=moins de 25%; 2=25%; 3=50%; 4=75%; 5=100% d'occupation de la surface) pour chaque espèce
- Noter les bioindications de chaque espèce
- Faire la somme des cotes par indication
L'indication ayant la plus haute cotes correspond au caractéristique de la zone étudiée.


Obamot a écrit :Ok fplm, je me suis efforcé de suivre les points (en bleu ci-dessus) dans ton texte:

Il est vrai que ce coin est relativement humide, surtout la nuit (nappe phréatique importante présente en profondeur et il y a 50 ans anciens étangs assèchés pour construire non loin, le mur a cet âge là.

...et bien je suis allé wouaar, juste pour le coup d'œil, et raviver la mémoire! Puis j'ai retrouvé les photos.

Le mur est en partie ombragé par un noisetier dont les fruits lorsqu'ils tombent poussent spontanément car les conditions sont propices. Je soupçonne l'arbre, par une stratégie de concurrence, de produire un effet répulsif sur les plantes de jardin avoisinantes qui s'aventureraient trop proches...

D'autres espèces poussent encore spontanément: des orties, du lierre, du liseron et bien sûr de la dent de lion autant que des épinards sauvages de moyenne altitude qui se sont acclimatés à la plaine (on est à 400m mais on les trouve en principe à 1000 mètres...!). A ma surprise, les fraises des bois ont envahit l'espace non cultivé au pied du mur => donc espèce dominante?... (ma tendre m'a dit quelles étaients très bonnes ^-^ et ce en plus de la menthe poivrée et de la sauge, qui a commencé à faire un petit arbre.

Nature apparente du sol cultivé:

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Variétés de plantes présentes

Epinards sauvages:

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Menthe poivrée (notez la présence de la mini-sauterelle sur la feuille en haut à droite ^^):

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Sauge:

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Espèces communes rencontrées:

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Dont des roseaux:

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Au sol, à côté de la surface cultivée, voici comment se présent le pré (pub au passage pour des huiles de très haute qualité — de première pression à froid et label Demeter — utilisées en médecine orthomoléculaire, car j'avais pas d'autre photo du champ là...)

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A l'entour conifères (parmi lesquels des sapins mais aussi d'autres arbres comme pommier rachitique attaqué par le lichen, et noyers):

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Point de vue pluviométrie, c'est grosso modo le temps qu'il fait sur Paris, pour l'ensoleillement le mur est orienté sud est, ce qui fait que l'après-midi est plutôt ombragée. Mais tôt le matin aussi, eu égard à l'ombre projetée du noisetier...

Le régime des vents dominants est classique => front nuageux et humide de la façade Atlantique qui traverse l'Europe d'ouest en est, en alternance le régime de haute pression...avec vent frais du nord est qui signifie des baisses de la température notables.)

Voilà !

Ainsi, de la mousse est facilement présente dans ce coin qui a sa touche buccolique avec ses conifères qui poussent éparses sur la parcelle...

Il faut dire que je suis peut-être un manche en agriculture (même sûrement ^^) j'achête des plantons! Salade feuille de chêne et persil !

Il arrive parfois mais rarement, que ceux-ci pourrissent partiellement (côté racines, probablement dû à trop d'arrosage? J'arrosais abondamment tous les soirs...)

Par contre les salades en saison sont un peu chétives proches du mur, alors qu'elles sont normales 1 m plus loin...

A mon grand dam, à chaque fois que je mets du persil, il fait mine de crever pour repartir après, mais alors il repart pratiquement de zéro.

J'aimerais bien en planter en graines, mais je n'y suis jamais parvenu!

:cheesy: :mrgreen: Obamot le pomeau en (perma)culture !!!


Bon voilà, la solution a été trouvée par un membre de ma famille!

Les plantons de persil vendus dans les grandes surfaces souffrent d'un stress hydrique, il faut donc les gaver de flotte dès qu'on les achêtent, car en rayon, souvent personne ne les arrosent, donc depuis le producteur jusqu'à chez vous ils n'ont pas eu assez à boire (et y mettre aussi quelque engrais bio...). Alors que je croyais qu'ils crevaient parce qu'ils pourrissaient, et bien non, ils n'avaient pas encore assez d'eau... Donc jusqu'à ce qu'ils se soient acclimatés et qu'ils poussent tout seuls, il faut un peu les soigner.... voilà, voilà...

Et encore un grand merci pour toutes les suggestions...
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Adrien (ex-nico239)
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Re: La permaculture vers une transition idéologique




par Adrien (ex-nico239) » 02/06/17, 01:33

Pour revenir au post initial ... petite révision de «hippie» culture (ça ne date pas d'hier)... que le sain engouement actuel pérennisera (espérons-le) définitivement cette fois-ci.

http://fr.calameo.com/read/00120224613c5276d4c96

Il s'agit du lien fournit par
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bill_Mollison

Une page tous les soirs avant de s'endormir pour faire de beaux rêves... :!:
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Re: La permaculture vers une transition idéologique




par izentrop » 02/06/17, 09:42

Oui, des beaux rêves, mais la réalité est parfois cruelle.

La fausse révolution des micro-fermes http://www.transrural-initiatives.org/2 ... ro-fermes/

Permaculture : la ferme du Bec Hellouin en débat http://www.lutopik.com/article/bec-hellouin-en-debat
: l'agriculture
conventionnelle fait le choix des machines et l'agriculture naturelle fait le choix du travail manuel.
https://www.ecole-agriculture-durable.e ... E2016a.pdf et aussi https://www.ecole-agriculture-durable.e ... -articles/

Le Bec Helloin comme l'agriculture naturelle de Fukuoka nécessitent beaucoup plus de main d'oeuvre que l'agriculture conventionnelle d'aujourd'hui, il faudra carrément un changement de paradigme pour y arriver.

Est-ce que la majorité des hommes est prête à abandonner son confort pour assurer sa survie en retournant plonger ses mains dans la terre, j'en doute.
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Re: La permaculture vers une transition idéologique




par izentrop » 02/06/17, 10:25

Autre citation intéressante
Avant 1930, la part de la population occupée en France à l'agriculture était de 14,5% en 1955
contre 1,33% en 2009. Le travail nécessaire a donc été divisé par dix quand, dans le même temps,
le rendement des terres a été multiplié par dix. Comme l'agriculture naturelle n'utilise ni machines ni
engrais, elle devrait logiquement nécessiter beaucoup plus de travail que l'agriculture
conventionnelle pour arriver à produire bien moins.
Or, Bill Mollison affirme qu'il est possible d'obtenir des rendements significatifs tout en
travaillant moins.24 Quant à Fukuoka, son objectif en termes de gestion du temps est d'avoir
suffisamment de période sans travail pour avoir le loisir d'écrire des poèmes25 et de faire de longues
siestes.26 Là encore, il franchi une ligne rouge et affirme que le travail, qu'il soit mécanisé ou
manuel, est nuisible à l'obtention de hauts rendements.
Malheureusement, la réalité est têtue... https://www.ecole-agriculture-durable.e ... E2016b.pdf
Ils ont menti pour faire passer leur message, et c'est dommage.

L'agroforesterie est un terme plus adéquate pour engager les réformes de l'agriculture vers des solutions durables, sans idéologie.
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