END:CIV vers la fin de notre civilisation?

Débats philosophiques et de sociétés.
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grelinette
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par grelinette » 25/03/15, 17:51

Bonjour,

Beaucoup de points de vue sont intéressants mais je n'ai pas eu le courage de tout lire. Je n'ai lu que quelques passages par ci par là !

Néanmoins, il me semble qu'il n'y pas de solutions aux problèmes évoqués car justement il n'y a pas de problème précis !

Le problème, si je puis dire :cheesy:, c'est justement que l'homme actuel s'efforce de dévoyer et dérégler tout et n'importe quoi, et le reste avec.

Aucune solution à un problème ne peut être efficace, comme d'ailleurs aucun système ne peut être fonctionnel, si l'humain s'efforce et consacre son énergie à détourner et dévoyer ce système pour des raisons que je n'arrive d'ailleurs pas à expliquer, car au final les conséquences se retournent toujours vers l'homme.

Régulièrement j'entends des politiques, des économistes ou des spécialistes de tel ou tel sujet expliquer que la solution réside en telle action ou changement, ou même prendre l'exemple d'un pays voisin qui a réussi à redresser la barre par telle action, manoeuvre ou mécanisme...

Ces propositions me paraissent à la fois vraies et fausses au point que j'en conclue que la Forme compte plus que le Fond.

La meilleure des solutions à un problème ne solutionnera rien si elle n'est pas mise en oeuvre avec la volonté de résoudre le problème qu'elle est sensée résoudre, et, à contrario, une mauvaise solution aura plus d'effet si tout le monde s'accorde à ce qu'elle fonctionne au mieux.

C'est sans doute un peu philosophique tout ça, mais nous sommes tous d'accord pour reconnaitre que l'homme est un être complexe et paradoxal, et souvent même incohérent, qui est le coeur même, le noeud, sinon la cause, du problème dont il cherche à résoudre la petite partie émergeante et visible.
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par Ahmed » 25/03/15, 19:38

Grelinette, tu écris:
Aucune solution à un problème ne peut être efficace, comme d'ailleurs aucun système ne peut être fonctionnel, si l'humain s'efforce et consacre son énergie à détourner et dévoyer ce système pour des raisons que je n'arrive d'ailleurs pas à expliquer, car au final les conséquences se retournent toujours vers l'homme.

Si tu ne parviens pas à expliquer ce phénomène, c'est parce que tu ne considères pas les choses par le bon bout: il n'y a pas détournement d'un système intrinsèquement bon du fait de pulsions humaines malsaines, il y a un système qui acquiert une autonomie et qui fonctionne selon ses déterminismes et des hommes aveugles et impuissants face à ces déterminismes.
Les hommes subissent les conséquences du système, car ils travaillent pour le système et pour la seule finalité de ce dernier. La suprême ruse du système consiste à persuader les hommes du contraire!
Tout système est utopique, en ce sens que ses mécanismes internes finissent par le conduire à une impasse: plus le succès d'un système est grand, plus sa fin est inéluctable et proche, puisqu'il suscite plus d'admiration, donc de zèle, de la part de ses agents d'exécution et que ses contradictions deviennent plus rédhibitoires (mais pas plus apparentes).
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par Ahmed » 28/03/15, 09:05

je pense qu'il est possible d'envisager le couple techno-science/économie ou, ce qui en est une autre expression, tèmes/nèmes, plus ou moins comme une molécule.
Les deux éléments constitutifs interagissent l'un sur l'autre pour tendre vers l'expansion.
Un apport de capitaux supplémentaires permet de mettre en œuvre des techniques plus puissantes qui, à leur tour, génèrent une accumulation plus importante de valeur financière...
Une vision superficielle suggère (à raison, d'ailleurs!) que ce processus comporte une "butée" naturelle qui est la finitude des ressources terrestres (ce qui affecte peu les équations des économistes, puisqu'elles les ignorent superbement!).

Pourtant, ce n'est pas là que se situe la pierre d'achoppement et l'autodestruction moléculaire résulte d'abord d'un mécanisme interne, la destruction du milieu n'étant que sa conséquence.
Comme on l'a vu plus haut, une augmentation du potentiel technique se traduit par une augmentation de la Valeur (via des marchandises), mais ces accroissements ne sont pas proportionnels.
En effet, d'une part il faut de plus en plus de capitaux pour soutenir l'essor technique, d'autre part, si la valeur résultante produite s'accroît en valeur absolue, elle diminue constamment en valeur relative.
Chaque marchandise voit son prix baisser proportionnellement à la progression de la productivité et ce n'est que parce que la quantité totale de marchandises est portée à un volume très supérieur qu'il peut s'observer un gain.
Dit autrement, c'est parce que du travail humain est toujours plus expulsé de la marchandise que la valeur, qu'il est seul capable de créer, s'effondre.

Il est clair que cette contradiction principielle est à l'origine de la crise sociale et écologique actuelle et que la connexion entre ces deux phénomènes est très étroite.
Pour le moment, le palliatif consiste à injecter une valorisation future (mais irréaliste) pour retarder un effondrement systémique qui interviendra dès que l'aspect illusoire du procédé ne pourra plus être dissimulé.
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par sen-no-sen » 28/03/15, 09:31

Oui c'est très bien résumé.
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par dede2002 » 29/03/15, 17:17

Oui c'est bien résumé, mais apparemment tout le monde ne comprend pas.
Mais tout le monde, c'est une minorité qui est menée par le bout du nez par la pression de confort...
Cette minorité, c'est les agents principaux du système (capitaliste, tentaculaire, mondialiste, il a tous les noms), ceux qui ont la thune, mais il y a les autres, comme les paysans menacés par le système via leur propre Etat, que je défendrai toujours car j'en suis, et beaucoup d'autres, comme les zapatistes (si j'ai bien compris, c'est des paysans qui ont récupéré leur terre, deux étapes plus loin que ceux qui ne l'ont pas encore perdue?), les indiens d'Amazonie, et beaucoup d'autres qui ont mis un doigt dans le système et se font happer le bras.

Entre la théorie et la pratique il y a un pas, on fait quoi individuellement?
Je pense que si on combat l'économie (à l'intérieur du système car il n'y a pas de porte de sortie visible) en pratiquant l'entraide ou le troc, tout ce qui peut échapper au contrôle de l'Etat actuel gérant du système, on peut commencer à imaginer une porte de sortie?
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par Ahmed » 29/03/15, 22:40

Dédé, tu écris:
Mais tout le monde, c'est une minorité qui est menée par le bout du nez par la pression de confort...

Ce n'est pas qu'une minorité telle que tu la circonscris, elle est en réalité beaucoup plus large, puisque nous en faisons tous partie (certes, à des titres et degrés divers).
Je pense que si on combat l'économie (à l'intérieur du système, car il n'y a pas de porte de sortie visible) en pratiquant l'entraide ou le troc, tout ce qui peut échapper au contrôle de l'Etat actuel, gérant du système, on peut commencer à imaginer une porte de sortie?

Le paradoxe est que les voies divergentes, telles que celles que tu évoquent, sont à la fois illégales et en même temps salutaires pour le système qui les réprime!
Tout ce qui tend à la gratuité, au lien social s'oppose frontalement au marché et à ses "valeurs" (sic), mais constitue également une soupape de sécurité sans lequel le marché ne pourrait fonctionner.
C'est le cas manifeste du secteur caritatif* (restos du cœur, etc...) qui vient remplir une fonction qui n'est pas assez lucrative pour intéresser le marché, mais qui est vitale pour la cohésion sociale qui permet au marché de perdurer!
Bref, tout ce qui peut rendre les choses plus supportables constitue un appui objectif au système.
Il est possible d'en déduire deux conclusions:
- en tant qu'utopie, le capitalisme ne peut survivre à l'état "pur", i.e. tel que le décrivent ses zélateurs.
- il ne faut pas partir de ce constat pour sombrer dans la politique du pire et renoncer à tout ce qui peut faire humanité.

Tous les petites enclaves qui préservent, d'une manière ou d'une autre, la dignité humaine, non réduite à sa caricature d'homo oeconomicus, sont autant de possibilités de sur-vie. Sur-vie psychique immédiate, en tant que dépassement de la simple survie, sur-vie, en tant qu'espaces d'où peut démarrer un élan capable de réunir face à l'effondrement généralisé

*C'est le cas également de la division anthropologique hommes/femmes, qui attribue (grosso modo, évidemment) aux hommes la production de marchandises et aux femmes la reproduction et l'entretien des forces productives.
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