110 millions d'euros pour le parc éolien Seine-Rive gauche-NordPar PHILIPPE SCHILDE - Usone Nouvelle le 17 septembre 2015,
Situé entre Troyes et Romilly-sur-Seine (Aube), le troisième plus puissant parc éolien de France (75 MW de puissance installée) a été mis en service durant l'été par le développeur H2air et le turbinier Nordex pour le compte de l’investisseur KGAL.
Dans l’Hexagone, les parcs éoliens terrestres comptent en moyenne sept ou huit machines. La ferme Seine-Rive gauche-Nord (SRN), inaugurée le 11 septembre dans l’Aube sur le territoire des communes de Châtres, Mesgrigny, Orvilliers-Saint-Julien et Vallant-Saint-Georges, en recense
trente de 2,5 MW chacune, plantées au milieu de la plaine céréalière. Hautes de 150 mètres (pâle comprise) et dotées des toutes dernières technologies, ces éoliennes sont en capacité de produire 183 000 MWh/an d’électricité verte, soit la couverture des besoins de 46 000 foyers, hors chauffage.
Il s’agit d’une énergie "propre et peu chère", selon les dirigeants de la société picarde H2air (développeur et gestionnaires de parcs éoliens) et de la filiale française du groupe allemand Nordex (turbinier et opérateur de la maintenance) venus souligner l’originalité de cette "opération-phare" menée en partenariat (co-onception et co-réalisation) pour le compte de l’investisseur KGAL Investment Management. Le montant de l’investissement est chiffré à 110 millions d’euros. Environ 300 personnes, pour la plupart issues d’entreprises régionales, ont travaillé sur ce chantier qui a duré un an.
POSTE DE RACCORDEMENT PRIVÉ
Tant Catherine de Tourtier, présidente de Nordex France, que Roy Mahfouz, fondateur de H2air, ont insisté sur l’intérêt de construire des parcs d’une grande envergure pour répondre aux objectifs nationaux en termes de production d’énergies renouvelables. L’ambition affichée par l’Etat est d’atteindre 23 % de la consommation électrique d’ici 2020 avant de grimper à 32 % à horizon 2030.
Les opérateurs du projet estiment que le parc SRN doit à lui seul permettre d’économiser 73 000 tonnes de CO2 par an, mais ils insistent sur les contraintes réglementaires qui freinent les développements espérés. Sur les terres propices à l’éolien de Champagne-Ardenne, région numéro 1 pour cette activité en France (1 595 MW de puissance raccordée au réseau sur les 2 870 MW prévus dans le schéma régional d’ici 2020), ils ont eu à lever deux obstacles, notamment.
Le premier a été d’obtenir l’autorisation de construire un poste de raccordement privé. Cette installation qui permet de rassembler l’énergie produite par les trente éoliennes (avec une tension délivrée en sortie chacune de 20 000 volts) et d’élever la tension à 90 000 volts pour injecter l’énergie sur le réseau RTE, est un cas assez rarissime en France. "Il a fallu discuter avec le distributeur d’électricité ERDF et obtenir l’autorisation de la Dreal. Au final, avec ce poste privé, nous sommes parvenus à mieux maîtriser les délais et les coûts", observe Roy Mahfouz, en espérant pouvoir rééditer ailleurs ce type d’opération.
DANS LE CHAMP DES RADARS MILITAIRES
La deuxième grosse négociation qu’ont dû mener H2air et Nordex aura été avec la Défense nationale. Le parc SRN se situe à une douzaine de kilomètres seulement de la station radar de Prunay-Belleville (Aube) laquelle dépend de la Base aérienne 113 de Saint-Dizier (Haute-Marne).
"Cela n’a pas été facile, mais nous avons trouvé un terrain d’entente avec la Défense. Surtout, pour limiter les risques de perturbations (interférences) nous avons respecté un alignement parfait de nos machines, avec des angles très précis. Nous sommes fiers de la solution actuellement en fonctionnement, qui symbolise la possibilité de cohabitation entre radars militaires et éoliennes", souligne Catherine de Tourtier.