Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue

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Did67
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Did67 » 06/11/16, 22:58

Et l'air !!! Une fois qu'il est mouillé et plaqué !!

Pour un apport misérable de cellulose et lignine...
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Ahmed
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Ahmed » 06/11/16, 23:17

C'est la "qualité" que recherche les amateurs de mulching cartonneux: un écran opaque à la lumière qui dispense de fignoler la couverture de matière organique. Cette fonctionnalité d'écran mince continu, malheureusement, ne permet pas des échanges aussi aisé qu'une bonne couche de foin. Je ne crois pas, sauf usage très circonstanciel, que se soit la destination normale du carton.
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Kna
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Kna » 06/11/16, 23:52

Hello, voilà un revenant (un peu à la bourre pour Halloween)

Je n'ai pas voulu remonter de vieux messages, mais il va être question de points déjà abordés, dont le (non) travail du sol.

Didier tu avais posté la photo d'un pied de plantain poussant dans une fissure de macadam sur un trottoir, comme démonstration du fait que les plantes n'ont pas besoin d'un sol meuble pour croitre. Soit, chez moi aussi, un peu plus loin dans ma rue, il y avait un joli pied de muflier poussant dans les mêmes conditions le long d'un mur. Mais... ça n'est pas pour autant que tout pousse à ravir partout, sans rien faire..

Tu disais à raison que pour être objectif et savoir si mes craintes de résultats de culture décevants sans ameublissement de MON sol étaient justifiées ou non, il faudrait conduire un test compratif, sur 2 parcelles voisines, une ameublie et l'autre non. Dont acte : voici une nouvelle plate-bande, sous cartons depuis 6 mois pour faire disparaître l'herbe, divisée en 2 parcelles d'un peu moins de 2,5 m2 chacune (petit terrain, et peu de surface exploitable..)

! parcelle test.jpg

La fourche-bêche ne suffit pas, pioche obligatoire pour descendre partout à 30 cm, et hache pour les racines !

Profil de sol.PNG
Profil de sol.PNG (477.56 Kio) Consulté 2187 fois

Si l'on revient sur cette photo postée sur un autre fil, chez moi on peut diviser les hauteurs au minimum par deux. A un endroit, un "îlot" de terre jaune compact inattaquable à la bêche se trouvait à 10 cm sous la surface ! Une petite racine du cerisier voisin était passée par dessus, d'autres plus grosses avaient contourné l'obstacle..

! parcelle test finie.jpg

Boulot pratiquement terminé.. La parcelle de droite ameublie a vu son niveau réhaussé de 5-6 cm par le décompactage du sol, la parcelle de gauche a simplement été griffée au rateau en surface pour éliminer ce qui restait d'herbe morte dont du chiendent, et gagner une fine couche de terre meuble. Sinon les deux parcelles ont reçu les mêmes amendements : 40L de terreau ordinaire, 3Kg d'Or Brun, compost du commerce à base de fumier de cheval et d'algues marines, quelques poignées de cendre de bois à la vollée. Le tout incorporé en surface au piochon ou au râteau. On voit que la parcelle de gauche est plus "noire" à cause du terreau, puisque la couche de sol meuble à mélanger était bien plus faible.

Cette plate-bande ne verra son sol couvert que la saison prochaine, puisque pour le moment j'y ai semé un mélange d'engrais vert : avoine, phacélie, moutarde, trèfle incarnat. Et un cordon de fèves tout le tour. Par la suite, je cultiverai les mêmes plantes, de la même manière, dans les deux parcelles. Je ne peux pas certifier que la nature du sol et l'ensoleillement sont strictement identiques des deux côtés (l'extrémité gauche sera un peu plus ombragée en hiver, quand le soleil est bas), mais c'est ce que je pouvais faire de plus "équitable" comme test comparatif.
Je pense déjà savoir ce que ça va donner, mais je le garde pour moi, on verra bien, photos à l'appui, les résultats au fil du temps !

Second point, différences de température et humidité entre un sol nu et un sol couvert.

Il y a des années que je voulais une bonne station météo, entre autres pour surveiller ces changements climatiques dont on nous rebat les oreilles. J'ai donc investi il y a quelques semaines dans du matos semi-pro de chez Davis, une station Vantage Pro2, système qui a l'avantage d'être modulaire et de proposer nombre d'accessoires. Dans la liste se trouve un module capable de recevoir 4 sondes de température pour air, eau, ou sol, 4 sondes mesurant la tension de l'eau dans le sol ne centibars, et 2 capteurs d'humidité foliaire. Sur cette base, je me suis fabriqué deux ensembles de capteurs identiques, destinés à mesurer la température et l'humidité du sol à 15 cm et 30 cm profondeur :

! capteurs.jpg

Voici les capteurs en place, reliés au module de transmission sans fil sur le piquet à gauche. En bas du piquet, un capteur d'humidité foliaire :

! capteurs en place2.jpg

Dans la partie gauche de cette plate-bande, une parcelle d'environ 1 m2 qui restera en sol nu pour comparaison, que je pense utiliser principalement pour des semis de plants à repiquer. A droite, une surface double qui restera couverte, ici par le reste de pieds de melons avec quelques pieds de céleri encore en place, couverte de broyats de tailles de haie, feuille mortes et tontes de gazon. (Les grilles bleues sont des dispositifs "anti grattage" pour chats, pies et merles terrassiers..)
Voilà qui devrait permettre quelques comparaisons intéressantes entre un sol nu et le même avec "paillage".

Je n'ai pas suivi à la lettre la méthode de préparation optimale des capteurs d’humidité, optionelle, qui se fait en plusieurs étapes d'immersion dans l'eau et ressuyage, qui prennent 2-3 jours. De plus le mouillage du sol lors de la mise en place n'a peut-être pas été identique pour les 2 parcelles, aussi les valeurs d'humidité actuelles ne me semblent pas encore très fiables ni comparables. Par contre, voici un exemple des températures relevées, pour la semaine passée :

temp_sol.jpg

Question coût, ce genre de matériel n'est pas donné, et on peut considérer au vu de l'utilité finale que ça tient plus du luxe ou du caprice que d'un investissement rentable... Mais merde, de temps en temps, il faut savoir se faire un petit plaisir, dont on profitera au quotidien !

A suivre, si ça intéresse du monde.

Et merci pour vos contribs, et pour tes dernières vidéos Didier.

Chez moi aussi il y a de champignons, dans mes planches et ailleurs. Des petits coprins, des vesses de loup, des rosés des prés dont je me régale en omelette, des hébélomes, et 2 ou 3 autres que je ne connais pas. Idem pour la vie du sol. Sous les cartons ou le paillage, je trouve entre autres des cloportes, des myriapodes, quelques vers de terre de surface. En bêchant cette parcelle, j'ai même été surpris de trouver 7 ou 8 vers de terre de taille modeste, probablement des endongés. Et même un dans la partie la plus dure vaincue à la pioche ! Sûrement un lombric au tungstène !
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Mixieer56 » 07/11/16, 08:11

Bonjour, merci de vos réponses et de vos échanges très fructueux qui m’apportent quotidiennement beaucoup de nouvelles connaissances. Les motivations humanistes de Didier me touchent directement. Chacun peut apporter à l’autre - et aux autres - sa petite contribution pour que « le vivre ensemble " soit meilleur.
Produire des fruits ou des légumes de bonne qualité pour notre consommation c’est bien, en faire profiter ceux qui ne peuvent pas se les acheter, c’est mieux .
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Did67 » 07/11/16, 10:18

Un record !

Pour info, la dernière vidéo ["quid des autres matières organiques"] a eu une audience jamais connue jusque là : 1 200 vues durant les 24 premières heures après la mise en ligne...
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Did67 » 07/11/16, 10:19

Ahmed a écrit :Le journalisme est tout sauf une science!


Bien sûr : c'était de l'humour très ironique (au second degré - au moins !).

[J'aime beaucoup cette citation car il y a une quinzaine d'années, j'ai eu une zone de flou dans la vision de l’œil gauche ; durant les vacances en France, je suis passé à peu près dans tous les services que connait un hôpital, y compris dans le tunnel d'IRM... Et jamais de résultat... Arrive le moment où je dois décider de repartir au Niger, ou pas, et je vois que les "internes" pataugent... Je demande à voir le "grand ponte", pour lui poser la question... Et voilà donc le grand ponte devant ses dossiers ; je lui explique mon choix cornélien ; il avoue ne pas savoir et en gros, me dit : c'est à vous de décider - en clair, à moi de parier. Avant d'ajouter : "Vous savez, la médecine n'est pas une science exacte !". Depuis, cette expression me "poursuit"]
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Julienmos » 07/11/16, 11:13

petit doute soudain... c'est rapport aux tontes de gazon.

Matériau riche en protéines, donc en azote, c'est ça ?

mais est-ce encore le cas si ces tontes sont sèches (épandues en couche mince au soleil après fauchage, retournées une ou 2 fois, puis stockées) c'est à dire si elles ne sont plus fraîches et vertes ?

si je pose cette question, c'est suite au visionnage d'une vidéo de K S https://www.youtube.com/watch?v=qNsmdkSKFvw

regarder à partir de la 35eme minute. A un moment, il explique qu'un couvert végétal (riche en azote), s'il est broyé, perd son azote par émanation...
Il y a aussi des conditions de température (chaleur), de ph du sol (s'il est plutôt alcalin) qui favoriseraient la perte de l'azote.

mais comme toutes ces formules chimiques c'est pas du tout mon truc, il se peut que j'aie mal pigé (c'est même probable) :lol:

Les tontes, c'est certes pas du couvert broyé, mais cependant des tiges d'herbes relativement courtes et fines, d'où mon interrogation... l'azote pourrait s'en échapper (sous forme d'ammoniac), en été tout du moins ???
Dernière édition par Julienmos le 07/11/16, 11:37, édité 1 fois.
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Did67 » 07/11/16, 11:37

Julienmos a écrit :
Matériau riche en protéines, donc en azote, c'est ça ?

mais est-ce encore le cas si ces tontes sont sèches (épandues en couche mince au soleil après fauchage, retournées une ou 2 fois, puis stockées) c'est à dire si elles ne sont plus fraîches et vertes ?



"Je suis comme une truie qui doute..." est une autre de mes citations favorites [c'est le titre d'un livre lu dans mon adolescence !]

Pour t'éviter de trop douter :

- là où la plante "fonctionne" (capte l'énergie, fabrique de la biomasse, s'entretient...) les choses sont "vivantes", c'est une usine : il faut des substances azotées (l'ADN, l'ARN sont azotés ; les enzymes qui "contrôlent" toutes les réactions sont des protéines ; une partie des organistes - ces petits machins dans chaque cellule - sont riches en protéines, comme d'une façon générale, les molécules "fonctionnelles" - muscle chez les animaux...) ; donc quand c'est vert, en croissance, en plein "boom", c'est riche en azote ;

- quand elles vieillissent, les plantes ont deux soucis :

a) "monter" (au moins leurs graines, pour les disséminer)

b)"stocker", faire des réserves pour la descendance ;

Elles se mettent donc à fabriquer des fibres (cellulose, lignine) avec essentiellement du carbone - retenir que ce n'est pas l'homme qui a inventé la fibre de carbone, mais les plantes ! [bon, la cellulose ou lignine n'est pas du C pur ; mais c'est quand même la "force" des liaisons C-C qui est utilisée]

Et elles stockent l'énergie sous des formes denses : "sucres lents" du type amidon ou lipides (huiles)... Or ce sont les liaisons C-C et C-H qui sont riches en énergie : donc de façon cohérente, les plantes fabriquent des molécules de stockage essentiellement hydro-carbonées - lipides et glucides, sans avoir besoin d'azote à ce niveau ! Les tissus riches en fibres ou en "substances" de stockage sont donc pauvres en azote. L'exemple type étant donc le tronc d'un arbre.

Se rajoute à cela le besoin de se protéger, tel l'écorce. Là, par nature chimique, certaines substances hydro-carbonées sont le top : "cires" végétales, subérine de l'écorce... On ne fait pas autrement quand on "graisse" nos chaussures (du temps où on les entretenait encore ; depuis, on a appris à jeter - c'est le "progrès" !)

CQFD.

"Sécher" ou ne pas "sécher" n'est qu'une question d'eau et ne change strictement rien à la teneur en "atomes" des substances en question...

Bien sûr, sans eau, pas de vie, donc les protéines se figent, mais elles restent, ne s'envolent pas avec l'eau ! Une lentille restera riche en protéines, même sèche.

Dans les raisonnements agronomiques, d'ailleurs, on retient toujours la matière sèche, tellement la teneur en eau est variable, sans que cela n'ait une signification... Par exemple, pour évaluer la productivité d'une parcelle, on calcule le nombre de tonnes de matière sèche qu'elle produit par ha et par an... Si tu mesures un jour j, alors que la plante est flétrie et le lendemain après une pluie, cela peut varier en tonnage de matière fraiche. Mais pas de matière sèche !

Cela change de couleur, mais en rien de composition. C'est pour cela que distinguer "matériaux verts" et "matériaux bruns" est une très grosse approximation. Le foin, matériau de couleur brune, est une substance verte (d'un point de vue chimique)...

Donc d'un point de vue "apports", c'est strictement pareil.

En revanche, une fois séchée, la tonte se décompose un peu moins vite : il est plus difficile à une bactérie de "gloutonner" une cellule desséchée (une "usine à l'arrêt") qu'une cellule vivante, verte (là, tout est immédiatement assimilable). La matière sèche n'est pas "attaquable" en l'état, il faut d'abord la ré-humecter. Toute substance organique sèche se conserve, en dessous de 15 % d'eau environ, même les plus fragiles (lait déshydraté, poisson séché, soupes déshydratées...). Mes tontes de gazon dispersées sur le foin passent tout l'été, pour cette raison. Elles restent sèches, ou se dessèchent très vite après une pluie...

C'est pour cette raison que le mélange feuilles mortes / tontes à la tondeuse est meilleur : dans les couches basses, qui restent humides et se d"composent, il y a les deux matériaux : le riche et le pauvre. Alors que si on met les feuilles en-dessous, les tontes par-dessus, c'est un peu moins favorable (mais je le fais si on me livre les feuilles mortes "ramassées à la pelle" !)
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Ahmed
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Ahmed » 07/11/16, 13:58

Un article dans "Reporterre" sur un essai de comptage de nos amis vers de terre: ici. Pas très encourageant, mais ce constat n'est peut-être pas décisif.
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Mixieer56 » 07/11/16, 15:04

La plus récente vidéo de Didier montre qu’il faut utiliser les richesses de la nature plutôt que d’acheter des substances dérivées de déchets industriels.
C’est exactement ce que je ne fais pas en incorporant à la terre de nos géraniums de la corne broyée et du sang séché :cry: ! Comment et par quelles matières les remplacer ?
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