Salut,
j'ai une petite (
insignifiante à vrai dire, au regard des améliorations apportées par la méthode par rapport à une agriculture et un jardinage conventionnel) question
théorique concernant l'apport de foin et/ou autre matières organiques.
Certes, en plus de l'apport de carbone, ce foin est sûrement très riche en éléments minéraux variés et c'est une excellente chose.
Mais...
1. il ne vient normalement pas de la parcelle sur laquelle il est étendu. On a donc un transfert horizontal de matière, chose qui dans la nature n’apparaît pas (ou peu) dans des conditions normales. Ce n'est pas un problème tant qu'on est propriétaire de la parcelle réceptrice puisque c'est un intrant très intéressant. J'imagine que l'inverse n'est pas vrai dans l'absolu (pour la parcelle qui exporte), mais qu'à l'échelle d'une (ni même deux ou trois) vie humaine ce n'est pas bien grave. Bref, ce n'est qu'un simple raisonnement. Il n'y a pas vraiment de question ici mais j'y viens.
2. En couvrant de foin à l'automne, et en en rajoutant un peu si nécessaire au printemps, on empêche la levée de la flore spontanée. C'est le but recherché. Soit.
Ma question maintenant; est-ce que c'est bon, à long terme ?
D'un part les apports de foin et/ou autre matières organiques réguliers sont favorables pour la vie du sol et participent donc à son aggradation.
Mais d'un autre côté, je me pose une question fondamentale : dans la nature, certes il y a couverture végétale permanente partout (où l'homme n'intervient pas). Sauf qu'à la belle saison, ladite couverture est vivante. La flore spontanée pousse. Et c'est en séchant et mourant à l'automne-hiver qu'elle en devient une couverture morte et nourrissante pour le sol. De plus, à la belle saison, cette flore puise en profondeur dans le sol des éléments minéraux qu'elle ramène à la surface, un peu comme le font les vers anéciques. Dans le jardin, ce ne sont plus que quelques rares (en nombre par rapport à la quantité de plantes et de variétés qu'il y aurait en temps normal) légumes qui participent à cela, et encore, une bonne partie de cette remontée d'éléments minéraux est exportée...dans notre assiette puis évacuée dans le réseau hydrographique malheureusement (son retour n'est donc pas assuré sauf cas particulier. D'ailleurs à ce sujet, disposes-tu de toilettes sèches ?).
Dans une jardin couvert, ce sont donc les apports que je qualifie d'horizontaux, provenant de l'extérieur du système, qui comblent sans nul doute les exports d'éléments minéraux. Mais dans le fond, je ne saurais pas quantifier ces flux de matière. On est sans doute là en présence d'un système extrêmement (!) plus durable que les systèmes agricoles conventionnels, certes, mais l'est-il à l'infini (ou proche de) ? Les systèmes naturels ayant un fonctionnement dans lesquels les transferts horizontaux n'existent pas vraiment. C'est la grande différence à mon humble avis.
Je n'ai pas la réponse à cette question et personne ne peut l'avoir aujourd'hui à moins de coûteuses analyses, et encore (...). De plus, je doute que soit bien utile de faire ces analyses sauf dans des cas bien particuliers de sols "pauvres".
Donc :
Que penses-tu de la mise en place d'une jachère de temps en temps, mettons tous les 5 ou 10 ans par bande de culture, où on laisserait la flore spontanée s'épanouir et ramener un peu des éléments minéraux qui sont en profondeur dans le sol, sans aucune intervention, avant de la recouvrir de foin à l'automne ? Est-ce que pourrait (intuitivement ou non) apporter quelque chose de bénéfique, un léger "+" par rapport à "uniquement des apports externes de foin" sur la surface ? Par exemple en remontant certains éléments qui sinon resteraient en profondeur bien longtemps puisqu'on ne leur laisse pas vraiment le temps de remonter par la flore spontanée...
Une partie de la question pourrait être posée autrement : l'efficacité des vers et de la faune est-elle meilleure que celle de la flore spontanée ? Comparable ? Moindre ? Dans quel ordre de grandeur ? L'un peut-il entièrement se substitué à l'autre ? Est-ce valable pour tous les éléments utile à notre organisme ? Sinon, lesquels ? Etc...
(ici on ne résout pas la problématique des différences de flux horizontales... Par contre un système de jachère bien géré et un retour des éléments minéraux pourrait donner les possibilités de s'en affranchir, théoriquement...).
Je me rends bien compte qu'on ne parle que d'éléments minéraux qui ne constituent qu'un faible pourcentage de la matière sèche des plantes, mais qui sont néanmoins vitaux pour la vie, bien que l'énergie dont elle a besoin ne provient pas directement de ces éléments mais bien du carbone constituant plus de 95% de la matière organique.
Mais j'ai l'impression qu'avec uniquement les vers, nos légumes, et le foin, on n'arrive pas forcément à ramener en surface
tous les éléments qui restent "bêtement" en profondeur par rapport à une parcelle où la flore s'en charge naturellement.
La variabilité des éléments de réponses n'a d'égal que celles des climats, des sols, (...), et des façons de jardiner de chacun, j'en suis conscient aussi...
Voilà, j'espère avoir été clair... ;)
Merci et bon dimanche.