Lachanette a écrit :
Au delà de ça, je te livre une impression qui n'est que ça: je ne prétends pas avoir raison et je souhaite surtout qu'on puisse y réfléchir tous ensemble. Peut-être que les infestations de cloportes sont le signe d'un déséquilibre qui s'installe. Peut-être que trop de foin tue le foin, en quelque sorte, ou que trop de couverture tue la couverture, ou que trop d'un seul type de couverture tue...
Il faut peut-être réfléchir à une pratique qui alterne des couvertures denses comme le foin, des couvertures différentes, comme les feuilles mortes, des engrais verts, des enherbements d'adventices hachées en vert, voire des planches laissées actives l'hiver, comme tu fais pour la mâche, en une nouvelle sorte de rotation, non des cultures, mais des couvertures...
Après tout, on sait que la nature préfère la diversité à la monoculture. Peut-être que ce principe peut (doit ?) être étendu au type de couverture?
En effet, une réflexion fondamentale !!!
J'ai, il y a quelques centaines de pages plus haut sans doute, évoqué cette question d'équilibre (ou déséquilibre). Qui donne lieu à une montagne de bêtises, hélas, chez les "croyants" en ceci ou cela...
Refaisons le point :
a) Chez moi, le seul système en équilibre serait une forêt dite climacique, où différentes sortes de feuillus durs (sans doute des hêtres, des charmes, ), de différents âges, certains s'effondrant et laissant de la place à des clairières temporaires, envahies d'abord d'herbes, de ronces, puis d'arbustes, puis ici des saules, ailleurs des bouleaux, avant de laisser la place aux feuillus "durs"... seraient mélangés avec des feuillus tendres spécifiques, genre saule dans les lieux humides, etc... Je résume, c'est juste pour donner une image.
La forêt que j'ai montré dans l'une ou l'autre vidéo n'est pas en équilibre... C'est une forêt "jardinée" sans engrais, sans pesticides, sans travail du sol...
b) Mon jardin est un espace "anthropisé" (déterminé par l'homme - moi, en l’occurrence). Même si j'essaye de "respecter" les mécanismes naturels, je ne le fais qu'en partie. J'impose notamment des espèces - les légumes que j'aime MOI - qui n'ont rien à voir ici. Et une couverture du sol (certes équilibrée en C/N et équilibrée du point de vues des 4 ou 5 fonctions que MOI je lui assigne pour atteindre MES objectifs : produire beaucoup de ce que J'ai envie, sans faire de gros efforts)...
Dès lors, il n'est qu'en équilibre IMPARFAIT. Très imparfait. D'autant plus que je maintiens des lignes monospécifiques, ce qui est une hérésie biologique, parce que cela me chante et me facilite le fait de savoir où j'en suis...
c) Mais même dans un espace "en équilibre", ne nous trompons sur le sens de ce terme dans un écosystème : la population de telle espèce X est régulée par sa nourriture et les variations des conditions qui influencent ses mécanismes vitaux (froid, chaleur, humidité, sécheresse, vent...). Et par ses prédateurs, eux-mêmes soumis aux mêmes influences.
Donc un "système en équilibre" est un système
oscillant gravement entre deux pôles, qui ne sont jamais atteints : la mort de l'espèce X tuée par ses prédateurs et un développement destructif, monopolistique de cette espèce X (sauf quelques rares situations dans l'histoire de la terre, où des évènements majeurs ont tout bousculé donc les 5 ou 6 grandes vagues d'extinction). Si l'espèce se raréfie par ex suite à une "famine" (manque de nourriture par ex en raison d'un accident climatique -sécheresse), ses prédateurs souffrent la famine, leur population dégringole, la "pression" diminue, l'espèce X peut de nouveau proliférer, sa population augmente, augmente, augmente mais petit à petit, avec un "retard à l'allumage" variable selon leurs caractéristiques, les prédateurs, facilement nourris, en abondance, sans effort, copulent en masse, se multiplient... L'espèce X, "suporaturée", dégringole. La chasse devient plus difficile pour les prédateurs. L'espèce X dégringole, du coup les prédateurs dégringolent, la population de X remonte... On tend vers ce mythique équilibre. Et il y aura un nouvel "imprévu", accident climatique, maladie, etc... Et une autre oscillation, différente, recommence...
C'est impossible à décrire, mais j'espère vous avoir esquissé ce qu'est un équilibre biologique :
1) Ce n'est, en aucun cas, l'absence de telle espèce. Même si elle était classé "parasite" par l'homme !!! Là, ce serait une extinction, avec en conséquence, par ricochet, la mort des parasites (du moins les spécifiques). Donc ce qu'on lit fréquemment sous la forme "si vous avez des limaces - ou tel autre parasite, peu importe - c'est parce que votre jardin est déséquilibré est idiot.
2) Ce n'est pas plus une population "moyenne", "pondérée", "raisonnable" de ce parasite ! Ce n'est justement qu'en moyenne, sur le long terme, qu'on pourra dire que le biotope en question peut "nourrir" tant et tant d'individus de l'espèce X. Mais pas plus que la ménagère de 45 ans ayant 1375 euros de revenus, 2,3 enfants, 1,7 réfrigérateurs, etc... n'existe, pas plus cette population "équilibrée" n'existera réellement (ou alors tout à fait par hasard et temporairement).
Donc, dans la réalité, on aura une population de ce parasite qui oscillera dans un large créneau autour de cette moyenne... Les "bonnes" années, et les "mauvaises" (du point de vue de l'homme).
C'est ce qu'il faut accepter quand on fonctionne avec les mécanismes naturels.
Ce n'était que le premier point !!!!!
Le second est en effet, qu'une action de l'homme, par ex la couverture régulière par du foin, est un des facteurs perturbants dans un système. Il exerce automatiquement et immanquablement une "pression de sélection" sur le système. Les organismes bien adaptés prolifèrent : les vers, c'est sûr... Peut-être les cloportes. Je me pose la question. Les merles, qui se nourrissent de vers. C'est sûr. Les campagnols, bien à l'abri... C'est certain. Les vivaces perforatrices, c'est sûr : liseron, rumex, potentille... Ceux qui sont mal adaptés régressent ou disparaissent : la majorité des annuelles. Peut-être les doryphores. A vérifier...
Donc ta question est excellement pertinente.
La réponse, en revanche : je ne le sais pas !
Première hypothèse : les parasites des cloportes reprennent la main. J'avais une visite aujourd'hui et en "faisant" mon trou pour montrer l'aggradation du sol, il m'est arrivé une chose que je n'avais encore jamais vue : une nuée (une vingtaine) d'araignées qui partent dans tous les sens. Je peux donc toujours espérer une "régulation naturelle".
Il restera, cela me parait évident, un risque de développement dans la phase de sortie d'hiver, avec la "gadoue" sous le foin extrêmement favorables aux cloportes, ces cousins des crustacés... Comme il y a un risque accru de gelées !!!
Principe 1 : On peut ramasser plus en travaillant moins...
Principe 2 : Mais rien n'est jamais parfait en ce bas monde, pas même la phénoculture [le jour où je dirai le contraire, traitez moi de vieux con !]
Une des actions correctrices peut être en effet, d'alterner différentes couvertures (mais savoir que tout mulch maintient cette zone humide, favorable, et les cloportes, êtres sans grande finesse de goût, raffolent.... de carton ! Ils m'ont dévoré mes gifipots - ces pots en carton comprimés ! Je ne suis pas convaincu a priori !
Pour mes semis en godets, je pense simplement, comme évoqué, mettre sur des grilles, pour "exploiter" leur phobie de la lumière et leur besoin vital d'être "noyé" dans un substrat humide... D'y "nager" en quelque sorte.
Pour les semis en place, je cherche encore : ouverture de sillons plus large, laisser dessécher quelques jours ????