Christophe a écrit :
Je sais que Did67 n'est pas tout à fait d'accord sur ses techniques et qu'elles diffèrent du PP.
Soyons toujours précis.
a) je n'ai rien contre ses "techniques" ; les couches chaudes, j'ai pratiqué en étant jeune, avec mon père ; un travail de dingue, même si la version en "hauteur" de Pascal Poot réduit le travail de creuser ; sans doute si j'étais producteur "commercial, donc "contraint" de produire à temps, en ferais-je...
b) je me suis exprimé ailleurs (plus haut ?) sur la possibilité de sélectionner la résistance à la sécheresse, au sein de variétés stables qui n'ont pas été sélectionnées sur ce critère (on s'en foutait, puisqu'on "créait" les conditions supposées idéales : fertilité, traitements, irrigation ; on a donc sélectionné goût, résistance au transport, couleur, forme, etc... après avoir mis les plantes dans les meilleures conditions possibles, ce qui devenait les "recommandations techniques" à suivre lors de la culture).
Dès lors, on peut effectivement, au sein d'une variété disparate sur ce critère (par ex, au hasard, la noire de Crimée ou la Montfavet plus récente), obtenir des "souches" plus résistantes à la sécheresse.
Mais il faut savoir que si on progresse sur tel critère (résistance à la sécheresse), on perd généralement sur d'autres (productivité, résistance à telle maladie, goût...)
c) Je pense même que l'aptitude à mycorhizer a été un caractère perdu par les végétaux cultivés, trop longtemps "chouchoutés" par les hommes, sélectionnés en station sans contraintes de ce coté-là.
Je ne sais quelle est la part de la prétendue "résistance acquise" qui revient à la "sélection massale" (ce que j'appelle sélectionner une souche résistante ; et qui, à mon avis, ne s'obtient pas en 1 ou 2 ans - on est plus sur un pas de temps d'une dizaine d'années) et celle de la mycorhization (inoculation des bonnes souches, sélection de l'aptitude à entrer en symbiose). Pour être en train de lire Marc-André Selosse, je penche plus sur la seconde hypothèse. Qui expliquerait, de façon bien plus crédible, les observations...
Ceci dit, aucun de ces processus n'est "sans limites" :
1) On ne peut, par sélection, aller au-delà de la meilleure combinaison génétique possible - donc au-delà de ce qu'il existe de mieux dans la nature, pour un critère donné (comme au loto, on ne peut gagner plus que le "gros lot"). Ce qui pour moi, disqualifie le terme "apprendre" : en apprenant, l'homme fait mieux que ce qu'il savait faire avant ! Les mots ont un sens.
2) Les mycorhizes buttent sur les limites des réserves en eau du sol ; si elles arrivent à les exploiter environ 6 fois mieux que les plantes, lorsqu'il y a trop peu d'eau dans le sol, aucune plante, aucune mycorhize n'arrive à "en créer". Et là, Pascal Poot prend sans doute un caractère christique. On sait que Jésus marchait sur les eaux... Ce qui pour le commun des mortels, n'est pas crédible. Mais ceux qui y croient, par définition y croient.
d) Là où je ne suis pas d'accord, c'est que cela soit enrobé dans un discours laissant entendre que les plantes "apprennent" à résister à la sécheresse et que le stress fasse apprendre quelque chose aux plantes... Depuis 50 ou 70 millions d'années qu'elles existent, pourquoi n'ont-elles jamais appris à pousser dans le désert ? Au pôle nord ? Pourquoi pas d'ananas en France ? Ou de mangues ??? Ces plantes là seraient bêtes, incapables d'apprendre... Pourquoi j'observe des maladies dans la forêt (une forme d'oïdiums sur de jeunes chênes récemment ; une attaque sévère de chenilles su des fusains ce printemps) ? Alors que les tomates de Pascal Poot seraient "intelligentes" au sens capables d'apprendre ???? Pourquoi les tomates et que les tomates ? S'ils suffisaient de soumettre à un stress pour que les pantes apprennent, alors allons-y pour les pommes de terre, les laitues, les épinards, etc etc...
Donc je critique un discours qui ne tient pas debout au regard de ma façon de comprendre le vivant. Mais je ne suis pas idiot au point de remettre en cause des choses "raisonnables" telles les couches chaudes (une banalité ; il faut être un journaliste naïf pour y trouver une "innovation") ou la possibilité de sélectionner des souches plus résistantes que d'autres à la sécheresse vu que le caractère n'a pas fait l'objet de sélections.
[PS : N'ayant aucune ambition coté devenir un nième gourou, ou nième "maître à penser", ceci n'est que l'expression publique de ma pauvre conviction ; chacun est libre de s'enthousiasmer pour ce qui lui semble le mériter ; je sais combien le "besoin de croire" est une composante de l'esprit humain, incapable d’accepter des limites à sa connaissance, toujours prêt à broder une "belle histoire" pour combler le vide ; ainsi naissent les "pensées religieuses", y compris les religions ou autres myhtes fondateurs, des histoires inventées, collectives, qu'on se raconte et qui rassure...]