Did67 a écrit :Toujours dans mes recherches pour éclaircir et comprendre cette histoire de glomalines, ce passage d'un extrait en anglais (traduit).
Michael H.B. Hayes, ... Roger S. Swift, in Advances in Agronomy, 2017 :
"Sur la base de ses caractéristiques de solubilité, la glomaline serait un composant de la fraction humine, mais si elle existe sous forme de glycoprotéine, elle devrait être adsorbée sur des colloïdes minéraux du sol ou des substances organiques réfractaires."
Bref, il me semble qu'anciennement, on appelait "humus" ou "substances humiques", tout un ensemble de molécules regroupant divers acides humiques et humine, distingués simplement par des critères de solubilité dans divers solvants.
Donc la MO totale du sol était dans une large proportion considérée comme étant des "MO stables" (celles qui durent longtemps, ont des propriétés adsorbantes, confèrent tout un tas de propriétés aux sols, etc)...
On ne connaissait pas les glomalines, et tout a été mis dans le même sac.
Aujourd'hui, on connait les glomalines, qui selon cet auteur, serait de "l'humine" (c'était une des fractions de "l'humus", celle qui était insoluble).
Là où la distinction est importante, c'est que l'humus était censé résulter de l'humification des MO mortes du sol. Alors que les glomalines sont un "dépôt" par des organismes vivants, les gloméromycètes.
Et qu'il existe par conséquent deux voies pour augmenter le stockage de C dans le sol, l'amélioration de la structure, augmentation des colloïdes, augmentation de la RU, augmentation de la CECD, augmentation de la séquestration de métaux lourds, etc etc etc :
- la voie des apports de MO mortes (couverts végétaux : foin paille, etc)
- la voie de la "culture" de plantes mycorhizées, nourrissant les gloméromcyètes qui "injectent" de la glomalin donc des substances organiques stables
L'étude chinoise que j'ai citée plus haut démontre que plus on descend, et plus la proportion de glomalines parmi les MO totales (dites SOC en anglais - Soil Organic Carbon) augmente. En somme, les substances humiques résultant de la récomposition des MO mortes de surface descendent moins vite que les hyphes des gloméromycètes, qui agissent proportionnellement plus en profondeur.
Et donc effectivement, il parait logique de penser que cette deuxième voie permet un surplus de séquestration de C.
[Si vous n'êtes pas habitués, sachez que "Carbone organique" et "Matières organiques" sont un peu les deux facettes, les deux façons de mesurer la même chose ; dans une analyse des MO on mesure en fait le C des matières organiques ; les anglo-saxons et les chercheurs privilégient la notion de "C organique" ; le profane continue plutôt de parler de MO ; pour passer de l'un à l'autre multiplier par 0,55 à 0,60 ou par 1,7 environ ; 1 g de C organique correspond à 1,7 g de MO sèche ; 1 g de MO sèche = 0,55 à 0,6 g de C ; c'est simplement lié au fait que le squelette des MO est fait de C, mais qu'il y aussi de l'O, de l'H, un peu d'N et quelques minéraux...]
une fois de plus personne n'a raison, personne n'a tord, c'est la recherche qui évolue et qui apporte de nouvelles réponses
et c'est un peu logique que les deux voies aboutissent de façons différentes aux "mêmes résultats" et on comprend bien que les racines allant plus profond le carbone y aille lui aussi
et rien de contradictoire non plus que l'un fonctionne sans l'autre, et que les deux ensemble ou de façon alternée fonctionne aussi
cela va-t-il bouleverser notre façon de ne pas travailler, pour ma part je ne le pense, juste peut-être privilégier les enracines profonds dans d'éventuelles engrais verts, nos légumes n'allant pas trop en profondeur comparés à une luzerne par exemple, mais est-ce que je la cultiverais assez longtemps pour que ses racines descendent à plus d'1m?
en tout cas, je te remercie de cet éclairage et d'avoir creusé la chose
"Ceux qui ont les plus grandes oreilles ne sont pas ceux qui entendent le mieux"
(de Moi)