Pourquoi Total ne peut importer de l‘huile de palme à La Mède que jusqu’en 2030
Aurélie Barbaux le 15/06/2018 Usine Nouvelle
En trilogue, l’Europe s’est accordée sur le nouveau paquet énergie. Il fixe un objectif de 14 % d’énergies renouvelables dans les transports en 2030, mais en limitant à 7 % des agrocarburants de première génération, avec interdiction des huiles de palme à partir de 2030. Grâce à la France, selon Nicolas Hulot.
C’est finalement l’Europe qui va déminer le scandale huile de palme qui menaçait la nouvelle bioraffinerie de Total à La Mède (Bouches-du-Rhône). Réunies en trilogue, les trois instances européennes - Parlement, Conseil et Commission - se sont mis d’accord à l’aube du 14 juin sur le nouveau paquet énergie. Il fixe comme objectif 32 % d’énergies renouvelables dans la consommation en 2030.
Il demande aussi aux États membres d’atteindre 14 % d’énergies renouvelables dans les transports en 2030, en plafonnant les agrocarburants de première génération à 7 %. La France, qui est déjà à 8,5 %, va donc devoir booster les alternatives. En revanche, privilégiant les enjeux économiques à la biodiversité, le trilogue a repoussé à 2030 l’interdiction de l’huile de palme dans les agrocarburants, alors que le Parlement avait voté en janvier dernier en faveur d'une interdiction des importations pour l’énergie dès 2021.
Nicolas Hulot se félicite
Nicolas Hulot s’en est félicité. Dans un tweet, le ministre français de la Transition écologique et solidaire porte au crédit de la France cette décision.
Pour celui qui avait - "non de gaîté de cœur" - validé l’autorisation faite à Total d’importer jusqu’à 450 000 tonnes d’huile de palme dans sa nouvelle raffinerie de la Mède début juin - respectant ainsi un engagement pris par Manuel Valls, Premier ministre du précédent gouvernement -, l’accord européen limite la portée de la décision. Alors qu’il avait obtenu de Total qu’il limite à 300 000 tonnes par an ses importations d’huile de palme, ce dernier a maintenant plus de dix ans devant lui pour asseoir la rentabilité de sa bioraffinerie, qui doit produire 500 000 tonnes de biodiesel de type HVO (Hydrotreated Vegetable Oil), par an.
L'avenir de la bioraffinerie n'est pas garanti pour autant
Un agrocarburant qu’il est possible de produire à partir de n’importe quel type d‘huile ou presque, et d’ajouter sans limite au diesel fossile. Mais il est plus cher à produire que le biodiesel à base de colza. En France, le diesel contient 7,7 % de biodiesel, dont 7 % de colza. Total visait avec son HVO les 0,7 % restants. Or l’Europe veut limiter à 7 % les agrocarburants de première génération.
Avec le bioéthanol inclus dans l’essence, la France est déjà à 8,5 %, selon l’IFP Energies Nouvelles. Même s’il peut produire à un coût acceptable son biodiesel à l’huile de palme durant dix ans, Total va quand même devoir jouer des coudes pour le vendre en France. Le comble serait qu’il soit amené à l’exporter !
https://www.usinenouvelle.com/article/p ... 30.N707424