Les prisonniers, privés de visite de leurs proches en raison de l’épidémie de coronavirus, se sont révoltés. Nombre d’entre eux craignent aussi la contamination dans des prisons surpeuplées.
Les mutineries se multiplient dans les prisons italiennes dans ce contexte d'angoisse et de tensions liées au coronavirus. Elles concernent ou ont concerné 27 établissements pénitentiaires, selon la Repubblica. Sept détenus seraient morts. Des dizaines d'autres se sont évadés.
La rébellion a débuté dimanche après l'annonce de mesures visant à suspendre les visites de proches et des permissions de sortie en raison de l'épidémie de coronavirus.
Ces mouvements d'insurrection débuté dans des prisons de Bergame et de Modène, villes du Nord situées dans la zone de confinement instaurée par le gouvernement. « Les détenus n'avaient pas été informés de ce qui se passait à l'extérieur, et les visites avaient été suspendues à cause du coronavirus, c'est pourquoi tout cela est arrivé, cette guerre », a confié Gilberto à l'AFP, 59 ans, père d'un des détenus de la prison de Modène, qui a souhaité garder l'anonymat.
La Repubblica a fait état de sept décès, citant des sources policières. Trois détenus morts sont morts durant les émeutes ou après à l'intérieur de la prison de Modène. Quatre autres sont décédés après leur transfert à l'extérieur de l'établissement. Des enquêtes ont été ouvertes. Certains détenus, qui auraient pillé l'infirmerie, auraient succombé par la suite à des surdoses.
Des détenus fragilisés
Mais les détenus craignent aussi d'être contaminés par le virus. A la prison San Vittore de Milan, une dizaine de détenus sont parvenus dimanche à s'installer sur le toit d'une des ailes, d'où ils ont crié « Nous voulons la liberté ! », sous le regard d'une centaine de policiers et de gardiens. A Pavie, des gardiens ont été agressés et pris en otage. Des mutineries ont également éclaté à Naples, Frosinone (centre) et Alexandrie (nord-ouest).
« Si le coronavirus vient ici, nous sommes tous morts. La plupart de ceux qui sont en prison sont séropositifs ou ont des problèmes pulmonaires parce que le seul vice qu'ils ont est de fumer. Mon mari fume trois paquets de cigarettes par jour », a déclaré Monica, 50 ans, épouse d'un détenu de Modène condamné à huit ans de prison.
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Ce lundi, c'est dans le Sud de l'Italie que la révolte a pris encore plus d'ampleur. A Foggia dans les Pouilles, une cinquantaine de prisonniers se sont évadés. Trente-six d'entre eux ont été rattrapés par les forces de l'ordre, selon la Repubblica, et avaient regagné leur cellule grâce à la médiation d'un policier. Les autres sont toujours recherchés. L'incendie a été éteint mais les policiers restaient sur place.
Des tentatives d'évasion ont également eu lieu dans deux établissements carcéraux de Palerme en Sicile.
Les prisonniers tirent la plupart de leurs informations des télévisions et ont tendance à protester par solidarité s'ils voient des condamnés dans d'autres prisons se révolter, explique à l'AFP expliqué Andrea Oleandri, de l'association Antigone le groupe de défense des droits des prisonniers. Les prisons italiennes souffrent de surpopulation, avec plus de 61 000 détenus pour 51 000 places.
Tous les membres du personnel sont censés faire vérifier leur température à leur arrivée chaque jour, et les contrôles médicaux pour les nouveaux détenus ont été intensifiés, a expliqué l'association Antigone.
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