par Ahmed » 28/04/21, 18:25
Je vais essayer de démêler les confusions habituelles de celui à qui je ne m'adresserais désormais plus qu'indirectement, préférant le faire avec les seuls humains.
Déjà, percevoir le système soviétique comme s'opposant au capitalisme constitue une étrange analyse; il s'agissait en fait d'un capitalisme d'État qui s'est efforcé avec succès (au sens factuel) de faire passer une société agraire à une industrielle. C'est une constante que des formes dirigistes apparaissent lors de phase de restructuration ou de difficultés (new deal après 1929; planisme français après la seconde guerre mondiale), ceci afin de rattraper un retard structurel (cas de la Russie) ou ponctuel. Une fois l'URSS arrivée à un niveau technologique assez élevé, ce système s'est montré incapable de rivaliser plus longtemps avec celui de l'Occident et s'est donc effondré. En Chine, il persiste sous une forme originale et duale, plutôt bien adaptée à la période actuelle et ceci contredit l'analyse (si l'on peut dire!) de Francis Fukuyama qui, projetant sa vision à un instant T, prévoyait une fin de l'histoire et le triomphe définitif du capitalisme libéral, alors que la tendance est plutôt à un accroissement de l'interventionnisme...
Parler "d'évolution naturelle de l'homme", c'est juste un effet de manches, c'est ne rien dire; cependant, cela renvoie tout de même à un invariant historique qui est que les bifurcations qui se produisent ont pour constante de favoriser la dissipation de l'énergie. Bien sûr, tout se passe, selon la phrase de Marx, "derrière le dos des hommes"... de ce point de vue, le capitalisme, qu'il soit de marché ou d'État, représente une configuration idéale selon ce critère et donc insurpassable en la matière. Il ne peut évoluer désormais vers une dissipation plus grande qu'en envisageant une reconfiguration considérable, reconfiguration en cours. Les médias jouent un rôle considérable dans cette persistance, mais ne suffisent pas à expliquer leur prééminence: c'est un point aveugle de l'analyse tronquée de la gauche. Laquelle est d'ailleurs rarement anticapitaliste, puisque se bornant généralement à une critique de la répartition des ressources générées par ce système: c'est une contradiction telle qu'elle suffit à elle seule à expliquer l'impuissance de ces mouvements. D'ailleurs, si par une expérience de la pensée on révoquait tous les riches et les puissants, ceux-ci seraient aussitôt remplacés par d'autres, puisque ce ne sont pas ces gens qui sont en cause nominalement, mais la structure en place.
On pourra aussi noter que partout s'affiche la réconciliation de l'écologie et de l'économie: c'est un signe qui ne trompe pas! c'est que l'écologisme est une des voies (au moins provisoire), assez paradoxales, par lequel cette mutation tend à s'opérer.
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"Ne croyez surtout pas ce que je vous dis."