Le métier d’herboriste va-t-il ressortir de terre ?
La profession est interdite en France depuis 1941. Un sénateur a déposé une proposition de loi visant à la recréer. Mais l’Ordre des pharmaciens s'y oppose farouchement, quitte à se mettre des apothicaires à dos...
La racine de guimauve, idéale parait-il pour démêler les cheveux crépus, et l’ortie, connue pour ses vertus reconstituantes, sont les deux plantes les plus vendues par Julien Duchesne. Si cet aimable sexagénaire peut inscrire en gros caractères le mot « herboristerie », au-dessus du nom de sa boutique Ormenis, à Paris, c’est parce qu’il est pharmacien et que « la loi est floue ».
Un métier aboli, un diplôme supprimé
En France, depuis une loi parue le 11 septembre 1941, sous Vichy, le métier d’herboriste n’existe officiellement plus. Les apothicaires, qui ont considéré dès le Moyen-Age que les herboristes marchaient sur leurs plates-bandes en vendant des compositions de plantes à visée curative, ont ainsi obtenu du gouvernement Pétain que leurs « concurrents » mangent les pissenlits par la racine…
Car par cette même loi, le diplôme validant les compétences en herboristerie, qui avait été créé en 1803 sous Napoléon, a également été supprimé. Seuls ceux qui avaient obtenu le certificat avant la promulgation du texte sont encore autorisés à exercer jusqu’à leur mort. A l’époque, ils étaient environ 4500. Aujourd’hui, il n’y en aurait plus qu’un, qui a dépassé les 90 printemps.
Le domaine réservé des pharmaciens
Depuis cette loi, le monopole de la vente de plantes médicinales revient donc aux pharmaciens, dont certains se sont approprié le qualificatif d’« herboriste ». Par « plantes médicinales », la pharmacopée (qui est le recueil officiel national des médicaments) entend des « drogues végétales qui possèdent des propriétés médicamenteuses ». Il y en a 339 en tout, validées par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé. Seuls les pharmaciens sont officiellement habilités à conseiller les clients sur les plantes à consommer et sous quelle forme (tisane ou poudre) pour soigner les troubles du quotidien.
« La France est un des seuls pays européens à ne pas offrir de formation reconnue en herboristerie », râlait en 2010, dans L’Express, Thierry Thévenin, président du Syndicat des simples - l’autre nom des plantes médicinales. « Le marché est contrôlé par les pharmaciens, qui entendent conserver leur monopole, et par la grande distribution, qui veut garder la main sur le secteur des compléments alimentaires », expliquait-il.
Un secteur particulièrement juteux : il représentait en 2002, au niveau mondial, quelque 60 000 millions de dollars (45 600 millions d’euros), avec une augmentation de 10 à 20 % du volume chaque année en Europe, selon une étude de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction. Pourtant, « bien souvent, ces plantes seraient beaucoup moins chères et souvent plus efficaces en forme brute », peut-on lire dans une proposition de loi déposée au Sénat en juillet dernier qui vise à « créer un diplôme et organiser la profession d’herboriste ».
(...)
Suite: http://www.terraeco.net/Le-metier-d-her ... 42953.html
A lire aussi: https://www.econologie.com/forums/se-soigner ... 10603.html